Les grandes actions salvatrices entreprises par Patrice Talon et son gouvernement depuis avril 2016 sont oubliées des populations. Et pour cause, la crise économique que traverse le pays. Liée en partie à la dépréciation du Naïra, la monnaie du Nigeria, cette crise affecte la qualité des échanges entre le Bénin et son grand voisin. Un manque à gagner énorme pour les populations qui, dans ce désespoir conjoncturel, oublient que tout n’est pas si mauvais sous le nouveau Départ.
Déçu du système de gouvernance de l’ancien Président de la République, Boni Yayi, le peuple béninois entendait rompre avec les mauvaises pratiques du passé. La corruption, le clientélisme et la gabegie devraient être bannis des habitudes. Le Président Patrice Talon, à son arrivée au Pouvoir, le 06 avril 2016, a entrepris des réformes politiques et institutionnelles pour remettre le pays sur les rails du développement. Au départ, le nouveau Chef d’Etat a posé des actes qui ont assuré le peuple. Syndicalistes et acteurs politiques à divers niveaux saluent ce qu’ils appellent la libération des chaînes publiques d’information. « Aujourd’hui, on est content de suivre sur la télévision nationale des débats contradictoires et des informations favorables ou défavorables au Gouvernement… », s’est réjoui le Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), Pascal Todjinou. Il y a également l’apaisement de la tension entre fidèles de l’Eglise protestante méthodiste du Bénin. Depuis 1998, aucun Gouvernement n’a réussi à les calmer. Tout comme le processus de désignation des chefs lieu de département et la nomination des nouveaux préfets que le défunt régime,ni celui d’avant n’ont réussi à réaliser. En moins six mois, le régime de la Rupture a réussi tous ces exploits. Mais comme ventre affamé n’a point d’oreille, les actions salutaires du gouvernement de Patrice Talon passent inaperçus. Crise économique oblige.
Desespoirs et Attentes
La crise économique que traverse le Bénin s’explique en partie par la dépréciation de la monnaie nigériane (Naïra). Elle affecte plusieurs secteurs socio-économiques eu égard à la détermination des autorités nigérianes de lutter contre la contrebande au niveau de leurs frontières. En visite au Nigéria, le 02 août 2016, le Président Patrice Talon a été placé devant la réalité par son homologue nigérian, Mouhamadou
« Nous avons évoqué également un sujet d’échanges entre le Nigéria et le Bénin. Au plan commercial, je dois avouer que la situation internationale et la situation du Nigéria par rapport à l’effondrement des prix du pétrole causent quelques déconvenues à nos populations en termes de pouvoir d’achat du côté du Nigéria et en termes d’échanges du côté du Bénin. Vous savez qu’une bonne partie des activités commerciales du Bénin, les produits, sont en réexportation vers le Nigéria. Nous sommes dans une situation complexe parce que le Bénin a besoin de vendre des produits made in Bénin, made in Cedeao sur le Nigéria de manière libre. C’est ce que prescrivent les dispositions de la Cedeao… », a indiqué le Président Patrice Talon. « Les produits interdits d’exportation vers le Nigéria ne transitent pas aisément par le Bénin de sorte que notre pays ne soit pas vu comme complice. C’est un sujet qui appelle une analyse assez délicate parce qu’il faut non seulement fouetter les échanges entre les deux pays, mais également à ce que les dispositions de la Cedeao soient respectées. Nous avons évoqué cette question parce qu’il est regrettable de constater que nous produisons beaucoup au Bénin du côté agricole, nous avons des industries ici qui ont besoin de vendre au Nigéria et qui souffrent. Nous enregistrons des tracasseries qui ne permettent pas la libre circulation qui doit exister entre les deux pays. En évoquant ces questions, nous allons essayer de trouver les voies et moyens pour y arriver. Nous avons aussi examiné la question qui préoccupe le Nigéria. Le Président Buhuri a exprimé avec beaucoup de détermination le commerce illicite avec le Nigéria. Toujours est-il que dans l’intérêt commun, il convient d’œuvrer à ce que notre pays produise davantage et échange des produits fabriqués dans la région de sorte que cela concourt à la création d’emplois et la richesse dans notre pays au lieu de se contenter exclusivement de promouvoir les importations et le transit. Sur ce chapitre, je dois dire que le Nigéria a promis de donner les instructions nécessaires à ses services à savoir la police et la douane, afin que les échanges soient facilités entre le Bénin et le Nigéria en ce qui concerne le commerce légal, normal qui relève de nos acteurs sous-régionaux…. », a-t-il martelé.
En conséquence, l’activité des entreprises béninoises spécialisées dans l’import-export est menacée. Elles sont beaucoup plus perceptibles dans les secteurs des véhicules d’occasion, du textile, des produits congelés et alimentaires importés de l’Occident et déversés sur le territoire nigérian. Par exemple, selon les statistiques, plus de 80% des véhicules d’occasion venus au Bénin sont réexportés vers le Nigeria. De nombreux jeunes béninois se retrouvent sans emploi suite à la faillite du tissu économique. Et, dans cette ambiance de morosité économique que le régime en place décide de réaliser un budget de 2010 milliards de F Cfa pour l’année prochaine. Les Béninois se demandent si c’est une fiction une telle ambition en raison des réalités du terrain. « Notre économie est en proie aux effets néfastes de la récession économique qui sévit au Nigéria, avec son corollaire de baisse d’activités, et de baisse de compétitivité pour l’industrie locale, et de réduction des recettes fiscales. D’où la question de savoir, si le projet de loi de finances qui nous est soumis permet de juguler les effets de cette crise. De plus, le gouvernement devrait partager avec la représentation nationale les options de politique économique qu’il a choisies pour la relance de l’économie, au lendemain du collectif budgétaire voté en juin dernier. Nous devons en effet apprécier si les mesures proposées par le gouvernement prennent en compte la création d’emplois et la réduction du chômage, notamment chez les jeunes… », s’est inquiété le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire de son institution, le 17 octobre 2016 à Porto-Novo, face aux préoccupations des populations.
Pendant ce temps, la crise à l’université d’Abomey-Calavi prend de nouvelles tournures. Elle a été le plat de résistance de la dernière sortie des centrales syndicales du pays qui crient aux violations des libertés à l’ère du Président Talon. « La Rupture est grippée… », a dénoncé le Secrétaire générale de la Confédération générale des travailleurs du Bénin, Pascal Todjinou.
Au nom de la démocratie, au nom de la liberté d’expression, tout se dit, tout se raconte sur ce nouveau régime qui vient à peine de faire six mois de gestion du pouvoir d’Etat.Face à l’impatience des populations, il revient à Patrice Talon et son gouvernement de trouver la pédagogie appropriée.
Joachim Tonoukoun