Le Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Paul Essè Iko, était hier dimanche 16 octobre 2016, l’invité de l’émission Zone Franche de la chaîne de télévision privée Canal 3 Bénin. Avec lui, il a été question au cours de l’émission de la décision d’interdiction des activités des associations estudiantines sur les campus universitaires publics du Bénin, des négociations gouvernement-syndicats avec le refus de la Cstb de signer la charte nationale sur le dialogue social et de son appréciation de la gouvernance sous le régime de la rupture. Comme on pouvait s’y attendre au sujet de la décision du gouvernement d’interdire les activités des associations estudiantines, Paul Essè Iko, s’insurge contre. Pour lui, il s’agit d’une décision grave que le gouvernement du président Patrice Talon a prise et qui viole les dispositions de l’article 25 de la Constitution du 11 décembre 1990. En clair, pour Paul Essè Iko, le gouvernement n’a pas à interdire les activités d’une quelconque association, soit-elle celle des étudiants parce que les libertés d’association et de manifestation ont été acquises au Bénin au prix de grandes luttes ; luttes auxquelles des membres du gouvernement et proches du régime actuel ont eu à prendre part jusqu’à un passé récent. A ceux qui accusent les étudiants d’orchestrer des violences sur les campus universitaires, Paul Essè Iko, répond que la violence vient plutôt du côté des autorités rectorales et du gouvernement parce que, selon lui, c’est les mains nues que les étudiants ont l’habitude de manifester. « …Nous-mêmes nous avons souffert de ça sous Boni Yayi (…) C’est de la manière que les étudiants ont été gazés par quelqu’un nous parle de la ligne rouge… », a ajouté Paul Essè Iko. « …La seule chose que nous demandons à notre gouvernement, celui de Patrice Talon, c’est de revenir sur ses pas et de se remettre en adéquation avec le peuple qui l’a élu. Ce n’est jamais une honte de revenir sur ses pas. Moi, je conseille ça vivement à ce gouvernement. Il ne peut pas arriver à un gouvernement d’un pays démocratique d’interdire les activités d’une association de loi 1901. Quand ça arrive, ça s’appelle autocratie. Ça s’appelle répression… », lance Paul Essè Iko au gouvernement.
L’autre sujet abordé au cours de l’émission, c’est le dialogue gouvernement-syndical. C’est un secret de polichinelle que la Cstb a refusé de signer la Cstb de signer la charte nationale sur le dialogue social. Dans son intervention au cours de l’émission sur ce sujet, Paul Essè Iko, a expliqué pourquoi la Cstb n’a pas signé la charte en question. « …Déjà, quand nous avons rencontré le Chef de l’Etat, nous avons commencé par lui dire les problèmes que nous avions à signer cette charge-là. Nous n’avions pas signé cette charte sous Boni Yayi parce qu’on avait pas du tout confiance en lui. On ne voulait pas lui donner à chèque à l’époque. Patrice Talon arrive et après 3 mois, sans nous donner un gage, il nous dit de signer la charte. Nous avons dit que de Boni Yayi à Patrice Talon, rien n’a encore changé… », a expliqué Paul Essè Iko. Il n’a pas manqué de rappeler les points des discussions que les Secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales au cours de la rencontre avec le président de la République, Patrice Talon. Il s’agit des audits non publiés, des préoccupations des travailleurs au niveau du ministère de la justice, les contractuels non payés dans plusieurs secteurs, la violation des libertés syndicales dans le secteur privé, et les réformes dans le secteur de l’éduction. Pour ce qui est du président Patrice Talon, il estime que c’est un homme qui ne parle pas. Aussi, a-t-il invité ce dernier à écouter les préoccupations du peuple ; afin que ses misères puissent être réduites. « …Si par exemple les problèmes de l’école doivent être pris en charge, il faut que Patrice Talon regarde les acteurs des écoles, les appelle pour donner une directive à notre école… », a déclaré Paul Issè Iko.
Karim O. ANONRIN