La mission conjointe organisée par l’Association interprofessionnelle de coton (Aic) et le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a révélé de bonnes nouvelles pour le coton béninois en ce qui concerne la campagne cotonnière 2016-2017. Cependant, l’évacuation des productions cotonnières soulève déjà des inquiétudes en raison de la dégradation des pistes rurales dans les bastions cotonniers surtout dans l’Atacora.
L’Association interprofessionnelle de coton (Aic) et le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ont poursuivi hier dans le département de l’Atacora, leur mission de constat sur le déroulement de la campagne cotonnière en cours dans le pays. Il se révèle que les superficies emblavées sont encourageantes non seulement dans les régions du Borgou et de l’Alibori mais aussi dans l’Atacora. Si les nouvelles sont encourageantes dans les champs, elles le sont moins sur les pistes d’évacuation. Car, le casse-tête auquel seront confrontés les acteurs est bel et bien, le transport des productions cotonnières des champs vers les points de regroupement. La mission conjointe a relevé cette question comme un impératif auquel il faut apporter réponse le plus tôt possible. En fait en sillonnant les zones les inquiétudes ont été partagée sur le sujet en raison de la dégradation des pistes rurales devant servir très bientôt à l’évacuation des productions de coton graine de la base vers les usines d’égrenage. Les producteurs et les agents d’encadrement sont toujours revenus sur cette défection des routes qui constitue actuellement un casse-tête pour la poursuite du processus de la campagne cotonnière.
Atacora : 73 000 tonnes de coton pour 93 639, 20 ha emblavés
Le Directeur général du Carder Atacora-Donga dans sa brève présentation de l’évolution de la campagne a tout d’abord indiqué que le coton est l’une des filières qui tient à cœur aux autorités parce que, poursuit-t-il, elle est le moteur du développement du pays. Pour Ali Amadou Barrassounon, c’est sur cette filière que le taux de croissance économique s’appuie. Selon lui, elle occupe le premier rang mais également tire les autres filières en matière de la redistribution des richesses du pays. Abordant le point de cette campagne, le Dg du Carder Atacora-Donga a déclaré que la pluviométrie a été bonne pour le développement du cotonnier. Un cumul de 154 mm de hauteur d’eau en 70 jours a été enregistré contre 784 mm en 49 jours en 2015 à la même date. Soit un écart positif de 270 mm, a-t-il dit. Pour le compte de l’Atacora, il a affirmé que les efforts conjugués de tous les acteurs de la filière ont permis d’emblaver une superficie totale de 93 639,20 ha contre 74 269,07 ha la campagne passée. Soit un taux d’accroissement de 29%. La prévision dans l’Atacora est de 94 225 ha et le taux de réalisation est de 99,38%. « Sur la base d’un rendement historique de 819,08 à l’hectare, la production attendue est de 73 000 tonnes de coton graine pour l’Atacora », a déclaré Ali Barassounon qui soutient que cette performance s’explique par le paiement intégral à temps des fonds coton de 2015-2016 par le gouvernement actuel, l’engouement des producteurs et la sensibilisation des producteurs par l’Aic et le Maep au début de la campagne, le paiement des arriérés de carburant aux agents contractuels locaux.
Quelques doléances
Le représentant des producteurs de l’Atacora, Fousséni Tassigui a évoqué aussi l’insuffisance des herbicides et de l’engrais. Selon lui, leurs doléances se résument en la mise en place à temps et en quantité des facteurs de commercialisation, de la réfection des pistes coton très dégradées, du paiement des frais de prestation aux coopératives et leurs faitières.
L’évacuation du coton hypothéquée
Outre le retard et l’insuffisance des intrants connus souvent au niveau de certaines Coopératives villageoises de producteurs de coton, les producteurs du département de l’Atacora s’inquiètent actuellement sur l’évacuation de leur coton. Ils ont à travers les interventions de leurs responsables de développement rural déterminé les grands axes impraticables qui relient les Communes de l’Atacora. Il s’agit entre autres des routes Banikouara-Kérou-Djougou ; Guessou-Sud-Péhunco-Kouandé ; Kouandé-Birni ; Cobly-Matéri-Tanguiéta ; Cobly-Tanguiéta ; Boukombé-Cobly et Boukombé-Natitingou. La projection sur l’état des ouvrages de franchissement sur ces routes dégradées a retenu l’attention des membres de cette délégation mixte de l’Aic et du ministère de l’agriculture. En réponse à toutes ces préoccupations des producteurs, le Secrétaire général du ministère de l’agriculture a rassuré que le gouvernement veillera à solder tous les frais dus au titre des campagnes passées. Par rapport à la question de la dégradation des pistes d’évacuation de coton, Abdoulaye Toko a laissé entendre que des dispositions nécessaires sont prises pour qu’au lendemain du lancement de la campagne de commercialisation prévue pour bientôt, que ces pistes à retenir de façon participative avec les producteurs, les maires, l’Aic, le ministère de l’agriculture et celui des infrastructures et des transports, soient aménagées. Il a également indiqué que les routes nationales érodées et les ouvrages de franchissement en état de dégradation totale qui inquiètent beaucoup plus le monde agricole ne seront pas du reste. Le président de l’Aic a quant à lui, remercié les producteurs de l’Atacora pour leur foi en la réussite et au développement de la filière coton avant de les rassurer sur la réhabilitation de sa structure dont le rôle dans le processus de développement de la filière coton avait été supprimé depuis quatre ans par le régime défunt. Mathieu Adjovi a fait savoir aux producteurs de coton que ce sont ces actions disparates qui ont entraîné le chao au sein de la filière. Mais rassure-t-il avec conviction que tous les acteurs de la filière doivent s’unir pour regarder ensemble l’avenir. Le message porté dans ce sens a été que désormais au niveau de l’Aic, il y aura deux familles à savoir celle des producteurs et celle des égreneurs de coton. Dans ce cadre, les égreneurs sont à jour et disposent déjà d’un bureau légal. Il ne reste que les producteurs qui sont attendus en fin novembre prochain pour tenir leur assemblée générale élective afin de permettre la mise en application des reformes de développement réel de la filière qui seront bientôt annoncées par le Chef de l’Etat, Patrice Talon.
Hervé M. Yotto