La morosité économique que traverse le peuple béninois est en grande partie liée à la crise mondiale. Ses conséquences dans plusieurs milieux d’affaires pourvoyeurs de richesses doivent contraindre le Gouvernement du Président Patrice Talon à revoir sa politique sous-régionale, surtout qu’il a hérité d’un pays économiquement anémié aggravée par la dépréciation de la monnaie nigériane (Le Naïra).
« Aux grands problèmes, les grands remèdes ». C’est ce qui s’impose au régime du Président Patrice Talon face à la morosité économique ambiante qui sévit actuellement au Bénin. De jour en jour, la situation s’empire dans maints domaines. Et pour cause ! La dépréciation de la monnaie nigériane (Le Naïra) asphyxie l’économie béninoise. Selon les statistiques diffusées sur la chaîne de télévision France 24, plus de 80% du commerce béninois est lié au Nigéria. C’est à dire que plus de 80% des produits importés au Bénin sont réexportés vers le Nigéria.
Le Naïra dévalué à plus de 50% n’encourage plus les hommes d’affaires nigérians à venir s’approvisionner au Bénin, parce qu’il leur faut désormais une forte quantité de Naïra pour avoir la même marchandise. Plusieurs secteurs d’activités sont touchés par la dévaluation du Naïra. On peut citer sans se tromper la filière des véhicules d’occasion dont plus 80% sont convoyés vers le Nigéria. Les produits alimentaires tels que le riz, les boîtes de conserve, la volaille, le maïs ne trouvent plus preneurs.
Le secteur du textile en souffre également sans oublier les maraîchers dont les produits moisissent dans les jardins. Dans le domaine de l’élevage, c’est encore grave. Cela s’est fait sentir lors des préparatifs de la dernière fête de la Tabaski. Les moutons sont restés sans preneurs, parce que les Nigérians ont abandonné le marché béninois. Le comble ici est que la crise a atteint les universités privées où l’on enseigne les cours aux anglophones. Beaucoup d’étudiants nigérians ne se sont plus inscrits cette année au Bénin. Une université privée à Cotonou, selon la télévision France 24, n’a reçu cette année 100 étudiants nigérians contre 800 l’année dernière. A contrario, ce sont les produits nigérians qui inondent le marché béninois. En conséquence, les opérateurs économiques béninois ont du mal à retrouver leurs marques.
Face à cette situation, qu’est-ce qu’il y a de faire ? Le tableau montre que le Franc Cfa statique depuis des décennies est en train de montrer ses limites au regard de l’évolution de l’économie mondiale. Dans les milieux d’affaires, on soutient que la baisse du coût du baril du pétrole a négativement affecté le Naïra. Les Américains qui achetaient le pétrole nigérian ont diversifié leurs sources d’approvisionnement. C’est dire que la crise autour de la dépréciation de la monnaie nigériane a encore de beaux jours devant elle.
Autant d’éléments qui justifient les difficultés actuelles du Président Patrice Talon. Les Béninois pourront-ils supporter cette crise pendant longtemps encore ? Ce n’est pas facile de résister à la situation pour un peuple qui a assis son commerce sur l’import-export. Est-ce qu’il faut créer un espace monétaire avec le Nigéria ? N’est-il pas temps de quitter la zone Cfa ? Le moment n’est-il pas venu de développer les relations sud-sud ? Doit-on tourner dos à la France ? Faut-il créer une monnaie béninoise ? La situation amène à réfléchir sur l’avenir du Bénin d’aujourd’hui et de demain. Le Président Patrice Talon, après avoir hérité d’une situation économique catastrophique, doit se préoccuper de la crise de la monnaie nigériane qui affecte les milieux d’affaires de son pays. Il lui revient de trouver des solutions aux préoccupations de son peuple.
Jėrôle Tossa