Le fromage fabriqué à base du Soja, communément appelé ‘’Amon Soja’’ est un produit typiquement béninois qui est très prisé par la population. La réalisation de ce fromage requiert beaucoup de dextérité, de concentration et d’énergie.
Mercredi 17 août 2016. Il est 10 heures. Derrière le collège le Nokoué, Maman Atanon dit “Dia“ s’attelle à son activité habituelle : La fabrication du fromage à base du soja. Autour d’elle, l’on ne pouvait que voir une bassine remplie de céréales et autres ustensiles vides et le foyer. D’après elle, la production du fromage à base du soja nécessite un certain nombre d’étapes. Du tri de la céréale à la friture, le processus est long. Dans un premier temps, elle immerge le soja, ensuite l’envoie au moulin. Une fois écrasée, la céréale présente l’aspect d’une pâte qu’elle presse afin d’obtenir une substance blanche, laquelle est mise sur le feu. « Après quelques minutes sur le feu, je commence par ajouter de l’eau fermentée issue de l’Akassa communément appelée “gui sin“. Finalement, on obtient une pâte blanche plus solide que la première. Elle sera versée dans un sac de maïs bien propre dont j’attache très bien le bout pour ne pas laisser l’air y pénétrer », explique-t-elle. Ensuite, elle pose des charges lourdes comme des briques sur le sac pendant que la pâte est encore chaude pour laisser l’eau s’écouler pendant environ 15 min afin d’obtenir une pâte plus solide, mais moins chaude que la précédente. A cette étape, elle procède à la coupure de ce qu’elle appelle ‘’Amon Soja’’ qui prend la forme d’un losange. « Après la coupure des fromages, je les mets au feu dans une marmite en ajoutant de l’eau simple, de gingembre, de bouillon, de piment, de sel, de poivre et d e la feuille d’olive. Après 45 à 50 minutes de cuisson, je peux maintenant commencer par frire le fromage à l’huile d’arachide… », dit-elle. Ce délice ne cesse de s’imposer au fil des ans à la population béninoise, de par sa qualité. C’est sûrement une richesse non négligeable.
De la contrainte au bénéfice !
Maman Dia s’est investie dans la réalisation et la commercialisation du fromage à base du Soja depuis plus de 3 ans. Pour mieux réussir sa journée, elle doit se réveiller à 4 heures du matin presque tous les jours. Elle gagne environ 2000 Fcfa par jour. « Quand je prends 5 mesures de Soja, je dépense au total 2625 Fcfa à raison de 1500 f pour 5 mesures, du soja, 300f pour le bois de chauffe et 575f pour l’huile d’arachide. J’ai donc un bénéfice de 2000 Fcfa », déclare-t-elle. Même si elle n’est pas satisfaite de ce bénéfice journalier, elle se réjouit tout de même d’avoir des clients fidèles. « Honnêtement, j’apprécie le fromage de cette dame. Il n’y a pas ce jour où je ne viens acheter chez elle. A cause de ‘’Amon Soja’’, nous sommes devenus de très bons amis. Aussi, elle fait preuve de courtoisie, ce qui lui permet d’avoir une clientèle considérable », indique Laurent, un de ses clients fidèles. Plus loin, elle noue de petits partenariats avec les vendeuses qui s’installent au bord des rues. « Je reçois des commandes de la part des vendeuses de riz, de piron, ce qui me permet parfois d’augmenter mon chiffre d’affaires… », ajoute-t-elle. Si ce fromage peut donc être accompagné de plusieurs mets, les risques d’indigestion ne sont pas trop grands. Car, selon César Ahononga, Médecin, le soja est riche en vitamines. Il le déconseille d’ailleurs aux femmes enceintes. La vie n’est pas tout à fait rose pour cette commerçante, mais elle est obligée de mener cette activité afin de joindre les deux bouts. Cela lui permet donc de faire une tontine journalière, d’assurer momentanément le rôle de son époux quand il se retrouve à cours de liquidités. Ainsi, elle se hisse, à travers ses actes, au rang des femmes qui méritent le respect des hommes.
Judicaël YESSINOU (stag.)