Spécialité des Sénégalais, la broderie est un métier qui permet d’apporter une touche particulière aux vêtements. Malgré l’intérêt que lui portent les populations, ce secteur d’activité se trouve confronté à divers problèmes dont la concurrence.
La broderie est un métier qui demande assez de créativité et d’innovation.Selon NarcisseHounnouvi, brodeur à Godomey Nonhouénou « le brodeur est celui-là qui a de l’imagination ». Donatien Tokanou, spécialiste en couture et broderieà Godomey- Hlacomey explique qu’avant de passer à la broderie, il faut d’abord reproduire le dessin sur du papier avec un crayon et ensuite le transposer sur le pagne pour obtenir ce qu’on désire.Dans l’atelier de Donatien, les différentes machines qui servent à broder les tissus sont disposées avec soin.On peut dénombrer au total10 machines dont celle à petit fil, celle à gros fil et la machine Phoenix.Rompu à la tâche, Donatien réalisait un motif sur un pagne. Les mouvements de sesapprentisqui l’assistaient témoignent à quel point le métier est passionnant. Donatien estime que la broderie est un noble métier qui nourrit son homme. De plus, il révèle qu’il satisfait une clientèle internationale.« Je reçois des commandes du Congo, du Gabon et du Cameroun. En un mois, je gagne environ 1.000.000 de francs Cfa. Je n’ai rien à envier aux fonctionnaires »,précise-t-il. La tâche qui incombe au brodeur est donc de façonner le tissu pour le rendre plus beau. « C’est très beau quand c’est bien fait. Ça permet de s’afficher. Mais le matériel et les fournitures qu’utilisent les brodeurs sont tellement chers que cela rejaillit sur nous les clients », affirme Clémentine, une cliente. PierretteHêdokingbé, aide –soignante, de son côté, trouve que les tissus brodés sont attrayants. Même si le coût est élevé à des moments donnés, elle estime que la qualité a un prix. »La broderie s’exécute sur des tissus basins, des pagnes des chemises, des robes et des tenues locales.Toutefois, la broderie n’est pas à l’abri de certaines difficultés,notamment la cherté des machines de bonne qualité et la morosité économique. « Depuis quelques mois, les activités tournent au ralenti parce que la clientèle a considérablement baissé. Les clients ne viennent plus comme avant. Nos frères du Togo gagnent plus les marchés.Maintenant, je suis à 25.000 F CFA le mois. », ajoute Donatien.Par contre, Narcisse Hounnouvi estime que le plus grand problème dans ce secteur d’activité est le manque d’apprentis et de matériels.« Je n’ai qu’un apprenti et j’ai du mal à me rendre dans les merceries pour l’achat des fournitures. Certaines personnes fontdes commandes et ne reviennent qu’après des années.D’autres ne viennentplus », affirme-t-il. Comme Narcisse, d’autres brodeurs déplorent le désintérêt que les jeunes affichent face à l’apprentissage du métier. « Cela fait une quinzaine d’années que j’exerce ce métier. J’essaye toujours de donner le meilleur de moi-même pour satisfaire la clientèle. Mais la relève n’existe pas car beaucoup de jeunes ne veulent plus apprendre le métier, c’est déplorable », renchérit Donatien.
Romuald K. AHOUANDJINOU (Stag).