Les réformes dans le secteur de l’éducation au Bénin sont entrées dans leurs phases actives. Au nombre de ces mesures visant à réglementer ce secteur si vital pour l’intelligentsia béninoise les années à venir, l’arrêté interdisant l’inscription, dans les établissements publics, des candidats au baccalauréat refusés deux fois de suite à cet examen. Pour beaucoup de Béninois, c’est une mesure qui risque de priver les moins nantis de l’éducation.
Les apprenants des classes de terminale ayant échoués deux fois à l’examen du baccalauréat sont désormais interdits d’inscription dans les établissements scolaires publics du Bénin, peu importe leur zone de résidence. L’arrêté longtemps rangé dans les placards sort enfin et est mis en exécution automatiquement depuis la reprise des classes cette année. Selon cet arrêté, tous ceux qui ont été refusés deux fois à l’examen du bac ne pourront plus s’inscrire dans n établissement secondaire du public. Pour certains, c’est une mesure qui vise malheureusement à exclure la catégorie d’apprenants ne disposant pas des ressources financières suffisantes pour s’offrir une inscription dans les collèges privés. Une situation qui hypothèque ainsi leur droit à l’éducation et à l’instruction. Mais pour d’autres, il fallait réglementer le système miné par la mauvaise performance, la formation au rabais, l’inculture et la banalisation intellectuelle.
« Nous ne pouvons aucunement cautionner une telle mesure dans une République pourtant démocratique ou devraient régner la liberté d’opinion, le droit à l’éducation et l’accès à cette éducation. Interdire à nos enfants de s’inscrire pour avoir échoué deux fois, sans leur volonté, est une violation des textes fondamentaux de notre République », a affirmé Raïmi, parent d’élève résident à Cotonou. Beaucoup de Béninois interviewés à ce sujet ont fait de cette déclaration de Raïmi la leur parce qu’ils se disent frustrés. Si les citoyens lambda réagissent de la sorte face à cette décision, les dirigeants soutiennent que la mesure vise à corriger « la paresse et la lâcheté intellectuelle des apprenants béninois ».
Face donc à cet acte que d’aucuns qualifient de scélérat, des parents d’élèves projettent des mouvements d’humeur et entendent manifester leur colère afin d’implorer les dirigeants à revoir cette décision qui priverait les enfants des « pauvres » de l’éducation et occasionnerait plus de banditisme, de cas de braquages, de vols à mains armées et le viol. « Nous nous efforçons pour assurer l’éducation des enfants avec le minimum que nous disposons puisqu’il est même difficile d’assurer le pain quotidien de la famille. Comment pourrions-nous faire afin de payer la scolarité des enfants qui seront contraints de se retourner dans les écoles privées pour leur formation ? », s’est interrogé Sabine, une parente d’élève dans le cas justement. De toute évidence, la mesure, prise dans sa globalité et intégralité, réglera certes un certain nombre de problèmes mais créerait davantage de cas sociaux parfois incontrôlables dans l’avenir.
Josaphat FINOGBE