Rétropédalage ou révision de la rupture ? Beaucoup de gens se posent la question depuis peu, face à la nouvelle décision prise par le président Patrice Talon portant remise en vigueur de trois décrets qu’il a, lui-même, précédemment annulés au profit des policiers et douaniers béninois. Il s’agit du décret N°2016-128 du 17 mars 2016, portant statuts particuliers des corps des personnels des administrations des douanes et droits indirects ; du décret 2016-129 du 17 mars 2016, portant règlement de service de l’Administration des douanes et du décret N°2016-130 du 17 mars 2016 portant règlement de service à la Police Nationale. Lesdits décrets avaient été pris par son prédécesseur, Boni Yayi, à la suite de nombreuses manifestations enregistrées dans ces deux corps, pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Certains avaient donc manifesté leur étonnement, quand le président Talon, dès les lendemains de son avènement au pouvoir, s’est hâté de mettre fin à ces décrets, comme il en a fait pour plusieurs autres, arguant que leur mise en œuvre induirait des charges financières complémentaires que ne pourrait honorer la trésorerie publique en l’état. En revenant sur sa décision, le chef de l’Etat a sans doute mesuré les conséquences de cette annulation qui ne manquerait pas de déterrer la hache de guerre entre l’exécutif et ces corps sensibles de l’Etat. Mais la crainte aujourd’hui est qu’il se voit contraint de réviser sa position sur plusieurs autres annulations de décrets et autres décisions du régime antérieur, si les bénéficiaires aussi brandissent des réclamations à travers des actions et mouvements de protestations, prenant en compte la faveur qui vient d’être accordée aux policiers et douaniers béninois.
Christian Tchanou