Plusieurs foyers de tension s’observent de nos jours dans le monde. Ceci à cause des guerres et des actes de terrorisme. Mais il y a des situations qui occasionnent plus de morts que le terrorisme. Il s’agit de la pauvreté, la faim, la malnutrition et la misère qui tuent silencieusement des milliers de personnes dans le monde. Pour attirer l’attention des dirigeants sur ces situations dramatiques, Ousmane Alédji a initié une pétition qu’il a présentée lors du 71ème sommet des Nations-Unies à New-York. A travers cet entretien, il revient sur les objectifs de cette nouvelle démarche sur la paix et ses retombées pour le Bénin.
Vous avez présenté lors du 71ème sommet des Nations-Unies qui s’est tenu à New-York une pétition pour la paix. Pourquoi avoir choisi cette occasion et cette tribune pour la présentation d’une telle pétition ?
Il était opportun pour le Bénin d’aller présenter à cette session des Nations-Unies qui porte sur les objectifs du développement durable (Odd) sa démarche et de mobiliser les chefs d’Etat et leaders du monde pour cette cause. Il s’agit donc de les informer de l’existence d’une telle pétition qui obtient des soutiens et des signatures de par le monde entier mais aussi de solliciter leur appui pour qu’ensemble nous convergions vers l’objectif qui est la réduction de la grande pauvreté, préalable pour le développement durable. J’ai le sentiment que le message a été reçu. Le professeur Albert Tévoédjrè a bien fait d’insister pour m’envoyer là-bas. Je profite de votre micro pour lui dire merci.
Etes-vous sûr que vos attentes ont été comblées ?
Absolument ! Nous avons reçu le soutien du représentant de l’Union africaine, du Haut représentant des Nations-Unies pour les civilisations, le doyen des rabbins de New York, de l’Imam de la mosquée du queens à New-York et d’autres hautes personnalités dont des chefs d’État. Bref, le monde entier est désormais informé. Nous verrons bientôt les retombées de notre participation à ce sommet.
Après votre participation à ce sommet, quelle sera l’étape suivante ?
C’est notre pays qui incarne le leadership dans la promotion de la paix en Afrique aujourd’hui. Cela, nous l’avons mérité. Nous le devons notamment à la qualité de notre démocratie, elle ne souffre d’aucune contestation, elle en rajoute même à notre crédibilité et en matière de dialogue interreligieux, le Bénin est aussi un modèle imbattable donc exportable. Nous devons nous appuyer davantage sur ces deux socles pour vendre notre pays dans ce registre de diplomatie humanitaire. J’espère qu’à partir de maintenant, le chef de l’Etat va s’investir personnellement et mobiliser tout le gouvernement avec lui pour cette initiative. C’est mieux que ce soit lui. C’est lui le Président du Bénin. Moi, j’y suis juste parce que j’y crois. Celui qui est mandaté pour incarner le Bénin, c’est lui. Et non seulement sa voix va porter plus loin que la nôtre mais elle peut ouvrir toutes les portes. Moi, je n’ai ni cette force, ni cette légitimité, ni les moyens. D’ailleurs, je le remercie d’avoir été sensible à notre présence à ce sommet.
Donc, c’est notre pays qui devrait jouer les premiers rôles, en quoi faisant par exemple ?
Il faut que nous allions vers l’installation des antennes dans notre pays pour collecter le plus grand nombre de signatures. Il faut ensuite faire en sorte que les cellules et les points focaux naissent dans les pays d’Afrique et d’ailleurs pour porter cette même dynamique.
Quelles seront les retombées de votre participation à ce sommet pour le Bénin ?
Nous sommes allés à ce sommet pour faire de la diplomatie humanitaire. Nous sommes l’un des rares pays à avoir négocié et obtenu une tribune à cette rencontre. Donc, les attentions restent focalisées sur nous. Le monde attend de voir comment nous allons faire aboutir tout ceci. C’est déjà un gain pour le Bénin d’être entendu. Ensuite, la diplomatie , ce n’est pas que les échanges de services, c’est aussi la promotion des valeurs. Il me semble que le Ministre Agbenonci l’a si bien compris qu’il a tout fait pour venir assumer son rôle de promoteur de notre diplomatie. Le Bénin est aujourd’hui solidement installé dans l’esprit des nations du monde grâce à ce projet. Ce qu’il faut encore espérer comme retombée pour notre pays, est qu’un jour, les Nations Unies adoptent notre démarche sous forme de résolution. En ce moment-là les gens comprendront que cette pétition n’est ni l’affaire de Ousmane Alédji, ni celle du professeur Albert Tévoédjrè uniquement.
Avez-vous eu l’occasion d’exposer tout ceci au Président de la République à New-York ?
Nous mêmes, directement, non. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises… vous savez ce qu’on dit de l’agenda d’un chef d’État. Je crois que le Professeur Tévoédjrè lui en parle régulièrement. Puis les renseignements font leur boulot, j’imagine.
Croyez-vous que le chef de l’État a les coudées franches pour mener cette lutte à vos côtés ?
Pourquoi pas ? Qu’est ce qui peut l’en empêcher ?
La paix ne fait pas l’affaire de tout le monde dit-on.
Je pense fondamentalement que « ce que vous faites, vous fait ». Je crois que le chef de l’Etat sera fier d’incarner cette cause. Le monde est en dislocation, ça explose partout. Il y a pire que le terrorisme de nos jours. Vous êtes loin d’imaginer le nombre de morts que la faim, la malnutrition, la pauvreté occasionnent. Des milliers d’immigrés africains finissent leur vie au fond des océans en essayant de fuir les guerres, la pauvreté et la misère. Tout cela est pire qu’une bombe qui explose dans un bar. Le terrorisme est bien sûr à combattre, toute violence est par nature sauvage. Mais il y a pire auquel nous nous accommodons. Personne ne peut se réjouir de ce que devient notre monde, sauf ceux qui assument leur nature de vampire.
Que propose le Bénin dans ce sens ?
Ce que nous proposons est d’ouvrir les yeux sur l’ensemble des choses graves qui se déroulent autour de nous afin de trouver une solution collégiale à tous ces drames. Sinon on risque de régler un problème à gauche et un autre surgira à droite ou ailleurs.
Un dernier mot ?
Je nous exhorte tous à rester mobilisés. Le Bénin a l’avantage d’être un pays démocratique dont la démocratie est célébrée de par le monde entier. Nous sommes aussi un pays rempli de cadres et de penseurs éclairés. Nous sommes maintenant un pays reconnu pour incarner le leadership dans une nouvelle démarche pour la paix dans le monde. Tâchons d’arroser les plantes que nous mettons en terre sinon d’autres viendront s’en approprier.
Je dis merci au ministre Albert Agossou, le chef de ma délégation, merci au professeur Albert Tévoédjrè pour avoir eu de l’avance sur nous et au chef de l’Etat qui a apporté une caution morale et politique à notre démarche par sa présence.
Propos recueillis par Isac A. YAI