Les ministres n’ont désormais aucune excuse pour ne plus répondre aux préoccupations de l’Assemblée nationale. Hier lundi, le président Adrien Houngbédji a invité le gouvernement à se plier à cette obligation constitutionnelle.
Les nombreuses questions orales et écrites adressées au gouvernement restées jusque-là sans suite trouveront de réponses. Selon le président de l’Assemblée nationale, toutes les questions devront être solutionnées cette semaine. «Pour donner un coup de fouet à l’exercice de nos attributions de contrôle de l’action gouvernementale, le Bureau a décidé, en concertation avec la Conférence des Présidents, de consacrer non plus seulement le jeudi après-midi, mais toute la journée du jeudi aux séances de questions écrites, orales, et d’actualité, jusqu’à apurement du stock», a déclaré Me Adrien Houngbédji lors de la cérémonie d’ouverture de la deuxième session ordinaire du Parlement. Selon lui, les députés ont suffisamment joué leur partition pour la consolidation de la démocratie. Et il devrait en être de même pour l’Exécutif. « Au cours des six derniers mois, trois questions écrites ont été posées, trente questions orales, dix questions d’actualité, presque toutes restées sans suite ; aucune commission parlementaire d’information et d’enquête et aucune interpellation », a-t-il informé. Il précisera : «Elle (l’Assemblée nationale, Ndlr) a donné, à des ministres à peine installés, le temps … de s’imprégner des dossiers, pour répondre avec pertinence aux préoccupations exprimées par les députés car répondre pour répondre n’a pas de sens. Ce répit était d’autant plus nécessaire que les sujets sur lesquels portaient les interrogations, relèvent de la gestion du gouvernement précédent. Le temps du répit est maintenant révolu». Le président du Parlement semble donc siffler la fin de l’Etat de grâce. Enfin, en sommant les ministres de répondre aux préoccupations des députés, il a révélé l’impatience qui gagne le législatif face à des dossiers importants.
Fin de l’Etat de grâce vraiment?
Le président Houngbédji a été on ne peut plus clair ce lundi. «… Le temps de répit est maintenant révolu ». Pour certains observateurs, Il y a des risques que le Parlement et le gouvernement de la Rupture n’affichent plus leur complicité. Me Adrien Houngbédji a paru sincère dans sa déclaration hier au palais des Gouverneurs. Seulement, il est peut-être trop tôt de pronostiquer sur les rapports des deux institutions. La séance du jeudi prochain pourrait édifier l’opinion sur la position de l’Assemblée nationale. Par ailleurs, le discours de ce lundi reste celui du président du Parlement. Il n’emporte pas la volonté des autres députés qui sont maîtres de leurs choix. Il existe un nouvel élément qu’on ne saurait ignorer : Patrice Talon qui a finalement compris le rôle du Parlement dans le fonctionnement des institutions de la République, s’est décidé, il y a quelques semaines, à consolider ses relations avec la majorité parlementaire (Lire Matin Libre de 06 octobre 2016). Très prévoyant, l’ancien homme d’affaires qui a promis de faire aboutir "ses réformes", a certainement pris en conséquence ses précautions. Au Parlement, le jeu reste très complexe. Aucun choix n’est établi à l’avance.
A.S