Directeur général du Groupe African Guarantee Fund, Félix Bikpo revient dans cet entretien sur la vision de son institution et ses services en direction des PME africaines en général et béninoises en particulier.
La Nation : Lorsqu’on parle de fonds de garantie, de quoi est-ce qu’il s’agit ?
Félix Bikpo : Un Fonds de garantie pourquoi ? Un fonds de garantie, c’est d’abord un instrument financier que nous mettons à la disposition des autres établissements financiers qui lèvent les ressources mises à disposition des différents opérateurs économiques, en particulier, dans notre cas, les PME. Le fonds de garantie a ceci de différent en ce qu’il est un instrument plus liquide, un instrument qui permet d’améliorer les ratios prudentiels de nos banques et établissements financiers et qui leur apporte le confort dans un environnement des affaires qui n’est pas toujours favorable à ceux qui prêtent de l’argent. Le fonds de garantie vient également rehausser la qualité des suretés que les établissements financiers peuvent prendre lorsqu’ils font leur activité d’octroi de crédit. Le fonds de garantie est un instrument qui vient accompagner les établissements financiers dans un partenariat pour réduire les risques auxquels ils sont exposés.
Quelles sont alors les spécificités de African Guarantee Fund ?
African Guarantee Fund, est le premier fonds de garantie panafricain. Nous avons des fonds de garantie sectoriels, des fonds de garantie régionaux. Mais c’est la première fois qu’au niveau de notre continent nous mettons un instrument aussi grand pour pouvoir bénéficier des effets de synergie. En Afrique de l’Est, il y a des mécanismes en place pour traiter de l’acteur économique que sont les PME. En Afrique de l’Ouest, il y a des mécanismes de financement des PME, en Afrique du Nord également. Il est donc important d’avoir une institution qui puisse assurer la coordination et transférer les succès pour qu’ensemble, on puisse de façon valable et efficace, relever les défis de croissance. Relever les défis de croissance, c’est permettre aux vrais acteurs de développement, les petites et moyennes entreprises, d’avoir accès au financement qui, aujourd’hui malheureusement reste le premier obstacle à leur émergence.
Pourquoi le Fonds s’intéresse-t-il aujourd’hui au marché béninois ?
Le marché béninois est très dynamique. Quand j’étais dans d’autres institutions, notamment à CitiBank, je me posais la question de savoir pourquoi on avait beaucoup de clients béninois alors même que nous n’étions pas installés au Bénin. La réponse, c’est parce que le Bénin est un marché dynamique, un marché porté par le secteur des PME. Il y a une différence entre le secteur informel et le secteur des PME. Mais les microentreprises au Bénin représentent au moins 80% des entreprises enregistrées. Ce sont ces entreprises qui sont porteuses de croissance, ce sont elles qui peuvent permettre au Bénin de passer à l’étape suivante du développement. Nous venons au Bénin pour offrir aux béninois, une possibilité de régler leurs problèmes d’accès au financement et de jouer le rôle qui est le leur.
AGF a racheté le Fonds GARI bien connu en Afrique de l’Ouest. Qu’est-ce qui justifie le rachat et quelles sont les retombées possibles pour les PME de la région ?
Nous sommes très fiers de cette opération. On a été fondé il y a seulement 5 ans et dans notre développement on s’est rendu compte que l’Afrique de l’Ouest a commencé à avoir une part très importante dans le portefeuille. Il fallait que nous puissions être beaucoup plus proches de nos partenaires, banques et établissements financiers de la région. Il s’est trouvé qu’il y avait déjà ici un instrument, le Fonds GARI, dont j’ai été le premier directeur général au passage, qui avait les mêmes ambitions et objectifs que nous. On s’est dit pourquoi ne pas se rapprocher de l’instrument, lui donner les moyens financiers, techniques et opérationnels afin qu’il puisse vraiment jouer son rôle dans cette partie du continent. C’est ce qui nous a amené à nous rapprocher du Fonds GARI et à pouvoir faire cette opération où les actionnaires de base du Fonds GARI, arrivés à la fin de leur processus, cherchaient un mécanisme de sortie. Il fallait que nous venions pour qu’ils trouvent des partenaires capables de continuer sur la même lancée.
Le Fonds GARI va-t-il disparaitre ?
Non. Le Fonds GARI devient une filiale d’AGF. Le nom pourrait changer mais le Fonds GARI continue ses activités avec ses partenaires. Nous allons au contraire lui donner beaucoup plus de moyens pour mieux faire ce qu’il a toujours fait, parce que apprécions ses interventions dans la sous-région.
Propos recueillis par Par Gnona AFANGBEDJI