Plusieurs hôpitaux de zone seront bientôt mis en affermage. C’est une décision du Conseil des ministres de ce mercredi qui pourrait semer la désolation dans le rang des populations vulnérables.
Les populations doivent-elles s’inquiéter pour le respect de leur droit à la santé? Il existe en tout cas des craintes. Ce mercredi, le Conseil des ministres a décidé de mettre en affermage les hôpitaux de Zone de Djidja, Covè et Djougou. Des hôpitaux qui servent 9 communes et des populations de zones reculées. Selon le ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence, Pascal Irénée Koupaki, le choix du Conseil des ministres est motivé par des soucis d’efficacité, de performance et d’efficience de la prestation qui sera offerte dans ces hôpitaux. Seulement, il s’agit bien d’une mise en affermage. Un contrat par lequel le contractant s'engage à gérer un service public, à ses risques et périls, contre une rémunération versée par les usagers. Dans cet accord, le fermier reverse à l’Etat une redevance. Autrement dit, les trois hôpitaux de zone seront gérés par des personnes privées ; des personnes ayant naturellement le goût du lucre. Et beaucoup s’interrogent déjà sur le coût des prestations de ces partenaires privés qui devraient travailler sous la couverture de la nouvelle loi relative au partenariat public-privé. Il est une évidence qu’ils ne feront pas de la charité. Mais les populations pourront-elles s’acquitter de ces frais? Ces hôpitaux de zone créés à l’origine pour soulager les populations moins nanties joueront-ils réellement leurs rôles? Pourront-ils permettre à l’Etat de respecter une obligation fondamentale, celle de donner des soins de santé à ses citoyens? Des observateurs plutôt inquiets affirment qu’il y a des motifs d’inquiétudes. Les populations de Djidja, Abomey, Agbangnizoun, Covè, Ouinhi, Zagnanado, Djougou, Copargo et Ouakè pourraient supporter les lourdes conséquences de l’initiative du gouvernement de la Rupture. Ce sera un recul que connaîtra le Bénin qui essaie d’atteindre depuis peu les objectifs de développement durable (Odd). Il faut noter que le 3ème Odd cible l’accès général aux soins médicaux et au développement. Les Nations Unies visent à parvenir à une couverture de santé universelle. Cela inclue l’accès de tous à «des médicaments et vaccins sûrs, efficaces, de qualité et abordables». Le Bénin pourrait donc devenir un mauvais élève s’il multiplie des options moins pertinentes.
Cependant, rien n’est encore joué. Le gouvernement vient de faire l’annonce. Le processus devant conduire à la concrétisation de la mise en affermage n’en est qu’à son début. L’Exécutif pourrait, pendant qu’il est encore temps, bien étudier le contrat proposé afin de ne pas livrer les populations vulnérables à des partenaires mercantiles.
A.S