Le président de l’Assemblée nationale du Bénin, Me Adrien Houngbédji, a procédé hier, à l’hémicycle au Palais des gouverneurs à Porto-Novo, à l’ouverture solennelle de la deuxième session ordinaire de l’année 2016 de l’institution. Ceci, en présence de son invité spécial, le Secrétaire général de l’Union Interparlementaire (Uip), Martin Chungong, des membres du gouvernement, de ses collègues députés, des présidents des institutions de la République, des membres des corps diplomatique et consulaire accrédités au Bénin, des chefs religieux, des têtes couronnées, du préfet du département de l’Ouémé, Joachim Apithy, du Maire de la ville de Porto-Novo, Emmanuel Djima Zossou, des anciens députés à l’Assemblée nationale, et du haut commandement militaire. La cérémonie d’ouverture de session a été marquée par deux discours à savoir celui du président de l’Assemblée nationale et celui de son hôte, Martin Chungong.
Le discours prononcé par le président Adrien Houngbédji, est essentiellement axé sur les activités menées par l’institution au plan législatif. Si sur ce plan, la moisson a été bonne avec l’adoption de plus de 20 lois, il n’en est pas de même en ce qui concerne le contrôle de l’action gouvernementale. Dans son discours, le président de l’Assemblée nationale, a essayé d’expliquer les raisons du faible contrôle de l’action gouvernementale tout en prenant l’engagement de consacrer désormais jeudi aux questions au gouvernement. Toujours dans son discours, le président de l’Assemblée nationale, s’est presque étonné du montant du projet de budget général de l’Etat, gestion 2017 transmis au Parlement. A en croire ses propos, ce projet de budget sera étudié avec minutie par la représentation nationale au cours de la session ordinaire qui vient d’être ouverte. Précisons qu’au début de son discours, le président de l’Assemblée nationale, a expliqué les raisons de la présence du Secrétaire général de l’Uip, Martin Chungong à la cérémonie d’ouverture de la deuxième session ordinaire du Parlement béninois. « …En invitant le Secrétaire Général de l’Uip à cette cérémonie, nous avons voulu signifier que notre Parlement est ouvert sur le monde et est partie prenante des objectifs de la communauté internationale et des mutations qui s’opèrent sous nos yeux… », a précisé Me Adrien Houngbédji.
(Lire ci-dessous l’intégralité du discours du président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, les impressions de quelques députés et le discours prononcé par l’invité spécial Martin Chungong)
Impressions de quelques députés sur le discours du président de l’Assemblée nationale
Député Gilbert Bagana
« …Comme d’habitude, le discours du président de l’Assemblée nationale a été très cohérent. C’est un discours qui fait une large présentation sur les problèmes de la société béninoise. Ce qui retient mon attention est que le président de l’Assemblée nationale est dans une dynamique d’apaisement et de cohésion. C’est vrai que nous avons traversé une phase transitoire depuis l’avènement du régime du nouveau départ, où chaque membre du gouvernement cherchait ses marques. Comme il l’a dit, ce temps est révolu. Ce que je sais, c’est que nous devons travailler la main dans la main entre députés pour aider le gouvernement du président Patrice Talon. Il y a certains dossiers sur lesquels nous ne nous sommes pas entendus avec le gouvernement, des dossiers que le président a cités et qui sont à la limite du tolérable. C’est l’exemple de cette affaire de la carte universitaire. Lors du débat sur la question au Parlement, il a été promis l’organisation d’un atelier pour les députés. Malheureusement, le gouvernement a pris sa décision de créer 4 universités sans plus rien dire aux députés. Ça nous a frustrés et nous pensons que le gouvernement doit prendre des dispositions pour que de telles frustrations ne surviennent… »
Député Moukaram Adjibadé Koussonda
« …Tous les points du discours du président de l’Assemblée nationale m’ont marqué. Le président a fait un très bon discours. Sur toutes les activités menées par l’institution, aucun point n’a été négligé. Il a insisté sur le fait que nous n’avons pas pu avoir de vacances parlementaires. Nous travaillons presque tous les jours. La preuve est que nous clôturons une session extraordinaire aujourd’hui et en même temps, nous ouvrons une session ordinaire. Par rapport aux questions que nous adressons au gouvernement, c’est aujourd’hui que j’ai su que ça ne dépendait pas du président de l’Assemblée nationale. Selon lui, il a accordé un temps au gouvernement actuel de s’installer et de s’imprégner des dossiers. Il a aussi dit que le temps de répit est terminé et que dès cette session ordinaire, tous les jeudis seront consacrés au volet contrôle de l’action gouvernementale. A travers ce volet, les préoccupations même des populations seront prises en compte… »
Député Gildas Agonkan
« Le président Adrien Houngbédji a toujours prononcé des discours de responsabilité et d’élégance. C’est un discours qui aborde l’ensemble des points des activités parlementaires. J’ai fait le constat qu’il a mis l’accent sur les choses essentielles à savoir la question de la démocratie et la question du budget. Il a fait remarquer que le projet de budget vient à une période sensible et de chocs exogènes et qu’il va falloir que nous examinions ce projet de budget avec tous les paramètres pour donner au peuple béninois un budget de développement. Le président de l’Assemblée nationale a insisté aussi sur la question du genre ; c’est-à-dire la participation de la femme au niveau des instances de prise de décisions, et il a souhaité que nous accompagnions les réformes dans ce domaine-là. Ceci, parce que le Parlement béninois, contrairement aux autres Parlements, est en deçà des quotas au niveau mondial et au niveau du continent africain. L’autre chose est qu’il a fait venir ici au Bénin, le Secrétaire général de l’Union interparlementaire. C’est révélateur de l’image rayonnante de notre Parlement sur le plan international. Il faut saluer la détermination du président Adrien Houngbédji à faire venir ce personnage important pour toucher du doigt les réalités de notre Parlement… »
Député Cyprien Togni
« …C’est un discours qui a présenté les points faibles et les points forts des activités au Parlement. Il a surtout mis l’accent sur les questions au gouvernement et les raisons pour lesquelles il y a eu peu de réponses du gouvernement. Quant à la question de la représentation des femmes dans les instances de décisions, nous avons entendu le plaidoyer du président de l’Assemblée nationale pour une législation en la matière. Par rapport à cette question, je dis que c’est un dossier déjà abordé au cours de la 6ème législature. Si cela revient à la 7ème législature, on va voir ce que ça va donner. Je ne sais pas si c’est un problème de loi, parce que lors des dernières élections législatives au Bénin, nous avons vu beaucoup de femmes en tant que têtes de listes. Mais nous connaissons les résultats. Elles ne sont que 7 actuellement au Parlement. Donc, il y a un problème de fond qu’il faut chercher à régler… »
Député Benoît Dègla
« …Nous avons suivi avec intérêt le discours du président de l’Assemblée nationale. C’est un discours de vérité qui a fait le point de nos activités tout en reconnaissant que les députés n’ont pas été en mesure de jouer l’un de leurs rôles à savoir celui du contrôle de l’action gouvernementale. Par rapport à ça, il a laissé entendre que des solutions sont en train d’être trouvées. Comme vous l’avez entendu vous-mêmes, désormais, tous les jeudis seront consacrés aux questions d’actualité. C’est la seule façon pour nous de savoir que les fonds qu’on met à la disposition du gouvernement sont bien gérés. Le président de l’Assemblée nationale a aussi parlé des défis qui nous attendent par rapport au projet de budget de l’Etat. Il a mis l’accent sur les difficultés actuelles qui sont celles du Bénin au regard de la récession économique au Nigeria. Nous avons voté des lois importantes au Parlement et l’une de ces lois est celle portant sur le partenariat public-privé. Nous pensons d’ailleurs qu’à travers cette loi, le gouvernement pourra bien relever le défi de la mobilisation des ressources… »
Député Mohamed Gibigaye
« Le discours du président de l’Assemblée nationale est un discours complet qui prend en compte toutes les activités que nous avons menées depuis le 1er avril 2016 jusqu’au 30 septembre. C’est un discours dans lequel le président de l’Assemblée nationale a fait un bilan exhaustif de la production législative, un discours dans lequel il a relevé les points forts et les points faibles de nos activités dans la période de référence et un discours dans lequel il a rappelé les enjeux et les défis qui se dressent devant nous. Le président de l’Assemblée nationale n’a pas manqué de faire constater à l’assistance que le nombre de femmes députées est largement en deçà de la moyenne au niveau mondial. Pendant que la moyenne mondiale est de 23 %, nous sommes à 7 députés sur 83 soit une moyenne de moins de 9% de représentation féminine au niveau de l’Assemblée nationale. Comme il a eu à le dire, il nous revient de travailler pour que les femmes puissent s’intéresser de plus en plus à la politique… »
Député Lucien Houngnibo
« …Le point qui m’a le plus marqué dans le discours du président de l’Assemblée nationale, c’est la question de l’égalité de chance entre l’homme et la femme au niveau des postes de responsabilité. Je crois qu’il y avait un projet de loi sur la question qui avait été introduit à l’Assemblée nationale au cours de la 6ème législature et qui n’a pas connu de succès. C’est très important que le président de l’Assemblée nationale soit revenu là-dessus. Même si nous prenons la France, le nombre de femmes au Parlement n’est pas aussi équitable au nombre d’hommes. A mon avis, il faut que les femmes aussi commencent par se battre au Bénin pour gagner leur place. Le pouvoir ne se décrète pas. Ça s’arrache. Les femmes qui sont avec nous aujourd’hui à l’Assemblée nationale ont le mérite d’y être parce qu’elles se sont battues. Si on doit voter une loi, je crois que les femmes doivent avoir à l’esprit qu’elles doivent se battre pour accéder aux instances de décisions. Aussi, faudrait-il tenir compte de nos réalités endogènes… »
Député Jérémie Adomahou
« …C’est un discours bilan qui porte sur les activités que nous avons menées et qui projette sur l’avenir par rapport aux points saillants de la session budgétaire que nous allons entamer. On retient aussi de ce discours que nous avons beaucoup travaillé sans pratiquement aller en congé. Nous avons ainsi voté une douzaine de lois ordinaires et une douzaine de lois portant autorisation de ratification d’accords. Le président de l’Assemblée nationale a aussi souligné l’ambition du gouvernement par rapport au projet de budget général de l’Etat, gestion 2017. Comme le président de l’Assemblée nationale, nous nous demandons les conditions dans lesquelles le gouvernement arrivera à mobiliser les ressources pour atteindre les objectifs fixés dans ce projet de budget avec un climat socioéconomique difficile comme celle que vit le Nigeria. En tout cas, les prochains jours vont nous édifier à travers l’étude du contenu du projet de budget en question. Par ailleurs, nous avons noté qu’au niveau du contrôle de l’action gouvernementale, nous n’avons pratiquement rien fait. Le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, l’a regretté, et il a souhaité que dès les jours à venir, au lieu que nous interpellions le gouvernement seulement les jeudis soirs, que ça soit toute la journée de chaque jeudi qui soit consacrée à ces questions… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN
DISCOURS DU PRESIDENT ADRIEN HOUNGBEDJI
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- Monsieur le Secrétaire Général de l’Union Interparlementaire
- Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
- Madame et Messieurs les Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale ;
- Madame et Messieurs les Membres de la Conférence des Présidents de l’Assemblée Nationale ;
- Honorables Députés à l’Assemblée Nationale ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique et Consulaire ;
- Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;
- Mesdames et Messieurs les Membres du Haut ; Commandement Militaire en vos grades respectifs ;
- Mesdames et Messieurs les Représentants de l’Association Nationale des Anciens Parlementaires ;
- Messieurs le Préfet du département de l’Ouémé ;
- Monsieur le Maire de la ville de Porto-Novo
- Majestés, Têtes couronnées ; autorités traditionnelles et religieuses ;
- Mesdames et Messieurs les Notables et Sages de la Ville Porto-Novo ;
- Distingués Invités ;
- Mesdames et Messieurs
L’ouverture solennelle de la 2ème session ordinaire de l’année 2016, appelée communément session budgétaire, est l’événement qui nous réunit ce matin.
Merci à chacune et à chacun d’entre vous, d’avoir pris sur votre temps, pour honorer de votre présence, cette cérémonie ;
L’Assemblée Nationale est très sensible à l’intérêt renouvelé que vous manifestez à notre institution et à nos travaux. De même que ‘’les moissons pour mûrir ont besoin de rosée’’, de même pour continuer d’exister et jouer son rôle, l’Assemblée Nationale a besoin de l’aiguillon de votre présence et de votre soutien.
Merci d’être venus.
Cette fois ci, l’aiguillon nous arrive aussi de l’organisation internationale des Parlements. Comme vous le savez, l’Assemblée Nationale du Bénin est un maillon de la longue chaine des Parlements du monde entier, rassemblés au sein de l’Union Interparlementaire (UIP). L’UIP a été créée en 1898 et a donc à ce jour 128 ans d’existence. Elle fait un travail époustouflant pour informer, former, et mobiliser l’ensemble des Parlementaires autour des idéaux démocratiques, pour le progrès de l’humanité.
Je salue la présence parmi nous de Monsieur Martin CHUNGONG, Secrétaire Général de l’Union Interparlementaire, notre invité d’honneur, que je vous prie d’applaudir.
En invitant le Secrétaire Général de l’UIP à cette cérémonie, nous avons voulu signifier, que notre Parlement est ouvert sur le monde et est partie prenante de ses objectifs de la communauté internationale et des mutations qui s’opèrent sous nos yeux.
Notre frère et ami Martin CHUNGONG, a été élu au poste de Secrétaire Général de l’UIP le 1er juillet 2014.En accédant à cette responsabilité, il a réalisé le double exploit historique, d’être à la fois, le 1er non-Européen, et le premier africain élu Secrétaire Général, après 126 années d’existence de l’UIP. Merci pour l’honneur que vous nous faites de venir jusqu’à nous.
J’adresse également mes remerciements à tous les Présidents d’Institutions, à tous les Membres du Gouvernement, à toutes les personnalités civiles, militaires et religieuses, à tout le corps diplomatique, à toutes les organisations internationales, à toutes les organisations de la société civile, à toutes les autorités coutumières, à tous les sages et dignitaires, et tous ceux, hommes et femmes venus nous soutenir en cette occasion.
Mesdames et Messieurs
Chers Collègues
L’ouverture de notre précédente session ordinaire, coïncidait à quelques jours près, avec l’inauguration du mandat du nouveau Président de la République, son Excellence Patrice Guillaume Athanase Talon. J’avais émis le vœu, à cette circonstance, que nous soyons des législateurs efficaces et performants, et des contrôleurs avisés de l’action gouvernementale, tout en préservant la sérénité nécessaire à nos besoins, afin de relever les défis que constituent les faibles performances de notre économie, le chômage des jeunes, l’inadéquation du système éducatif, la montée en puissance de l’insécurité et l’indispensable réforme de la Loi Fondamentale.
Six mois se sont écoulés depuis lors. En jetant un regard rétrospectif sur cette période de six mois, nous pouvons affirmer qu’au plan législatif, l’Assemblée Nationale a répondu aux attentes. Nous avons voté douze lois et autorisé la ratification de douze accords.
Ces lois portent entre autres, sur le partenariat public-privé, l’organisation de la concurrence, la procédure commerciale, civile, sociale, administrative et des comptes, les chambres d’agriculture, l’organisation judiciaire, l’aménagement du territoire, le changement climatique, le travail d’intérêt général, la réglementation des relations financières extérieures, la loi des finances rectificative…..etc.
Quant aux autorisations de ratification d’accords internationaux, au nombre de douze aussi, elles ont permis de rendre disponibles plus de 153 Milliards CFA, dans des secteurs tels que l’alimentation en eau potable, le transport urbain, le développement du maraîchage, la micro finance, et l’enseignement supérieur, ou de permettre l’adhésion de notre Pays aux conventions internationales et traités sur le commerce des armes, l’aviation civile, l’harmonisation des régimes douaniers…..etc.
Les plus innovantes de ces lois que nous avons votées sont d’initiatives parlementaires, c’est à dire qu’elles ont été conçues et élaborées par les députés eux-mêmes, ce qui constitue en soi une performance remarquable.
A ces travaux législatifs proprement dits, s’ajoutent les ateliers et ou séminaires que nous avons organisés, portant sur divers sujets, et dont l’objectif principal est d’informer, et de former les députés, sur la portée et les limites des textes qui leur sont soumis, sur leurs avantages et leurs inconvénients, afin que les votes qu’ils émettent soient émis en pleine connaissance de cause.
Sous-jacent à tout ceci, un programme soutenu de modernisation du travail parlementaire, de modernisation du système informatique, de numérisation des débats, de renforcement des capacités parlementaires.
C’est dire que nous avons travaillé à un rythme intensif.
Toutefois si notre rôle est de voter les lois, il est aussi de contrôler l’action du Gouvernement. Au cours des six derniers mois, trois questions écrites ont été posées, trente questions orales, dix questions d’actualité, presque toutes restées sans suite ; aucune commission parlementaire d’information et d’enquête et aucune interpellation.
A cela plusieurs raisons :
D’abord le silence des Ministres aux questions écrites ou leur indisponibilité aux séances de question d’actualité, qui nous ont contraints à des reports répétitifs ;
Ensuite, l’absence de riposte constitutionnelle des députés, face au silence ou à l’indisponibilité des membres du Gouvernement ; en effet l’interpellation nécessite au moins dix signatures, tandis que la commission d’enquête nécessite le vote préalable d’une proposition de résolution en plénière.
Devant cette situation, l’Assemblée Nationale dans ses différentes composantes, a eu le comportement que dictent la sagesse et la bonne gouvernance parlementaire.
Elle a donné, à des Ministres à peine installés, le temps de s’organiser, de s’imprégner des dossiers, pour répondre avec pertinence aux préoccupations exprimées par les Députés car répondre pour répondre n’a pas de sens. Ce répit était d’autant plus nécessaire que les sujets sur lesquels portaient les interrogations, relèvent de la gestion du gouvernement précédent. Le temps du répit est maintenant révolu.
Ensuite, les députés ont voulu s’adapter eux-mêmes, à la nouvelle donne politique et à ses effets sur la configuration du Parlement. Contrôler le Gouvernement, enquêter sur ses activités, et l’interpeler au besoin, siéent davantage à ceux qui lui sont opposés, qu’à ceux qui soutiennent son action. Beaucoup de députés cherchent encore leurs marques, et en attendant qu’ils y parviennent, le consensus reste la règle de fonctionnement de l’Assemblée Nationale.
La démocratie, s’entend certes de la pluralité des opinions, des clivages et des antagonismes. Mais la démocratie, c’est aussi et surtout le pari que des êtres libres dans leurs opinions et dans l’expression de celles-ci, peuvent travailler ensemble, d’une manière qui serve les aspirations du peuple à la prospérité, à la justice sociale et à la liberté. Elle n’est ni innée, ni schématique ; elle se pratique sous le feu de l’action, elle se façonne à l’épreuve des difficultés et aux sources de l’expérience dans un climat apaisé. C’est ce que tous, nous faisons ici, nous nous efforçons de faire dans cet hémicycle et je voudrais vous en remercier.
Merci à vous tous chers collègues d’avoir calmé le jeu dans des situations à la limite du tolérable ; merci d’avoir dominé des frustrations légitimes ! Le respect des engagements pris devant nous, participe du respect dû à notre Institution. Ensemble nous y veillerons.
Mes chers Collègues
Je veux à ce stade de mon intervention, porter le témoignage de votre engagement et de votre mobilisation. Ils n’ont pas faibli d’une session à l’autre, bien au contraire. De séances plénières, en travaux de commissions ; de travaux d’ateliers, ou en missions extérieures ; de sessions ordinaires en sessions extraordinaires ; vous avez toujours été disponibles. Je veux illustrer mes propos par cette session ordinaire elle-même qui s’ouvre, alors qu’une session extraordinaire était en cours, vous privant ainsi des vacances parlementaires auxquelles vous aspiriez légitimement.
Je veux en profiter pour rappeler une fois encore l’urgence de nous orienter vers une session unique afin de nous accorder un temps de rupture réelle entre deux sessions.
Mesdames et Messieurs
Chers Collègues
Chers invités
Je l’ai dit tantôt, c’est sous l’égide du consensus démocratique que s’ouvre cette session, et que nous abordons le débat budgétaire dont les travaux en commission vont débuter.
Ce qui frappe à première lecture, c’est le chiffre annoncé : le projet de Budget Général de l’Etat gestion 2017 s’élèvera à l somme de 2010 Milliards CFA contre 1423 Milliards CFA l’année précédente.
Comme à l’accoutumée, nous l’examinerons avec minutie. Mais nous tenons à saluer au passage ces véritables défis que lancent le Chef de l’Etat le Président Patrice Talon et son gouvernement : le défi d’une mobilisation accrue des ressources, et le défi du capital-investissement.
Nous leur souhaitons plein succès ; leur réussite sera la nôtre, la réussite du Bénin.
La présente cérémonie d’ouverture m’offre l’opportunité de scruter l’horizon, et de m’interroger sur la prise en compte des préoccupations de nos populations.
En effet, le budget, considéré comme un véritable instrument de politique socio-économique, doit refléter les aspirations au mieux-être de l’ensemble des Béninois.
C’est pour cette raison qu’il est important d’obtenir de l’exécutif à travers le projet de loi de finances, des réponses précises à certaines questions.
Notre économie est en proie aux effets néfastes de la récession économique qui sévit au Nigéria, avec son corollaire de baisse d’activités, et de baisse de compétitivité pour l’industrie locale, et de réduction des recettes fiscales. D’où la question de savoir, est- ce que le projet de loi de finances qu’ils nous ont soumis permet de juguler les effets de cette crise.
De plus, le gouvernement devrait partager avec la représentation nationale les options de politique économique qu’il a choisies pour la relance de l’économie, au lendemain du collectif budgétaire voté en juin dernier. Nous devons en effet apprécier si les mesures proposées par le gouvernement prennent en compte la création d’emplois et la réduction du chômage, notamment chez les jeunes.
Dans cet hémicycle, nous avons procédé, il y a quelques jours, à la ratification de la convention relative à la COP 21 signée à Paris. Le projet de loi de finances a-t-il intégré la nécessité d’améliorer la résilience de notre économie aux chocs exogènes, notamment les effets des changements climatiques ?
Par ailleurs, nul n’ignore que le Bénin est un pays de transit, pour ne pas dire de services. Dès lors, son déficit en infrastructures doit être résorbé, pour favoriser l’épanouissement du secteur privé et l’amélioration de la qualité des services que nous offrons aux pays de l’hinterland, dans un environnement concurrentiel.
La représentation nationale attend donc de voir traduites dans le budget 2017, des actions concrètes en matière d’infrastructures de transport, de TIC et surtout d’énergie.
La loi sur le partenariat public-privé étant désormais une réalité après son vote récent, nous aurons à rechercher dans le projet de loi de finances, les dispositions prises par le Gouvernement, pour tirer le meilleur profit de cet instrument juridique mis à sa disposition.
Lors du dernier débat d’orientation budgétaire institué par la loi organique sur la loi de Finances, la représentation nationale a été informée des choix du gouvernement en matière agricole. Nous attendons donc du gouvernement, qu’il confirme les actions relatives à la diversification de l’agriculture béninoise, et à l’émergence de nouvelles filières agricoles aussi organisées que le coton.
Le développement touristique dont nous devons exploiter au mieux les énormes potentialités du Bénin, est aussi un sujet d’interrogation.
Enfin, les préoccupations exprimées par les organisations syndicales et qui ont motivé les récentes négociations du gouvernement avec celles-ci, appellent l’intégration des points d’entente dans les priorités budgétaires. L’Assemblée Nationale en tant que porte-parole des populations, s’interrogera à juste titre, sur la question de savoir en quoi le projet de loi de finances soumis à son examen, apporte des points de satisfaction à cette frange de la nation, c’est- à dire les travailleurs.
Au total, nous devons nous assurer que le projet de loi de finances intègre des mesure concrètes, pour améliorer la répartition des fruits de la croissance, en vue de la réduction de la pauvreté, et la réalisation des objectifs de développement durable, au sujet desquels notre pays a pris des engagements devant la communauté internationale.
Des réponses à ces différentes questions, défendent le renforcement de notre démocratie, l’éclosion d’une activité économique saine et dynamique, ainsi que l’instauration d’un climat de paix sociale et durable.
Outre l’examen et le vote du Budget, nous aurons à examiner les dossiers inscrits à l’ordre du jour de la session, par le Bureau de l’Assemblée Nationale et la Conférence des Présidents.
Pour donner un coup de fouet à l’exercice de nos attributions de contrôle de l’action gouvernementale, le Bureau a décidé, en concertation avec la Conférence des Présidents, de consacrer non plus seulement le jeudi après-midi, mais toute la journée du jeudi aux séances de questions écrites, orales, et d’actualité, jusqu’à apurement du stock que j’ai indiqué plus haut.
Quant aux projets de loi et propositions de loi à débattre, la liste en est longue. J’en cite les principaux en soulignant que ma citation n’est pas exhaustive :
1- Projet de loi portant réglementation des bureaux d’information sur le crédit ;
2- Rapport de la commission des lois sur la mise en conformité de la loi n° 2015-18 portant statut général de la fonction publique ;
3- Projet de loi portant code pénal en République du Bénin ;
4- Projet de loi portant loi organique sur le Conseil Economique et Social ;
5- Projet de loi modifiant et complétant la loi n°97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l’administration territoriale de la République du Bénin ;
6- Projet de loi relative à la protection, l’aménagement et la mise en valeur de la zone littorale ;
7- Projet de loi portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin ;
8- Proposition de loi portant révision de la loi organique de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) ;
9- Proposition de loi portant financement des partis politiques par l’Etat ;
10- Proposition de loi portant code de l’aménagement et de l’urbanisme en République du Bénin ;
11- Proposition de loi portant sur l’interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation des sachets en plastique non dégradable en République du Bénin ;
12- Proposition de loi portant contrat de bail en République du Bénin ;
13- Proposition de loi portant règlementation des cautions et avances sur loyer des immeubles à usage d’habitation en République du Bénin ;
14- Proposition de loi portant règlementation du bail à usage d’habitation en République du Bénin ;
15- Proposition de loi portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Autorité nationale pour le dialogue du secteur public-privé en République du Bénin ;
16- Proposition de loi portant égalité d’accès aux fonctions entre homme et femme.
Si j’ai cité en dernier le dossier de l’égalité d’accès des femmes aux responsabilités, ce n’est pas pour signifier qu’il est le moindre de nos préoccupations, mais au contraire pour lui donner un relief singulier et pour nous exhorter à trouver diligemment les solutions qui permettront une meilleure représentation de celles-ci au Parlement.
Elles sont actuellement 7 sur 83, soit 8%. Cette proportion ne reflète ni leur poids démographique, ni leur poids économique, ni leur fonction sociale, ni leurs qualités intellectuelles, nous le savons tous. Dès lors, ce qui les tient éloignées du Parlement, c’est notre volonté politique. Nous nous devons de la susciter, de l’entretenir et la traduire dans la législation.
Entre les 63% qu’elles sont au parlement du Rwanda, les 44% qu’elles sont au Sénégal, les 17,5% qu’elles sont au Togo et les 15% qu’elles sont au Niger, il y a place pour une amélioration substantielle de leur représentation dans notre Assemblée Nationale.
La démocratie béninoise qui se veut pionnière, qui se veut modèle, ne peut plus s’accommoder de cette anomalie, qui fait de nous la lanterne rouge de la sous-région.
‘’Il n’est rien de si difficile qu’à force de chercher, on ne puisse trouver’’ disait Térence.
C’est pourquoi, aussitôt après le vote du budget, nous engagerons ensemble des actions d’envergure nationale, sous régionale et internationale, nous organiserons des fora, des séminaires, des symposiums, pour que la voix des femmes soit entendue et soit prise en compte. De nombreux Parlements sont prêts à nous y aider, et la présence ici du Secrétaire Général de l’UIP participe de cette ambition. Je n’ai aucun doute que le génie politique de notre classe dirigeante nous permettra de trouver les mécanismes juridiques qui tout en sauvegardant les droits acquis, ouvriront largement les portes de l’Assemblée Nationale à l’autre moitié de l’humanité.
C’est sur cette note d’espoir, que je déclare ouverte la 2è session ordinaire de l’année 2016, de l’Assemblée Nationale du Bénin.
Vive la démocratie
Vive l’Assemblée Nationale
Vive la Coopération Interparlementaire et l’UIP
Vive le Bénin
Je vous remercie
Karim O. ANONRIN