Le Bureau Exécutif National du Parti pour la Libération du Peuple (PLP) s’est réuni ce jeudi 06 octobre 2016 en séance extraordinaire. Le seul point inscrit à l’ordre du jour porte sur l’interdiction d’activités des fédérations, unions, associations ou organisation faitières d’étudiants dans toutes les universités nationales du Bénin.
Après analyse de la situation qui prévaut à l’Université d’Abomey-Calavi et après examen de la décision du conseil des ministres, le Bureau Exécutif National du Parti pour la Libération du Peuple (PLP) estime que cette restriction outrepasse largement les limites des traités internationaux et de la Constitution du 11 décembre 1990. Cette restriction fournit au gouvernement un socle (le décret portant interdiction) sur lequel il peut s'appuyer pour dissoudre les organisations d’étudiants. Des mesures similaires pourraient être prises à l’encontre des organisations de la société civile et des partis politiques hostiles au régime.
Après 26 ans de pratique démocratique, la liberté d’expression et d'association est mise à mal au Bénin. Pour le Parti pour la Libération du Peuple (PLP), les raisons sécuritaires évoquées constituent un véritable aveu d’échec du gouvernement, incapable, depuis 06 mois, de sécuriser, nourrir, soigner et entretenir les Béninois.
C’est au moment où les Béninois ont faim, de milliers d’emplois sont supprimés dans l’administration publique, la courbe du chômage des jeunes monte d’un cran, les recettes de l’Etat sont en baisse, le port de Cotonou est délaissé par les opérateurs économiques, le président de la République et son entourage reconstruisent leur empire financier et industriel, les femmes sont dans la précarité absolue… que le gouvernement trouve opportun de porter atteinte à la liberté d’association. Avec cette décision malvenue, les étudiants rentrent dans le maquis et les organisations d'étudiants sont contraintes d'opérer dans la clandestinité, source de tous les vices. La patrie est alors en danger.
Ces stratagèmes qui visent à déstabiliser les associations d’étudiants, affaiblir la société civile, faire taire les partis politiques et porter atteinte à l'État de droit font glisser, lentement mais sûrement, le Bénin vers une dictature maquillée dans une démocratie déjà en panne.
Malgré qu’il soit le Premier Magistrat et garant du respect de la Constitution, le chef de l’Etat a choisi de la violer régulièrement. Six (06) mois après son investiture, à la date du 31 août 2016, il n’a toujours pas déclaré ses biens à la Cour Suprême, violant ainsi l’article 52 de la Constitution du 11 décembre 1990 («Durant leurs fonctions, le président de la République et les membres du Gouvernement ne peuvent par eux-mêmes, ni par intermédiaire rien acheter ou prendre en bail qui appartienne au domaine de l'État, sans autorisation préalable de la Cour constitutionnelle dans les conditions fixées par la loi. Ils sont tenus, lors de leur entrée en fonction et à la fin de celle-ci, de faire sur l'honneur une déclaration écrite de tous leurs biens et patrimoine adressée à la chambre des comptes de la Cour suprême. Ils ne peuvent prendre part aux marchés de fournitures et aux adjudications pour les administrations ou institutions relevant de l'État ou soumises à leur contrôle») et l'article 7 du décret N°2012-338 du 02 octobre 2012 portant modalités d'application des articles 3 et 10 de la loi N°2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin qui dispose que "la déclaration de patrimoine est adressée à la juridiction financière compétente dans les quinze (15) jours suivant l'entrée en fonction des hautes personnalités et des hauts fonctionnaires".
La violation des décisions de justice (affaires FBF, Eglise Protestante Méthodiste…) et le contournement des décisions de la Cour Constitutionnelle (Affaire Stéphane TODOME/ORTB) montrent clairement le vrai visage du régime qui gouverne les Béninois.
Encouragé par le silence de la société civile, des organisations syndicales et de la classe politique, le régime dit de la «Rupture» poursuit sur sa lancée. Il construit, pas à pas, une dictature, à tous les niveaux, dans tous les secteurs. C’est pourquoi, le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) exhorte les Béninois et les Béninoises à rester vigilants et à renforcer la veille citoyenne pour mettre un terme à la dérive liberticide du pouvoir, empêcher le gouvernement de transformer notre pays en un Etat despotique.
Le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) invite le gouvernement à mettre fin aux manœuvres autocratiques généralisées qui minent la liberté d’expression et d'association au Bénin et violent la Constitution du 11 décembre 1990 (article 25 de la constitution : «l'Etat reconnaît et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d'aller et venir, la liberté d'association, de réunion, de cortège et de manifestation») et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en ses articles 10 et 11.
Le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) recommande vivement au gouvernement de rapporter sa décision liberticide et d’engager un véritable dialogue avec les différentes organisations d’étudiants, afin de trouver une solution juste et durable à la crise.
Fait à Cotonou, le 06 octobre 2016
Le Secrétaire Général, porte-parole
Cécil Ahouélété ADJEVI