Le discours du président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire de son institution, lundi dernier à Porto-Novo, continue de susciter des interrogations compte tenu de la densité des préoccupations qu’il a évoquées face aux actions du Gouvernement du Président de la République, Patrice Talon. Dans un style à peine voilé, il a montré que le Gouvernement et l’Assemblée nationale doivent être en symbiose dans le respect des prérogatives de chaque institution, face aux difficultés des populations.
Le discours de Me Adrien Houngbédji, à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale, n’est pas loin de celui d’un chef d’institution qui veut jouer pleinement son rôle constitutionnel. Ici, il a pris la peine d’exposer les attentes des populations, espérant que le Gouvernement du Président Patrice Talon pourra les combler. A analyser de près le contenu dudit discours, le président du Parlement invite les députés à jouer pleinement le rôle constitutionnel qu’est celui de voter les lois et de contrôler les actions du Gouvernement. « L’ouverture de la précédente session ordinaire, coïncidait à quelques jours près, avec l’inauguration du mandat du nouveau Président de la République, son Excellence Patrice Guillaume Athanase Talon. J’avais émis le vœu, à cette occasion, que nous soyons des législateurs efficaces et performants, et des contrôleurs avisés de l’action gouvernementale, tout en préservant la sérénité nécessaire à nos débats, afin de relever les défis que constituent les faibles performances de notre économie, le chômage des jeunes, l’inadéquation du système éducatif, la montée en puissance de l’insécurité et l’indispensable réforme de la Loi Fondamentale… », a-t-il déclaré. C’est dire qu’il ne veut pas être président d’un Parlement qui sera une caisse de résonance du Gouvernement. Ce faisant, il a déploré les absences des ministres à l’Assemblée nationale pour répondre aux préoccupations de la représentation nationale et le manque d’initiatives des députés eux-mêmes. « D’abord le silence des ministres aux questions écrites ou leur indisponibilité aux séances de question d’actualité, qui nous ont contraints à des reports répétitifs.
Ensuite, l’absence de riposte constitutionnelle des députés, face au silence ou à l’indisponibilité des membres du Gouvernement ; en effet l’interpellation nécessite au moins dix signatures, tandis que la commission d’enquête nécessite le vote préalable d’une proposition de résolution en plénière…. », a-t-il lancé.
Parlant de la réalisation du budget général de l’Etat exercice 2017 s’élevant à plus de 2000 milliards de FCfa, Me Adrien Houngbédji interroge sur sa réalisation compte tenu de la situation socio-économique du pays. Donc, après avoir les ambitions du Gouvernement du Président Patrice Talon, le chef de la représentation nationale demande à l’Exécutif des actions concrètes pour convaincre les députés. « Notre économie est en proie aux effets néfastes de la récession économique qui sévit au Nigéria, avec son corollaire de baisse d’activités, et de baisse de compétitivité pour l’industrie locale, et de réduction des recettes fiscales. D’où la question de savoir, si le projet de loi de finances qui nous est soumis permet de juguler les effets de cette crise. De plus, le gouvernement devrait partager avec la représentation nationale les options de politique économique qu’il a choisies pour la relance de l’économie, au lendemain du collectif budgétaire voté en juin dernier. Nous devons en effet apprécier si les mesures proposées par le gouvernement prennent en compte la création d’emplois et la réduction du chômage, notamment chez les jeunes… », a indiqué Me Adrien Houngbédji.
Au total, il s’est positionné comme un chef d’institution qui accomplira pleinement sa mission en dépit de son soutien personnel aux actions du Gouvernement, en raison des préoccupations légitimes des populations béninoises.
Paul Tonon