Les différentes réactions observées de part et d’autre et condamnant la décision prise en Conseil des ministres interdisant toute activité aux associations estudiantines dans les universités publiques du Bénin ont fait réagir le gouvernement. Mardi 11 octobre 2016 à Novotel Hôtel à Cotonou, et représenté pour la circonstance par trois de ses ministres; celui de la Justice, Joseph Djogbénou, celui de l’Enseignement supérieur, Marie Odile Attanasso, et celui des Sports, Oswald Homéky, il a animé une conférence de presse.
«Rassurer l’opinion publique sur le contenu du décret, les motivations, et l’indication de ce qui suivra». C’est l’objectif de la rencontre, a affirmé le Garde des sceaux. D’entrée, souligne-t-il, «Ce décret ne dissout pas les associations, les organisations. En aurions-nous eu la volonté que nous n’aurions pas eu le pouvoir». Il n’appartiendra pas au gouvernement de porter atteinte aux règles fondamentales protégeant la liberté de chacun et la liberté de tous, a martelé Joseph Djogbénou. « Ce gouvernement est le produit des conquêtes les plus éminentes sur les questions de liberté. En son sein, dans son entourage, se sont associés les porte-flambeaux de la lutte pour la liberté», a-t-il poursuivi. C’est quoi alors ce décret, s’interroge l’Agrégé de droit privé? Et de répondre : «Ce décret porte interdiction d’activités…exercées par des structures proches ou les associations elles-mêmes». Cette interdiction, expliquera la ministre de l’Enseignement supérieur Odile Attanaso, est motivée par les actes de vandalisme, de violences qui s’observent sur les campus d’une part, et les guerres de leadership entre les différentes organisations d’autre part. Odile Attanaso montrera que les associations estudiantines pourront mener leurs activités en dehors des universités. A l’entendre, les étudiants conservent une partie de leurs droits.
Une seule organisation estudiantine désormais….
Le climat d’insécurité qui prévaut sur les campus du Bénin est également dû, estime le gouvernement, au fait que le nombre d’associations estudiantines est ‘’élevé’’. Toute chose qui compromettrait les négociations entre l’Etat et ces dernières. Pour Odile Attanasso, à partir du moment où il y a trois associations faîtières, les négociations deviennent difficiles. «Lorsque vous négociez, une association est d’accord, les deux autres ne le sont pas et nous sommes toujours dans un perpétuel recommencement», confie-t-elle. Aux dires de la ministre de l’Enseignement supérieur, cette décision d’interdiction d’activités aux associations estudiantines vient également des responsables d’associations. Selon son propos, le Bénin appartient à la Confédération des étudiants et scolaires de l’Afrique. Tout récemment, raconte-t-elle, il a été tenu une réunion sur le Campus d’Abomey-Calavi. Celle-ci, ajoute-t-elle, a réuni tous les pays de la sous-région. Chaque pays était à l’occasion, représenté par une seule association. Pendant ce temps, le Bénin était représenté par trois organisations. «Il a été souhaité à la fin de cette réunion que tout soit fait pour que le Bénin soit désormais représenté par une seule organisation…Le Bénin devrait aussi avoir au niveau sous régional un poste. Mais à partir du moment où ces trois associations ne s’entendaient pas, il a été impossible au Bénin de prendre sa place», s’est-elle alors indignée. Hier, faut-il le noter, les conférenciers ont souligné la disponibilité du gouvernement de la Rupture à réorganiser le mouvement estudiantin en accord avec les étudiants.
Cyrience KOUGNANDE