Après le septentrion, la mission conjointe AIC - MAEP est descendue dans le Zou-Collines les 11 et 12 octobre derniers pour évaluer les rendements des producteurs de coton de la partie méridionale du pays, et les motiver à aller au-delà des performances réalisées dans le cadre de la campagne en cours. Une sortie soutenue par les maires des localités concernées. Signe de l’implication des municipalités qui ont contribué à l’atteinte des belles performances des emblavures réalisées au cours de la campagne.
La filière coton est désormais entre les mains des vrais acteurs et l’espoir renaît comme par enchantement dans le secteur. «Désormais, le coton sera l’affaire des vrais acteurs que vous êtes. L’Association interprofessionnelle du coton (AIC) est de retour et plus organisée qu’avant. Elle s’est débarrassée de tous ceux qui le tiraient en arrière. Dorénavant, l’AIC implique producteurs et égreneurs. Pas plus, et vous verrez que les choses iront davantage de l’avant comme nous le souhaitons», déclare le président de l’AIC, Mathieu Adjovi face aux producteurs de coton à Dassa-Zoumè dans le département des Collines. Venus de Dassa, Savè, Bantè, Glazoué et de Ouèssè, ces producteurs ont échangé avec le président de l’AIC et sa délégation sur les emblavures réalisées, les difficultés et les attentes des réformes en cours et pour les prochaines campagnes.
Avant cette rencontre de Dassa, la délégation conduite par Mathieu Adjovi assistée du maire de Dassa, Nicaise Fagnon s’est rendue dans le village de Togon dans l’arrondissement de Kpingni pour encourager l’un des meilleurs producteurs de coton. Il s’agit du paysan Lucien Noutchogbé qui a fait un champ de coton étendu sur 2 hectares 8 sur lesquels il espère bien récolter 3 tonnes à l’hectare donc, plus de six tonnes de coton dans les prochaines semaines. Une espérance qui ne surprend guère les membres de la délégation de Mathieu Adjovi au vu des conditions mises en place cette année en faveur de la culture du coton.
Saisissant l’occasion, le maire de Dassa-Zoumè s'est satisfait de l’implication des municipalités dans la question du coton à la base. Pour Nicaise Fagnon, c’est l’ère de la valorisation des potentialités et plus rien ne sera comme avant. Les maires ne sont plus écartés du processus. Ils sont désormais impliqués à tous les niveaux pour accompagner les producteurs de leurs communes. A cet effet, Dassa semble doublement privilégiée étant donné que son maire
Nicaise Fagnon, ancien directeur général de la Sonapra est très bien informé de la situation du coton au Bénin. Donc, à même de mieux accompagner les producteurs de sa commune. Et il n’a d’ailleurs pas manqué de plaider pour la réhabilitation des pistes rurales afin de faciliter l’évacuation du coton des champs durant la campagne de commercialisation du coton qui démarre le 3 novembre prochain. La délégation s’est réjouit de cette implication de l’élu communal dans la production cotonnière de la localité. Une parfaite maîtrise des problèmes qui n’a pas manqué de séduire l’AIC et les autres membres de la délégation.
Satisfaction dans le Zou
Comme dans les Collines, la délégation était dans un village de Cana à Kotokpa dans
Zogbomey dans le département du Zou pour encourager l’un des producteurs. Ici, Roméo Vigan est un exemple. Il a fait du coton sur 3,5 hectares. Au cours des échanges, il a dit sa satisfaction de disposer à temps des intrants nécessaires pour atteindre le but fixé.
Au cours des séances de travail à Dassa comme à Bohicon, la délégation de l’AIC a été soutenue par l’adhésion et la forte mobilisation des trois grandes familles des producteurs que sont l’Association nationale des producteurs de coton (ANPC), le Conseil national des producteurs de coton (CNPC) et la Fédération nationale des coopératives villageoises des producteurs de coton (FNCVPC) ainsi que le comité transitoire mis en place. Des séances au cours desquels, ces acteurs ont eu à échanger. Ceux des Collines à Dassa et ceux du Zou, du Mono-Couffo, Ouémé-Plateau à Bohicon.
Face à l’AIC, les responsables des différentes Unions communales des coopératives villageoises des producteurs du coton (Ucom- CVPC) ont fait le point des différentes superficies emblavées. Dans tous ces départements, la production a doublé et triplé même par endroits. Des chiffres presque miraculeux à l’exception du Mono-Couffo qui est toujours en chute. Les Collines sont à 25 830 hectares, le Mono 1475,20 hectares emblavés. Le Zou est à 54 518 hectares contre 14.500 hectares l’année passée. Soit un accroissement de 275,95%, selon le directeur général du Carder Zou-Collines,
Marcellin Allagbé qui explique cet accroissement par une
meilleure pluviométrie. Toutefois, sur ce total du Zou, seule la commune de Djidja a fait plus de 20 000 hectares soit 70%. Un exploit à mettre à l’actif des producteurs de cette commune mais aussi du responsable du développement rural, Barès Sèssi Kinnoudo.
Promesses du président de l’AIC
Mathieu Adjovi a félicité les uns et motivé les autres à redoubler d’efforts pour ne plus être à la traîne lors des prochaines campagnes. Aussi, des engagements ont-ils été pris en faveur de la réorganisation de la filière. En dehors de la question de la résiliation des contrats des agents contractuels, le président de l’AIC, Mathieu Adjovi a promis le paiement de tous les producteurs de coton avant le 31 décembre afin de permettre aux producteurs de bien fêter. Une bonne nouvelle qui réjouit les producteurs de coton. Pour ceux qui en douteraient encore, le président de l’AIC a insisté sur le fait que sa structure ferait tout pour que le dernier producteur de coton soit payé au plus tard le 31 décembre.
Dans les Collines et le Zou, ce sont essentiellement des messages d’encouragement qui ont été portés aux cotonculteurs par le président de l’AIC, Mathieu Adjovi, au cours de cette descente conjointe avec le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) sur le terrain.
La satisfaction se lisait sur les visages même si certains écueils sont déplorés par des producteurs. Il s’agit entre autres de l’insuffisance des herbicides totaux et sélectifs et de l’engrais dans certaines coopératives villageoises.
La réorganisation de l’AIC redonne confiance
En dépit de ces quelques difficultés dues au fait surtout qu'on est dans une campagne de transition, le retour de l'AIC dans la filière a redonné confiance aux producteurs.
La campagne de sensibilisation organisée par cette même AIC au cours de la campagne cotonnière, le remboursement intégral par le gouvernement des fonds coton dus par le régime défunt ont motivé les cotonculteurs à accroître la superficie emblavée. La preuve en est que près de 27 000 hectares plus précisément 25 830 ont été emblavés dans le département des Collines. Un record, reconnait le directeur général du Carder Zou-Collines. Record dont s'est réjoui aussi Nicaise Fagnon, maire de Dassa qui a fait promettre aux cotonculteurs de faire mieux dès la saison prochaine.
Il faut donc noter que c’est pour éviter d’autres écueils que les acteurs du coton ont décidé de cette réorganisation en mettant en place une AIC-Nouvelle formule. Son président, Mathieu Adjovi, ne manque pas d’insister sur la nécessité de réorganiser les structures intervenant dans la filière (égreneurs, producteurs, AIC, Etat central, collectivités locales). L’AIC est, dit-il, constituée de deux familles que sont les producteurs et les égreneurs. Tandis que la Centrale de Sécurisation, de Payement et de Recouvrement (CSPR) va se fondre dans la nouvelle AIC et sera un département de cette dernière. Cependant, elle continuera d’exercer les mêmes fonctions.
Quant aux producteurs, afin de conduire cette campagne, ils ont mis en place une structure transitoire. Laquelle structure doit être dissoute afin de permettre l’élection de nouveaux représentants. Ainsi, depuis les coopératives villageoises pour la production du coton (CVPC) en passant par les communes, les départements, les producteurs éliront dorénavant un seul représentant à l’instar des égreneurs qui ont choisi déjà leur représentant pour siéger à l’AIC.
A toutes les étapes, Mathieu Adjovi a invité expressément les producteurs à renouveler leurs structures de base et désigner un seul interlocuteur crédible pour les représenter dans la structure faîtière. Les producteurs ont donc jusqu’à fin décembre pour choisir leur représentant au sein de l’AIC.