L’événement a eu lieu. Beaucoup avaient pensé à son échec. Mais hélas ! Les fils et filles du Département du Plateau qui ont compris que c’est maintenant ou jamais, ont accepté la main tendue du Président Antoine Kolawolé Idji. Et sous sa bannière ils se sont retrouvés à Azalaï Hôtel de plage de Cotonou le jeudi 6 octobre 2016, à la faveur d’une soirée dinatoire pour se parler, se pardonner, s’accepter et s’engager pour le développement inclusif du Département du Plateau.
Toutes les têtes de pont y étaient. Le temps de cette soirée de la vérité, ils ont fait tomber leurs chapelles politiques pour parler du développement. Cadres, élus à divers niveaux, opérateurs économiques, anciens Ambassadeurs, anciens ministres, anciens députés, représentants de jeunes et de femmes, bref tout ce que le Département du Plateau avait de valeureux était là quand bien même la faible représentation des femmes a été déplorée. « C’est sûr que j’ai oublié des gens. Qu’ils m’en excusent et acceptent mon pardon », a dit le Président Idji qui a tout de même marqué un grand coup. Autour de lui, il y avait des gens qu’on pensait qui ne pouvaient plus jamais s’asseoir à la même table que lui pour discuter de quoi que ce soit à cause de la rivalité politique tendue qu’ils ont entretenue par le passé. Les anciens ennemis politiques se sont donc retrouvés, assis côte à côte. Le jeu en valait bien la chandelle car l’heure a sonné pour engager le vrai et sincère débat sur le développement du Département du Plateau qui regorge de beaucoup de potentialités qui ne demandent qu’à être valorisées.
Ils se sont parlé. Ils se sont vraiment vidés. Ils se sont pardonné. Ils se sont acceptés. Ils se sont aussi engagés pour que désormais, ce qui va les unir soit au-dessus de tout ce qui les a tout le temps divisés. Certains ont même souhaité que les choses s’emballent vite. D’autres ont plaidé pour que les pas soient posés méthodiquement pour éviter les erreurs du passé.
« Ce qui nous désunit c’est la politique et toutes les fois qu’on va se retrouver, je veux qu’on laisse la politique et qu’on parle développement local. Quand les élections vont arriver, on peut se désunir momentanément, mais après, retrouvons-nous toujours pour réfléchir et agir développement car ce qui nous unit, c’est la misère », a fait observer M. Raymond Adékambi, Pdg de Agetip.
« Nous devons enterrer nos divisions. Nous devons nous pardonner pour collaborer ensemble. On ne doit pas dépasser 72 heures de nous fâcher contre quelqu’un, comme cela a été dit dans le Saint Coran. A notre âge, on n’en a plus besoin. Ce dont on a besoin, c’est se mettre ensemble pour sortir toutes les communes du Plateau de l’état désastreux dans lequel elles végètent aujourd’hui », a dit pour sa part M. Olofinji, PDG du Groupe Tundé.
La voix des femmes a été portée au cours de ces retrouvailles pour un nouveau départ du Département du Plateau par l’infatigable Karimou Rafiatou. Elle n’a pas caché sa désolation face à l’absence quasi-totale des femmes à cette rencontre alors que ce n’est pas ce qui manque. « C’est heureux que le Président Idji ait eu l’idée de nous réunir sur l’épineuse et séculaire question du développement du Plateau. Cela me rappelle tout ce qu’on avait tenté en son temps. Olatédjou était une belle initiative. Cette association était très bien partie. Malheureusement aujourd’hui, notre Département est le dernier dans le pays en termes de développement. Les ressortissants de chaque Département essaient de se retrouver pour penser ensemble en union fraternelle le développement de leur localité. Mais chez nous au Plateau, ce n’est pas le cas. On cultive la haine, la division, la méchanceté, l’individualisme et à la limite l’égoïsme. On ne s’accepte pas. Malheureusement, voilà où nous en sommes », a dit Mme Karimou Rafiatou. « Oui ! On fera autre chose. On doit se mettre ensemble pour innover. Mais il nous faut faire une évaluation pour voir pourquoi Olatédjou a échoué… Nous les femmes, nous sommes prêtes à travailler avec vous. Et allons le faire », a-t-elle poursuivi.
Plusieurs autres invités se son prononcés. C’est le cas du Préfet Valère Sèdonougbo qui a salué à sa juste valeur l’initiative du Président Idji. « Je ne suis pas venu pour faire la politique. Je suis venu pour faire la politique du développement…Personne ne sera de trop », a dit le Préfet.
Les premiers jalons
« Je pense qu’il y a plusieurs manières de conclure. Il n’y a pas de conclusions automatiques. Il n’y en a pas à ma connaissance, que l’on puisse tirer ici et maintenant. Je voudrais proposer que les contacts se poursuivent autour des différentes idées que nous avons jetées, étant entendu que l’objectif essentiel est que nous puissions retrouver les dénominateurs communs qui sont les nôtres. Est-ce que par exemple, d’ici quelques jours, les cinq députés du Plateau à l’Assemblée Nationale ne pourraient pas se retrouver, revisiter tout ce que nous avons entendu ici et puis voir comment si possible on peut opérationnaliser quelque chose ? Est-ce que par exemple, les cinq maires du Plateau que nous avons eu la chance d’avoir avec nous ne pourraient pas également se retrouver, réfléchir à leur niveau et voir comment opérationnaliser quelque chose ? Pour ce qui me concerne, je resterai en contact avec la Présidente car elle a mille fois raisons quand elle dit que sans les femmes, nous n’aboutirons à rien. Je tenterai de garder aussi contact avec le ministre de l’enseignement primaire ici présent » a dit le Président Idji, initiateur de cette rencontre. « Il faut que nous nous voyions pour élaborer des programmes ensemble. C’est cela qui nous permettra de décoller. Pour la prochaine fois, je promets fermement qu’il y aura beaucoup plus de femmes… », a-t-il conclu. On peut le dire ; sans risque de se tromper d’ailleurs. Cette première initiative pour sortir le Plateau de l’ornière a fait tâche d’huile. Les jalons qui ont été posés permettent en tout cas d’espérer. Nul ne sera en tout cas de trop dans ce combat.
Quelques impresions
Paul Odjo (Maire de Pobè) : «…Il faut que nous soyons véritablement ensemble avant que nous puissions faire quoi que ce soit. Et en plus, il faut quelque chose pour nous fédérer ensemble. Et c’est pour cela que j’adhère pleinement à l’idée de l’organisation périodique d’un festival. Ce festival, j’en suis persuadé nous servira de cadre pour échanger sur les problèmes qui nous minent dans le Plateau et freinent le développement socioéconomique de nos communes. Il faudrait qu’entre nous, nous nous débarrassions des préjugés et que nous soyons sincères envers nous-mêmes. Parce que pendant très longtemps, il y a eu trop d’hypocrisie. Il faut se dire la vérité. Si cela continue, le nouvel envol que nous voulons pour notre département serait un vœu voué à l’échec d’avance. Une fois encore, je salue cette initiative louable et je voudrais saluer le Président Idji pour avoir eu cette lumineuse idée de nous réunir pour un nouveau départ du Département du Plateau…La balle est dans notre camp. J’en appelle à la conscience et à la responsabilité de tout un chacun de nous… »
Jean-Pierre Babatoundé (Maire de Kétou) : « Je voudrais aussi joindre ma voix à celle des frères qui m’ont précédé pour dire un grand merci au Président Idji pour avoir eu l’idée de nous rassembler. L’initiative est très louable. En ce moment-ci, permettez que je vous avoue que cette rencontre me rappelle ce que j’avais vécu dans les tous premiers débuts de l’Association Olatédjou. Ces moments là m’ont formé…Cette occasion est bien arrivée parce que nous avons déjà ce que nous allons laisser à la postérité. Déjà même que les jeunes apprennent que leurs papas sont en train de réfléchir sur le devenir, le développement du Plateau constitue à mon sens quelque chose de très significatif et de très important ; c’est déjà préparer même la relève. Nous avons besoin de tout un chacun de nous dans sa commune respective d’abord. Nous avons besoin de cette entente-là, de cette union sacrée-là qui nous a toujours manqué pour que nous puissions, là où nous sommes en train aujourd’hui de parler de développement, être sûr que, dès que nous allons sortir de cette réunion, nous ayons de répondant dans tous les ministères, dans tous les services de l’administration publique…et dans tous les domaines ( environnement, développement rural, éducation, santé, accès à l’eau…). Je pense que c’est à partir des rencontres comme celle que le Président Idji vient de convoquer que nous allons nous connaître d’abord pour savoir après ce que chacun peut faire pour le Plateau à partir des compétences qu’il a. Mon grand souhait est que ces retrouvailles nous permettent d’aller de l’avant et faire en sorte que nous puissions identifier nos cadres sur lesquels nous pouvons compter pour les promouvoir et espérer quelque chose d’eux en retour. Ce n’est pas du régionalisme. Nous avons besoin des responsables qui peuvent nous permettre d’aller de l’avant parce que c’est comme cela que les choses se passent aujourd’hui. Nous avons besoin que vous nous aidiez au niveau du gouvernement, Monsieur le ministre de l’enseignement primaire, qui avez accepté d’être parmi nous. Nous devons tout faire pour que cette initiative n’échoue pas. Et si elle ne va pas échouer, cela dépendra de l’engagement de tout un chacun de nous. Nous devons avoir des résultats…Et pour les avoir, nous sommes désormais condamnés à nous retrouver périodiquement pour réfléchir ensemble et nous parler sincèrement en frère. Taisons nos querelles politiques et mettons-nous ensemble ! C’est ensemble qu’on gagne ».
Razack Babatoundé Olofinji (PDG Groupe Tundé) : « J’ai vraiment fait un effort pour être là parce que je suis un peu souffrant. Je vous félicite pour l’initiative. Et c’est du fond de mon cœur. Mais cela dit, avouons que cette initiative est venue un peu trop tard. Car s’il y a 20 ans il y avait une initiative comme celle-là et si on ajoutait 20 ans à l’âge de chacun d’entre nous, je pense que la génération future ne pourra pas nous amortir. Je vois ici ce soir tout un patrimoine de mon pays. Mais qu’est-ce que cela va apporter à la génération future si on n’arrive pas à vous amortir, si on n’arrive pas à capitaliser toutes les connaissances que vous avez et toutes les expériences que vous avez eues à tous les postes que vous avez occupés … ? Nous souffrons. Et je dois vous dire qu’il reste beaucoup à faire. L’initiative de nous réunir est très bonne, mais mon grand souhait est que, si ce n’est pas ce soir, il faut que l’on mette sur pied une organisation pour dire que dans un ou deux mois, on doit se retrouver pour un congrès où seront conviées toutes les compétences dont regorge notre département dans les domaines de la culture, de l’agriculture, de l’artisanat…Bientôt, le budget général de l’Etat va être voté. Mais qu’est-ce qu’on y a mis pour que la voie qui relie Porto-Novo à Kétou soit reconstruite et mise sous les normes internationales ? Qu’a-t-on prévu pour la voie qui quitte Pobè pour Adja-Ouèrè ? Voilà autant de questions qui doivent retenir nos attentions et autour desquelles nous devons constituer un groupe de pression véritablement soudé pour faire le plaidoyer auprès des décideurs. C’est nous qui connaissons nos difficultés et nous devons faire le lobbying autour de ces difficultés pour que l’autorité puisse les résoudre. Si on a une bonne organisation et si à la veille de chaque vote du budget général de l’Etat, on fait le plaidoyer, je suis sûr qu’on obtiendra quelque chose pour le bonheur de nos populations. Si on fait pression sur ces gens-là, ils finissent toujours par céder. Mais si on ne fait rien et on ne fait qu’entretenir nos divisions, nos clivages, on sera oublié. Même Dieu cède et pourquoi pas eux ? Si tu fais pression sur Dieu par la prière, il finit par céder. A mon avis, on ne peut pas reprocher aux autres de n’avoir pas fait ceci ou cela pour notre localité alors qu’on n’a pas demandé. Nous devons oublier les tensions entre nous. Nous devons enterrer nos divisions. Nous devons nous pardonner pour collaborer ensemble. On ne doit pas dépasser 72 heures de nous fâcher contre quelqu’un, comme cela a été dit dans le Saint Coran. A notre âge, on n’en a plus besoin. Ce dont on a besoin, c’est se mettre ensemble pour sortir toutes les communes du Plateau de l’état désastreux dans lequel elles végètent aujourd’hui. C’est très important. Il faut qu’on se dise la vérité. Avec le gouvernement passé, les gros milliardaires aujourd’hui sont dans les Collines et je vous dis la vérité ! Quand ils sont arrivés au pouvoir, ils ont fait la promotion des leurs à des postes importants. Les DRFM où je ne sais quoi encore, c’est eux !!! Et ces DRFM avaient la liberté de choisir les fournisseurs. Aujourd’hui, ils sont bien riches. Mais nous, on a passé tout le temps à se combattre et on se plaint aujourd’hui de quoi ? Si on arrive ici ce soir et on ne se dit pas les quatre vérités et qu’on se caresse, on aurait trahi notre mission, notre devoir…Une fois encore, notre initiative est bonne. Nous devons y associer les femmes car elles savent faire pression. A celles qui ont été invitées et qui ne sont pas arrivées, je leur demanderais de se joindre rapidement à nous car on a besoin d’elles. C’est une honte pour nous tous que ça soit seulement notre Maman Karimou Rafiatou qui ait répondu à cet appel. Moi je ne veux pas vous apprendre à oublier nos pratiques passées qui ne nous ont rien apporté. Vous êtes nos aînés et ce serait dommage si ce que nous voulons entreprendre maintenant ne prend pas. Le Plateau n’a pas profité des 10 ans de Yayi quand bien même il y a eu quelques réalisations çà et là. Mais lorsqu’on fait le point global, c’est vraiment insignifiant. Et ceci, est du fait que nous ne sommes pas unis. Même lors des élections, cela se remarque. Ailleurs, dans le Nord par exemple, les gens militent dans des partis différents, mais lorsqu’il est question du développement, ils se mettent ensemble de façon soudée. C’est ce que nous devons faire pour sauver le Plateau. Après les élections, il faut qu’on se remette ensemble pour parler développement avec esprit de sincérité. La souffrance est à notre porte et avec la crise au Nigeria, nous sommes plus frappés au Plateau que celui qui est à la frontière avec le Togo…Je souhaite qu’on formalise rapidement notre creuset et qu’on définisse les tâches à accomplir pour donner un nouveau départ au Département du Plateau. Moi je suis du Plateau. Je ne suis de Kétou, Idigni…je suis du Plateau et je veux rêver grand pour le Plateau. Quand on est ensemble, on est fort, mais individuellement, on vous écrase. Il faut qu’il y ait plusieurs hommes d’affaires dans le Plateau. On est collé au Nigéria. C’est au Plateau qu’on devrait avoir les grands milliardaires de notre pays. Mais hélas ! Le Plateau est encore enclavé sur toute son étendue. Ce n’est pas une bonne chose…L’initiative de ce soir doit être le top d’un véritable changement et j’en remercie le Président Idji qui, pour moi, a encore beaucoup à donner à notre Département… »
Raymond Adékambi (DG/Agetip) : « Si j’ai insisté pour prendre la parole, c’est parce que je pense que nous devons commencer par avoir une autre vision de développement du Plateau. Chez nous opérateurs économiques, lorsqu’on commence quelque chose, on peut échouer. Mais ce n’est pas un problème parce que derrière un plan A, il y a toujours un plan B qui peut aussi échouer et c’est peut-être le plan C qui va réussir…Ce qui nous unit, c’est la misère. Ce qui nous unit, c’est les mauvais résultats au Cep, au Bepc et autres. Toute à l’heure, je disais au ministre que c’est à Kétou qu’on a eu les pires résultats de l’année scolaire écoulée. Il a rétorqué en disant que c’est à Sakété. Donc au fait, je me suis dis que ce qui nous unit c’est la pauvreté. Je nous invite à avoir plus d’ambition pour nous-mêmes et pour notre Département. Le Nagot n’a pas d’ambition. Il veut toujours se contenter du peu. Essayons de rêver grand. Je propose qu’on cherche de gros projets intégrateurs. Ce qui nous désunit c’est la politique et toutes les fois qu’on va se retrouver, je veux qu’on laisse la politique et qu’on parle développement local. Quand les élections vont arriver, on peut se désunir momentanément, mais après, retrouvons-nous toujours pour réfléchir et agir développement ! Je vous assure, nous sommes pauvres dans le Plateau. Je suis volontaire pour conduire un groupe de réflexion qui ira à l’assaut des sources de financements pour, ne serait-ce que pour la réalisation d’études de faisabilité de grands projets intégrateurs et fédérateurs. Et il faut que tous les maires s’associent à ce groupe pour qu’on ait une grande base de données dans ce cadre. Il y a beaucoup à faire. Les champs d’actions sont vastes. Mon souhait est que cette réunion ne soit pas la dernière… »
Karimou Rafiatou (Ancienne député et ancienne ministre) : «… Toute ma vie durant, je me suis battue et je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour la promotion de la femme. C’et avec une grande désolation que je constate qu’il n’y a aucune femme autour de cette table à part ma personne. Je ressens cela comme un mépris. Il devrait en être ainsi pour chacun d’entre vous parce que ce que la femme représente est incommensurable. Tant que vous n’allez pas compter avec les femmes dans ce pays, il ne décollera jamais…Je l’ai dit plusieurs fois au Feu Président Kérékou. Je l’ai répété plusieurs fois au Président Yayi…Les femmes sont capables d’assumer de hautes fonctions dans ce pays. Président Idji Kolawolé ! Merci d’avoir pris cette initiative. Tu aurais pu nous amener à Kétou dans l’hôtel de notre frère et cela aurait été plus agréable et permettrait à certaines femmes d’être là. La question de la promotion de la femme est très importante et il suffit de parcourir nos marchés pour vous en convaincre. Si les statisticiens pouvaient s’amuser à quantifier l’apport de la femme dans le développement, ce serait une très bonne chose. Le Plateau a tout ce qu’il faut pour se développer. Mais malheureusement, tout piétine toujours. C’est heureux que le Président Idji ait eu l’idée de nous réunir sur l’épineuse et séculaire question du développement du Plateau. Cela me rappelle tout ce qu’on avait tenté en son temps. Olatédjou était une belle initiative. Cette association était très bien partie. Malheureusement aujourd’hui, notre Département est le dernier dans le pays en termes de développement. Les ressortissants de chaque Département essaient de se retrouver pour penser ensemble en union fraternelle le développement de leur localité. Mais chez nous au Plateau, ce n’est pas le cas. On cultive la haine, la division, la méchanceté, l’individualisme et à la limite l’égoïsme. On ne s’accepte pas. Malheureusement, voilà où nous en sommes. Olatédjou était très partie car lorsque je revisite les programmes et projets que nous avions retenus, je constate simplement qu’on a collectivement péché par individualisme. Oui ! On fera autre chose. On doit se mettre ensemble pour innover. Mais il nous faut faire une évaluation pour voir pourquoi Olatédjou a échoué. Moi je le sais. Mais tout le monde ne sait pas. Les querelles intestines ont fait que tout ce que nous avions élaboré a échoué. La politique ne devrait pas nous diviser. Elle devrait nous aider à réaliser de grandes choses pour les communes du Plateau. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Il nous faut un nouveau départ pour le développement du Plateau. Il faut qu’on puisse repartir sur nouvelles bases. Je suis active dans plusieurs départements. Les anciennes parlementaires viennent de parcourir les 12 Départements du Bénin. Il y a tellement de choses à faire. L’école ! C’est d’abord la communauté. Mais aujourd’hui, la communauté ne s’occupe même pas de l’école. Dans ces conditions, on ne peut qu’enregistrer que des échecs. La santé ! ? Les gens meurent dans nos centres clandestins de santé qu’on crée un peu partout. Je voudrais attirer l’attention de nos maires sur ces choses-là et leur dire que la loi leur donne plein pouvoir d’agir. Les maires ne s’imaginent pas la puissance que les textes de la République leur confèrent. L’école, la santé…c’est d’abord les maires. Il y a plein de nos enfants qui arrivent en classe de CM2 sans acte de naissance. Ce n’est pas normal. Les maires doivent faire quelque chose pour changer cette situation. Pourquoi ne pas délivrer gratuitement ces actes. Nous les femmes, nous sommes prêtes à travailler avec vous. Et allons le faire. Il faudrait que notre Département change de physionomie. Nous avons les compétences pour le faire. Nos députés qui sont à l’Assemblée, il faudrait qu’ils reviennent régulièrement nous rendre compte et recueillir aussi nos préoccupations à la base et les traduisent en loi. Pourquoi pas ? Chacun de nous a une lourde responsabilité dans cette affaire. Si le Plateau doit changer de physionomie, c’est aussi les maires d’abord qui ne doivent pas hésiter à faire appel à tout ce que le Département a en termes de compétences. Cultivons l’union et l’unité et non la haine pour développer notre localité. C’est mon cri de cœur ».
Valère Sèdonougbo Adéchina (Préfet du Plateau) : «…Le premier gagnant de cette initiative est bien moi, premier Préfet du Département du Plateau. Je voudrais rendre grâce à Dieu qui a inspiré le Président Idji qui a organisé cette rencontre. Je suis natif de Kétou. Mais c’est la première fois dans ma vie que je me retrouve avec des cadres, personnalités et personnes ressources du Plateau. Je ne suis pas Préfet de Bureau. Je suis venu pour marquer positivement mon passage dans le Département du Plateau et j’aurai besoin de l’apport de toutes les compétences. Je ne suis pas venu pour faire la politique. Je suis venu pour faire la politique du développement…Et je suis prêt à associer tout le monde à cette mission que je me suis assignée. Aucun Département, aucune commune ne peut se développer si nous ne pensons pas au niveau infra-communal, c’est-à-dire les villages. Et je pense fermement que c’est dans l’union des fils et des filles du Plateau qu’on peut relever les grands défis liés à l’éducation, la santé, l’agriculture, la prospérité dans les affaires et bien entendu la sécurité. Notre Département regorge de beaucoup de potentialités. C’est en nous mettant ensemble que nous pouvons les valoriser. Nous ne devons pas laisser les maires et le Préfet seuls face aux grands défis à relever. Il sera organisé à partir de l’année prochaine la première édition d’une foire intercommunale pour permettre de promouvoir les valeurs culturelles, économiques… de notre Département. Que Dieu bénisse notre rencontre ! Et que d’autres soient encore projetées avec beaucoup d’autres fils et filles de notre Département que l’organisateur n’a pas pu contacter ce soir. Ensemble nous pouvons. Mais si nous sommes divisés, nous n’aurons rien. Après la politique on peut rester ensemble pour défendre l’intérêt général ».
Atikou Ilalou (Représentant des jeunes) : « Nous avons besoin des aînés que vous êtes. Et c’est pour cela que je salue l’initiative de cette rencontre. Pour moi, elle est la bienvenue. Les jeunes voient, mais ils ne pourront jamais voir mieux loin que vous. Je proposerais que le Président, après cette soirée dinatoire, puisse prendre l’initiative de rencontrer particulièrement les jeunes parce qu’au-delà du combat de notre Maman en direction des femmes, il va falloir mener aussi un combat en direction des jeunes. Notre région Plateau s’est émancipée d’une région plus grande qu’est l’Ouémé. Au moment où nous étions dans le grand Ouémé, le sentiment d’appartenance à cette région était plus fort et les jeunes étaient plus attachés. Je n’en veux pour preuve la joie qui nous animait quand on parlait des Dragons de l’Ouémé, cette équipe de football. Il faut cultiver et renforcer le sentiment Plateau au niveau des jeunes. Il faut qu’on trouve quelque chose qui accroche, qui nous mobilise, qui nous fasse oublier nos querelles politiques…et qui nous amène à donner un peu de nous-mêmes au-delà de nous-mêmes pour le Plateau. Quand on voit le ministre Abiola assis aux côtés du Président Idji. Quand on voit notre Maman Karimou Rafiatou autour de la même table que nous, nous devons nous dire qu’il y a encore espoir. C’est une histoire que cela représente et nous devons en tant que jeunes apprendre à nous accepter à travers nos différences pour lé développement du Plateau… »
Jean-Michel Abimbola (Député à l’Assemblée Nationale) : « Je voudrais remercier les uns et les autres. J’ai beaucoup apprécié le déroulement de cette séance, surtout en ce qui concerne le caractère franc et sincère des propos. Je voudrais dire qu’il faut aborder ce que nous sommes en train de faire avec beaucoup d’humilité. Il ne faut pas se précipiter, il ne faut pas s’emballer. Je pense qu’on peut commencer par se fédérer sur un dénominateur commun. Si nous nous emballons tout de suite, beaucoup peuvent être effrayés. Le Département du Plateau avec les Départements de la Donga et de l’Atacora sont les Départements les plus pauvres de notre pays. Si nous regardons dans le Plateau, nous ne sommes qu’à la 2è génération de gens instruits au vrai sens du terme alors qu’ailleurs, les gens sont déjà à la 3è voire la 4è génération. Donc c’est normal qu’il y ait ce petit retard que l’on observe. Mais c’est également une chance…La culture ou le sport, ça peut nous fédérer dans un premier temps. Ça peut unir sans qu’il y ait d’arrière pensée. Si nous commençons par apprendre à nous connaître, à nous accepter, nous pourrions aller plus loin. A la lueur de ce qui s’est passé avec nos aînés, avec nos parents, nous pourrions également tirer leçon de ce qu’ils ont fait. On dit que l’expérience est une brosse à dent et qu’on ne veut jamais se servir de celle des autres. Mais on va essayer de tirer leçon de ces expériences-là pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs ».
Propos recueillis par Affissou Anonrin