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Prostitution et pornographie impliquant les enfants dans les communes : Cotonou regorge 1039 sites de prostitution
Publié le jeudi 13 octobre 2016  |  La Presse du Jour




La récente enquête sur la prostitution et la pornographie, impliquant les enfants, réalisée par l’Unicef en collaboration avec le ministère en charge des Affaires sociales révèle que la commune de Malanville compte 32 sites de prostitutions et ceux de Cotonou sont évalués à 1039. Ce qui montre que le travail de sexe bat le record dans ces deux collectivités locales du Bénin.
Tranche d’âge comprise entre 12 et 17 ans. C’est dans cette tranche d’âge qu’est comprise la majorité des travailleurs de sexe épinglés par l’enquête réalisée par l’Unicef en collaboration avec le ministère en charge des Affaires sociales. Selon l’enquête, ces enfants travaillent dans des «entreprises écran», notamment dans le secteur des services qui leur sert de tremplin pour atterrir sur le «marché du sexe». La situation familiale des enfants présents dans la prostitution et la pornographie est assez complexe. Les victimes proviennent de familles vulnérables et marquées par des dysfonctionnements de tout genre. Ce contexte d’insécurité est doublé d’une insécurité matérielle, ce qui constitue une addition de vulnérabilité.

Ces enfants sont introduits et socialisés dans la prostitution et la pornographie par divers mécanismes dont quelques-uns dépendent d’eux-mêmes et les autres relèvent des adultes. Dans ce sens, plusieurs entreprises écrans (lieux de plaisir ou de détente) servent de cadre opérationnel pour les proxénètes qui utilisent diverses stratégies (manipulation, intimidation ou violence) pour enrôler ou maintenir les enfants dans la prostitution et la pornographie. En réalité, la prostitution est une pratique défavorable aux enfants à tous les points de vue. Ce sont plutôt les proxénètes et intermédiaires qui en tirent le plus de profit. C’est un acte déviant qui prépare les enfants à ne plus avoir une vie propre à eux-mêmes. Cette « filière » est entretenue par les proxénètes, les clients mais aussi par beaucoup d’autres intermédiaires parmi lesquels figurent les souteneurs ou « boy-friends », véritables parasites qui exploitent la naïveté des enfants. Se positionnant comme protecteurs et conjoints pour les unes, ils sont aussi des entremetteurs d’autres filles pour le compte des clients qu’ils escroquent. Sur le terrain de la prostitution ou de la pornographie se déploie un jeu de déguisement d’apparence physique et de comportement. Certaines filles changent d’identité (nom, prénom, âge, origine, etc.). Ce changement de look ouvre la porte à tous les « jeux interdits » et leur permet d’incarner un autre statut (filles branchées et entretenues par les stupéfiants et divers produits psychotropes d’origine douteuse) celui dont la finalité est de faire de l’argent un roi et de mobiliser tous les moyens pour y accéder.
Des conséquences sur la santé des filles
Cette pratique n’est pas sans conséquences. Des problèmes de santé aux difficultés d’ordre émotif et social en passant par les malentendus et conflits quasi permanents sur certains sites jusqu’à la convoitise conduisant aux pratiques magico-religieuses, les travailleuses de sexes (TS) tutoient la mort chaque jour. Par ailleurs, si la jeunesse, la fraîcheur et/ou la beauté physique sont des atouts fondamentaux sur le « marché du sexe », alors le vieillissement et la perte de beauté demeurent les choses les plus redoutées par les filles. Hormis les cas faisant appel aux forces occultes, une fille qui perd sa beauté ou qui vieillit, a peu de chance qu’une autre qui a plus de charme. Or, l’utilisation des produits aphrodisiaques, de produits de beauté d’origine douteuse, la quasi-addiction aux excitants (alcool, cigarette, etc.) ainsi que la mauvaise alimentation des filles représente un cocktail susceptible de les conduire à la perdition totale. Des cas de grossesses inattendues sont survenus sur certains sites témoignant que les filles ne se protègent pas de façon systématique. Lorsque ces grossesses apparaissent, elles sont le plus souvent de père inconnu et connaissent les sorts les plus insolites : soit les filles procèdent à des avortements (réflexe le plus courant), soit elles mettent l’enfant au monde pour ensuite l’abandonner et décamper ou faire adopter le bébé (sans aucune procédure judiciaire) par un membre de leur voisinage (abandon définitif de l’enfant à une TS adulte du site sans lui avoir établi une filiation). Les cas les plus exemplaires se manifestent lorsque les filles conduisent leurs grossesses à terme et gardent l’enfant pour l’éduquer avec ou sans le soutien de leurs parents. Il faut souligner qu’en dehors des cas d’avortement qui sont communs à toutes les TS, les cas d’abandon d’enfant sont une particularité des filles TS d’origine étrangère. Quelquefois, ce sont les ONG qui offrent une assistance ponctuelle ou temporaire en matière d’éducation aux enfants des filles impliquées dans la prostitution.
Pour baisser les tendances à l’implication des enfants dans la prostitution et la pornographie, le rapport recommande aux pouvoirs publics de renforcer l’application des lois et d’installer des mesures de répression et de poursuite des auteurs et promoteurs de ce phénomène. Ce rapport recommande également la promotion des mécanismes de gestion et de prise en charge des enfants et le renforcement des infrastructures éducatives et socio-économiques dans les localités de provenance des enfants.
Des recommandations pour les communes
Au terme de l’enquête, plusieurs recommandations ont été formulées à l’endroit des autorités locales. Il s’agit de :
- élaborer des actions conjuguées au niveau des autorités locales et des parents d’élèves pour réaliser les activités de sensibilisation sur la protection des droits des enfants dans le sens d’assurer un continuum ou une similitude entre ce qui s’enseigne en matière d’éducation familiale à l’école et les réalités de la maison, pour soutenir la prise de décision des enfants ;
- mettre en place un programme de formation professionnelle des enfants en associant les artisans locaux dont les capacités doivent être au préalable renforcées notamment en matière d’alphabétisation (français et langue nationale) et en compétence de la vie courante ;
- sensibiliser les parents, les leaders locaux (y compris les autorités religieuses), les responsables du système éducatif, les proxénètes et autres intermédiaires de la prostitution et de la pornographie sur les droits des enfants en mettant l’accent sur les risques et les sanctions ;
- renforcer les capacités des structures locales de protection des enfants dans leurs interventions opérationnelles ;
- sensibiliser les populations notamment les parents d’enfants sur le dialogue parent-enfant ;
- instaurer un service de médiation sociale dans les municipalités avec des cellules déconcentrées au sein de toutes les localités ;
- renforcer les capacités des animateurs du service de médiation sociale notamment en termes de connaissance des droits et devoirs des enfants ;
- soutenir les activités éducatives et ludiques saines en faveur des adolescents et jeunes dans toutes les localités. Ces activités dont la thématique tournera autour des droits et devoirs de l’enfant devront être réalisées par des enfants organisés et formés par des spécialistes ;

Gilles G. Gnimadi (Stag)
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