Avec la nomination et l’installation de douze préfets dans douze départements, le Bénin met en œuvre sa vraie carte administrative, pour un développement harmonieux et efficace du territoire. Mais depuis, plus rien et chaque autorité préfectorale y va de son cru.
C’est en vertu de la loi n°97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l’Administration territoriale de la République du Bénin, notamment en son article 6 que tous les douze préfets ont été nommés puis installés à la tête des douze départements effectifs. Le gouvernement du « nouveau Départ » vient ainsi de mettre fin à une administration approximative du territoire.
L’article 10 de la même loi précise que « le préfet (représentant de l’Etat), est le dépositaire de l’autorité de l’Etat dans le département. En cette qualité, il est l’unique représentant du gouvernement et de chacun des ministres pris individuellement. » A l’exception des organes judiciaires, des receveurs départementaux des finances dans leur fonction de comptable public et du délégué du contrôleur financier en matière de contrôle des finances de l’Etat, il coordonne les services déconcentrés des administrations civiles de l’Etat dans le département.
Par ailleurs, le préfet exerce la tutelle des collectivités territoriales et le contrôle de la légalité de leurs actes. (Cf. article 14 de la loi citée plus haut). Le préfet détient au regard da la loi, d’autres prérogatives qu’il importe de faire connaitre aux titulaires de cette charge. Ceci s’avère d’autant plus qu’on note tantôt avec émerveillement, tantôt avec dégoût et dédain, la proactivité de certains préfets pendant d’autres paraissent absents, confinés dans leur rôle bureaucratique obsolète.
L’hyperactivité assimilée, à tort ou à raison, à de l’activisme de certains préfets interpelle sur l’assimilation effective du rôle qui est le leur.
A vrai dire et à titre illustratif, l’on peut citer le préfet du Littoral, très présent sur tous les terrains, parfois en ignorance de l’exercice du pouvoir de substitution au maire.
Ailleurs, c’est la discrétion totale de l’autorité préfectorale, qui on le sent sans pouvoir le dire tout haut, joue à la prudence de peur de poser des actes qui suscitent indignation et critiques acerbes tant des administrés que des citoyens béninois en général.
Les apparitions figuratives traduisent cette méfiance vis-à-vis du pouvoir et de l’exercice de ce pouvoir.
Il faut renouer avec les conférences
Beaucoup de questions restent, qui ne peuvent être réglées dans le cadre de la CAD (conférence administrative départementale), encore moins dans celui du conseil départemental de concertation et de coordination qui réunit autour du préfet, et ceci de façon périodique, tous les maires et autres chefs de services déconcentrés de l’Etat.
Beaucoup d’orientations sont données, sur la base de la vision du gouvernement et de son chef, à travers ces assises appelés « conférences des préfets » (qui sont cycliques), qui fixent sur la manière de conduire et de gérer, et la compréhension à avoir de certaines questions.
La qualité managériale requise et l’intelligence pour saisir les subtilités du pouvoir dévolu au préfet ne sont nullement les mieux partagées. Il est vrai, certains arrivent à la tête des départements suffisamment imprégnés des réalités de la gestion de la tutelle. Il semble même que tous sont tirés de la classe des administrateurs civils. Mais il n’est pas exclu que l’exercice de cette puissance dépend aussi de l’assimilation des subtilités et de la maitrise du pouvoir étatique dont on est dépositaire à l’échelle départementale.
L’illusion de réussir est évidente, avec le développement et la dynamique amorcée au niveau de nos communes fortement politisées et enclines à l’instabilité permanente. Il faut vraiment former sur les outils de travail, qui permettent aux nouveaux préfets de bien jouer le rôle qui est le leur, à l’antipode de tout abus et de l’excès de pouvoir.
Félix MAHOUGNON