Le Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) Paul Essé Iko a été reçu, hier dimanche 16 octobre 2016, sur l’émission « Zone franche » de la télévision Canal 3 pour opiner sur les libertés publiques sous le régime de la Rupture. Selon lui, le gouvernement actuel ne rassure pas encore en la matière.
Des arrêtés liberticides, des décisions et suspensions tous azimuts, des réformes engagées sans l’avis de toutes les parties prenantes, et la morosité économique…
Autant de facteurs qui font dire au Sg de la Cstb, Paul Essé Iko, que le gouvernement de la Rupture n’inspire pas encore confiance au point de lui faire signer une charte. Pour preuve, il fait remarquer que la signature de la charte n’a pas empêché le gouvernement de porter atteinte aux libertés estudiantines. Or, le gouvernement s’est engagé, avec la charte, à respecter les libertés. Entre autres raisons qui expliquent le refus de la Cstb de s’engager à travers la signature de cette charte, le Sg Paul Essé Iko fait savoir qu’elle exige qu’il faille l’avoir signée et l’avoir respectée pendant 3 ans au moins avant de la dénoncer. « Pourquoi le président Talon veut-il nous faire signer une charte en début de mandat alors qu’il reste beaucoup à faire pour l’amélioration des conditions des travailleurs ? », a-t-il demandé avec insistance. Selon Paul Essé Iko, le système tripartite "Gouvernement, Patronat privé et Travailleurs" proposé par le gouvernement de la Rupture, est déséquilibré et n’arrange nullement les travailleurs. « Le Gouvernement, ce sont les patrons publics et le Patronat, ce sont les patrons privés. Les patrons s’entendent toujours entre eux. Or, les travailleurs ne peuvent pas avoir les mêmes impressions que les patrons. Car, ils sont au bas de la chaîne et subissent », a expliqué Paul Essé Iko. Il propose alors un système paritaire : Travailleurs et Patrons privés (Patronat) en nombre équitable d’une part et d’autre part, Travailleurs et Patrons publics (Gouvernement).
Au sujet des libertés estudiantines et de l’éducation
Pour le Secrétaire général de la Cstb, le Gouvernement a mal fait en interdisant toute activité aux fédérations et associations estudiantines qui ont été légalement créées et qui sont régies par la loi du 1er juillet 1901. « Ce faisant, le gouvernement viole la charte de l’Oit ratifiée par le Bénin, en l’occurrence la convention de 1987 », a indiqué l’invité. Selon lui, il n’est pas bienséant que le gouvernement cherche à avoir une seule association d’étudiants. Car, craint-il, l’Exécutif pourrait exiger, bientôt, aux travailleurs d’avoir une seule confédération. Abordant la question de l’éducation, Paul Essé Iko estime que l’approche par compétence est une sorte de ruine pour les apprenants. Selon lui il faut arrêter ce programme au plus tôt, sans chercher à y intégrer des matières. Par ailleurs, il a déploré le fait que le gouvernement ait lancé un recrutement de seulement 7000 enseignants alors que le besoin est de 24 000. Pour avoir les moyens de faire face à ce besoin, il faut, selon lui, mobiliser les sous en faisant rendre gorge à tous ceux qui ont pillé l’économie du pays. Le Sg de la Cstb a également fustigé les réformes engagées par la Dob. Lesquelles réformes ne répondraient pas au système de contrôle continu mis en œuvre au Bénin. Pour Paul Essé Iko, le gouvernement doit faire de l’éducation une priorité pour la relance de l’économie.
Les revendications chères à la Cstb
Au nombre des doléances des travailleurs, Paul Essé Iko a cité en premier le respect scrupuleux des libertés fondamentales. « Pas de "bâillonnement" et pas de ligne rouge », a-t-il soutenu. Il a ajouté : la nécessité de représentation des travailleurs à l’Assemblée nationale, l’abrogation des décrets et autres textes scélérats antisociaux empêchant la Cstb de se présenter aux élections au Ces, la réintégration des 618 directeurs déchargés, la prise en compte des revendications des travailleurs dans le secteur de la santé. Le Sg de la Cstb, Paul Essé Iko a fini en exhortant le président Patrice Talon à écouter les plaintes des travailleurs et de la Cstb et à y apporter des réponses.
Anselme Pascal Aguéhoundé