Que doivent retenir les Béninois de la vision de Patrice Talon et son gouvernement pour le Bénin? Nombre d'observateurs tentent en vain d'avoir une réponse précise à cette interrogation. Ils estiment que tout est encore flou dans un contexte où le seul vocabulaire de la gouvernance est suspensions sur fond de réformes.
Six mois après l'installation du régime de la Rupture ou du Nouveau départ, ça sent toujours l'impréparation voire l'improvisation au sommet de l’État. En attendant la divulgation du programme d'actions du gouvernement, Patrice Talon et les siens continuent de se chercher quant à la thérapie de choc à appliquer au pays qui "va mal, très mal". Un pays que lui a laissé son prédécesseur dans cet état. Et quand on suit de près les actes posés par l'actuel régime, tout est à repenser. En tout cas, pas grand-chose à conserver sur l'ancienne corde au point d'y greffer la nouvelle et de la gangréner. Guidé par cet esprit et dans la logique d'opérer le miracle pour être porté en triomphe, le gouvernement est dans une insatisfaction permanente au point où il remet en cause des décisions que lui-même avait prises sans aucune pression. Sinon comment comprendre qu'au cours du conseil des ministres du 20 juillet 2016 le président Talon et son équipe ont décidé de la création de l'Agence des grands travaux urbains, et patatras, le 28 septembre, ils reviennent dire en conseil des ministres que le champ de compétence de la structure mise en place est "restrictif"? D'où une nouvelle décision portant création à la présidence de la République, d'une Agence du cadre de vie pour le développement du territoire, et ce "au regard des nouvelles orientations de développement et de la nécessaire couverture en infrastructures et équipements de tout le territoire national". Mieux, le gouvernement mentionne que "cette nouvelle Agence sera dédiée à la conception, au montage et à la réalisation de projets phares et structurants pour l'amélioration durable du cadre de vie des populations". Enfin...! Sur les traces de l'Agence des grands travaux sous le président Yayi Boni, la Rupture a fini par trouver sa marque. Espérons que cette dernière trouvaille soit effectivement l'idéal que voulaient les dirigeants actuels pour le pays. Auquel cas, elle subira encore de métamorphose. Autrement, on ferait mieux de laisser l'ancienne dénomination héritée si tant est que la finalité c'est la réalisation de projets phares et structurants pour l'amélioration durable du cadre de vie des populations. L'enjoliver n'est peut-être pas ce qui urge pour ces populations qui sont sensées bénéficier du fruit de cette structure dont la phase opérationnelle est très attendue.
Jacques Boco