Une semaine déjà que la décision d’interdiction d’activité aux mouvements estudiantins sur les campus publics occupe le haut du pavée de l’actualité nationale. Dans un vacarme fait de réplique du gouvernement, du soutien de l’Union du Bénin (Ub) et d’une pluie de condamnations de personnalités, des organisations syndicales, internationale et des Fcbe, la position de la Renaissance du Bénin (Rb) reste un mystère. Entre condamnation de l’He Gildas Agonkan, un député Houézèhouè et le silence assourdissant du bureau politique et même du groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, l’entité Rb est, une fois encore, à l’épreuve de l’union sacrée autour d’une décision gouvernementale.
En tout cas, dans le débat d’interdiction d’activité aux mouvements estudiantins qui agite la classe sociopolitique, le député Agonkan s’est, lui, fait sa religion. Dans l’un de ses post, il n’est pas allé par quatre chemins pour défendre les libertés fondamentales. « On peut bien soutenir un régime et le critiquer sur tout acte attentatoire aux libertés. A la Conférence nationale, nous n’avons pas gagné plus de pain, plus d’argent. Mais fondamentalement, nous avions gagné les libertés de parole, d’association, de manifestation. Souvenons-nous de ça, chers amis », a-t-il écrit. Le bureau exécutif national de la Rb et tous les députés de la formation politique conduite de main de maître par Léhady Soglo pensent-ils pareil ou apprécient-ils cette position ? Pourquoi manquent-ils de courage d’affirmer comme l’He Agonkan que ce sont les luttes de ces différents mouvements estudiantins qui nous permettent aujourd’hui d’avoir nos libertés, nos élections, notre démocratie et qu’en soutenant cette décision, nous ne faisons pas du bien au gouvernement et au président ? Serait-ce toujours le syndrome de cette hypocrisie caractériel, tare de la classe politique béninoise qui condamne la Rb et son président à la loi du silence ? Certainement.
Déjà des divergences chez les Houézèhouè ?
Car, six mois après l’avènement du chantre du Nouveau départ au pouvoir, la Rb tarde non seulement à clarifier sa position mais se soustrait à prendre depuis six mois, à prendre de position devant les grands dossiers de la nation. Et si l’He Agonkan laisse entendre qu’on peut bien soutenir un régime et le critiquer, il va falloir demander au bureau politique de la Rb, de quel soutien parle le député Houézèhouè. En tout cas, de mémoire de Béninois, il n’a jusqu’ici jamais été question, du moins officiellement, du soutien de la Rb au régime Talon. Pendant tout le temps que dure la gouvernance Talon, le peuple et surtout la base de ce parti qui a eu à exercer le pouvoir d’Etat avec le président Nicéphore Soglo a plutôt eu droit à l’indifférence et l’omerta des dirigeants Rb sur des questions d’intérêt national. Il n’y a donc plus de doute. Le soleil du parti Houézèhouè décline et privé de ses rayons les plus ardents pour animer la vie politique et conquérir le pouvoir d’Etat, il s’en va, alors qu’il est encore midi, tout bonnement se coucher.
A ce rythme et dans ce contexte d’ineptie au niveau du bureau exécutif nationale de la Rb, il faut craindre la multiplication des initiatives solitaires et une fragilisation de la cohésion au sein du parti de Léhady Soglo. D’ailleurs, n’est-il pas dit que la meilleure manière d’assurer sa survie politique est d’être toujours présent au-devant de la scène ? C’est dire que si les dirigeants Rb veulent perpétuer ce pesant silence jusqu’aux prochaines échéances électorales, ils peuvent d’ores et déjà s’attendre à l’avenir, à une cacophonie de positions au sein du parti. L’He Agonkan a donné le signal. Le long mutisme légendaire au cours de ces six derniers mois à la Rb commence à fatiguer des députés et des caciques du parti. Léhady Soglo doit réagir avant qu’il ne soit trop tard.
Angelo DOSSOUMOU