Le Directeur de l’Office du Baccalauréat a pris une décision de conditionner la candidature à l’examen donnant lieu au premier diplôme universitaire à l’obtention du Brevet d’études du premier cycle (Bepc). C’est l’un des critères de rejet de dossiers de candidature au Bac 2017. Mais le ministre en charge de l’enseignement secondaire a émis un avis défavorable pour cette mesure au titre de cette année. Du coup, des langues se sont déliées
Le Directeur de l’Office du Baccalauréat porte à la connaissance des chefs d’établissement qu’avant d’inscrire les élèves dans les classes terminales, ils devront s’assurer que ceux-ci ne sont pas frappés par les critères de rejet de candidature à savoir :
• ajournement à l’examen du Baccalauréat session de juin 2016 ;
• sauts anarchiques des classes antérieures ;
• non admission au Bepc.
Il attire également l’attention des chefs d’établissement privés que leurs établissements doivent être fonctionnels et disposer des autorisations nécessaires de création et d’ouverture des classes terminales.
Les établissements aussi bien publics que privés, qui désirent présenter des candidats à l’examen du Baccalauréat session de juin 2017, et qui n’avaient pas eu de candidats au Baccalauréat 2016, sont priés d’adresser au plus tard le 28 octobre 2016 un courrier au Directeur de l’Office du Baccalauréat en précisant la dénomination, la commune, les noms et contacts des responsables administratifs de l’établissement et une copie de l’arrêté de création ou d’extension.
Le Directeur,
Alphonse da Silva
Le Dc du ministre de l’Enseignement secondaire, Charles Codjia : « La mesure ne peut être appliquée, automatiquement »
Océan Fm : Pourquoi le ministre de l’enseignement Secondaire a pris une décision qui remet en cause la mesure du Dob ?
Charles Codjia : Je ne parlerai pas de décision, je dirai plutôt que le ministre a obtenu du Directeur de l’Office du Bac, qu’on n’exige pas le Bepc des candidats au Bachcalauréat, au titre de cette année. C’est des suites d’un entretien avec le Dob, que d’un commun accord, nous avons décidé que l’obtention du Bepc ne soit pas une condition pour passer le Baccalauréat. Jusqu’à présent, il n’y a pas une condition d’obtention du Bepc, pour entrer en classe de seconde. Nos élèves qui sont actuellement, en classe de seconde, de première, de terminale, personne n’a exigé d’eux le Bepc. Une mesure qui rentre dans le cadre de l’harmonisation du Bac, au sein de l’Uemoa, ne peut être appliquée, automatiquement. L’objectif, étant qu’à partir de 2021, le Baccalauréat soit uniformisé dans l’Uemoa. Les arrêtés 017, 018, 019, 020, signés le 13 mars 2003, associent les professeurs de l’enseignement secondaire, aux travaux du Baccalauréat. Nous avons rencontré le Dob, qui a accepté de fermer les yeux, sur les candidatures de l’année académique 2016-2017. Il y aura donc une période transitoire, pour aboutir à cette mesure de l’Uemoa, qui s’imposera à tous plus tard.
Que voulez-vous dire par période transitoire ?
Nous avons voulu donner la possibilité aux élèves qui sont en classe de seconde cette année, de passer le Bac, avant qu’on applique cette mesure. Ce n’est pas une remise en cause, mais le fruit d’une négociation. Le Dob, fait un travail excellent. Mais lorsqu’une décision pose problème, nous nous devons de nous rapprocher du Dob, puisque nous sommes partie prenante dans l’organisation du Bac. Il est important que le travail qu’il effectue soit perfectionné.
Est-ce que vous avez reçu une certaine pression de la part des parents ?
Reconnaissons qu’il y a eu assez de panique, dans le rang des élèves, lorsque la décision a été prise. Nous avons été interpellés à plusieurs niveaux. Le Dob est à féliciter, il a su prendre des responsabilités face aux réalités du terrain.
Propos recueillis par Rachida Houssou
Francis Maxime Okoundé, porte-parole adjoint de la Conetra-Bac (Coordination nationale des enseignants pour les travaux du baccalauréat) :« L’initiative a péché au niveau de la démarche »
« D’abord je voudrais reconnaître et féliciter le Dob, Alphonse da Silva, pour les initiatives prises pour réformer le Bac béninois et lui renforcer sa crédibilité au plan national et international. C’est de notoriété publique et hors du Bénin que notre Bac est un label qu’il faut sauvegarder à tout prix. Ensuite, j’ai suivi les réactions parfois violentes à son encontre. C’est un peu excessif de s’en prendre à sa personne. C’est un homme, il peut se tromper et comme il est très humble, il sait revenir en douce sur ce qui peut perturber cet examen très sensible. Cela dit, je comprends aussi les appréhensions et récriminations de certains par rapport à ce qui apparaît comme un filtre élitiste pour confiner les enfants des pauvres dans une sous classe d’indigents condamnés aux tâches d’exécution. L’intention du Dob est le souci de la qualité des candidatures au Bac aux fins de relever quantitativement et qualitativement les statistiques des résultats au delà de 30 ou 35 % ; de maîtriser les effectifs des candidats pour minimiser les coûts de revient par candidat au regard du budget stationnaire de l’Office ces dernières années, surtout avec l’abattement de plus de 15% du budget en 2016 ; de rationaliser le ratio ressources allouées/dépenses ou charges de l’Office. Enfin, c’est au niveau de la démarche et de l’opportunité que l’initiative a péché et n’a pas requis toutes les précautions politiques et sociales. Car toute réforme tournerait court si elle n’est pas fondée sur une large communication, sensibilisation et concertation des acteurs clés concernés, leur à pleine adhésion et leur accompagnement pour garantir les chances de succès et l’atteinte des objectifs fixés. Ce qui a manqué, ce n’est pas un mépris de cette procédure que connaît bien le Directeur, mais plutôt l’envie de bien faire et de coller à l’ère des réformes et de la Rupture. Des non-dits ont peut-être joué, mais le reproche du secondaire, est l’absence de la cogestion du Bac décidée depuis 2010 à Bohicon de manière consensuelle entre les représentants des sous secteurs du secondaire et du supérieur pour sauvegarder le label du Bac béninois. L’Arrêté devant consacrer cette conditionnalité relève des prérogatives du ministre en charge des enseignements secondaires, Lucien Kokou. Cet arrêté dans le cadre de la cogestion devrait préciser que le passage en seconde induit l’obtention du Bepc sanctionnant la fin des études au premier cycle et la moyenne de passage 10/20. Il devrait également prévoir une disposition transitoire pour gérer ceux qui sont actuellement en classe de seconde, de première et de terminale sans le Bepc, donc une période de trois ans. Ainsi personne ne serait exclue du Bac, les chances de réussite seraient égales pour tous, tout en luttant contre la médiocrité et l’échec scolaire tel que le mentionne l’article 5 de la loi portant orientation de l’éducation nationale en République du Bénin. En conséquence et au regard de la non association du Cabinet du ministre des enseignements secondaires, les Chefs d’établissement d’enseignement secondaire public ont été instruits aux fins du gel de cette condition. Pour le Bac 2017 comme l’an passé, les candidats officiels du public et du privé composeront sans le Bepc, pour ceux qui ne l’auraient pas. Ce n’est plus une obligation. Le Dob avait déjà anticipé sur Radio Tokpa lorsqu’il annonçait qu’il n’était qu’à la phase de sensibilisation. C’est un acte d’humilité à saluer : incident clos. Pour la Conetra-Bac, la solution et la garantie de succès des réformes restent et demeurent la cogestion consensuelle du Bac entre le secondaire et le supérieur. Nous la réclamons avec force et comme base pour un Bac 2017 apaisé. Nous attendons de pieds fermes le séminaire-évaluation du Bac 2016 pour lever tous les goulots d’étranglement et rétablir le secondaire dans ses droits ».
Propos recueillis par Hospice Alladayè
Président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Bénin (Unapeed) : « La décision du Ministère ne peut que me réjouir »
« La décision du Dob je l’avais trouvé trop hardie, trop avancée. Parce qu’il n’y a pas de texte conditionnant l’obtention du Bac au Bepc. Quand nous on était encore élève, moi j’ai fréquenté avec des camarades qui ont eu le Bepc la même année que le Bac. Il n’y avait pas d’interdiction. Et sans le Bepc on pouvait se présenté au Bac. Donc les barrières qu’on avait érigées se sont peu à peu défoncées, surtout le probatoire. Mais aujourd’hui qu’on revienne avec d’autres barrières pour bloquer la chose, je ne trouve pas ça nécessaire. Le Bac est régi par des textes et un directeur de l’Office ne peut faire des choix unilatéraux conditionnant l’obtention du Bac. La décision du Ministère ne peut que me réjouir ».
Propos recueillis par Angèle Toboula
Avis partagés au Ceg "Le Littoral" à Cotonou
C’est une décision qui a dissipé les craintes des candidats au Baccalauréat n’ayant pas le Bepc. Du moins ceux qui y postulent cette année. L’ancienne décision exigeait des élèves en classe de terminale, l’obtention du diplôme de Bepc avant de passer le Baccalauréat. Une mesure qui déboussolait les candidats. A la lumière de la décision du ministre Lucien Kokou, les élèves du secondaire qui n’ont pas encore leur Bepc peuvent passer le Bac. Mais, Margueritte, élève en classe de Terminale A2 au Collège d’enseignement général "Le Littoral", s’indigne contre cette nouvelle donne. « C’est injuste. Comment est-ce qu’ils peuvent passer le Bac sans avoir eu le Bepc ? Ce n’est pas normal », affirme-t-elle pour exprimer son désaccord. Dans ce collège du premier arrondissement de Cotonou, Agnès de la terminale D2, trouve pathétique cette nouvelle mesure. Elle sera appuyée par Simon Adjivon, élève également dudit collège. « On plaint le cas de ceux qui n’ont pas le Bepc et qui vont au Bac cette année. Nous n’allons pas nous échiner pour avoir le diplôme et eux ils vont se permettre d’aller composer le Bac sans avoir obtenu ce diplôme du Bepc. Nous sommes nerveux d’apprendre cette nouvelle du ministre », a-t-il laissé entendre. Par contre, d’autres trouvent salutaire cette décision. C’est le cas de Luc Ahouansou qui accueille la nouvelle avec beaucoup de soulagement. « Le temps passe et chaque année on prend de l’âge », a-t-il lancé pour justifier sa position. Dans le rang des enseignants, les avis sont aussi divergents. Pour Bonaventure Agbo, professeur d’Anglais au Ceg "Le Littoral", c’est une mauvaise décision, car elle encourage la paresse, la médiocrité. Le professeur justifie : « elle peut pousser les élèves à rester à la maison toute l’année scolaire. A la veille de l’examen, on commence par assister à des simulacres de révision. Une chose qui favorise l’échec cuisant de nombreux candidats ». Il faut que l’élève ait d’abord le Bepc avant de passer le Bac a-t-il ajouté. Pourtant, son collègue, professeur de philosophie Rémi Koudayi, est d’avis contraire.
Richard Hounga (Coll.)
Une décision du Dob mal accueillie dans le Zou-Collines
La décision du Directeur de l’Office du Bac (Dob) interdisant aux candidats n’ayant pas le Brevet d’étude du premier cycle (Bepc) de se présenter à l’examen du Baccalauréat est mal vu par les professeurs et les parents d’élèves du Zou et des Collines. Au Collège d’enseignement général (Ceg) de Zogbodomey, les professeurs rencontrés ne sont pas favorables à cette décision. Rémi Agbon est professeur de mathématiques au Ceg Zogbodomey et tient une classe de terminale/D. « Moi je ne soutiens pas cette décision parce qu’elle réduit la chance aux élèves. Moi par exemple, j’ai eu mon Bepc en seconde. Et tout le monde n’a pas cette chance de l’avoir avant la terminale », a-t-il expliqué. Un de ses collègues qui a requis l’anonymat renchérit en indiquant que cette décision a obligé plusieurs élèves qui devraient faire normalement la terminale cette année à se retourner en troisième. « Ce qui constitue une perte de temps et d’énergie pour eux. » Un autre professeur qui enseigne le français au Ceg/Zogbodomey complète : « Cette décision vient un peu comme pour interdire à un élève de la troisième de ne pas continuer avec la 2nde même s’il a la moyenne de classe sans le diplôme ». A Abomey, les avis n’ont pas variés. Léopold Fayomi, conseiller pédagogique et professeur de mathématiques au Ceg/Goho va plus loin en estimant que cette décision est brutale. A l’en croire, la volonté d’assainir le Bac est normale mais il fallait soumettre la décision à un groupe élargit pour requérir un large consensus. « Tel n’est malheureusement pas le cas », a-t-il déploré. A défaut de mettre en application cette décision qui suscite tant de réactions, il propose que l’ancienne pratique soit ramenée. Il s’agit de l’Ipect qui est un test d’entrée en classe de terminale instauré en vue de passer au tamis les candidats. « Lorsque vous échouez à l’Ipect, vous n’accédez pas à la classe de terminale », se souvient-il. Ces genres d’initiatives, poursuit-il seront bien accueillies pour permettre de faire le tri et de présenter des candidats valables. Firmin Koulo, président de l’Association des parents d’élèves du Lycée technique de Bohicon pense que la décision du Dob est inopportune et sélective en ce sens qu’elle est prise dans un contexte où le système éducatif est en proie à une crise liée au déficit criard d’enseignants, de moyens et autres. Aussi, elle exclut une bonne partie de candidats qui n’ont pas le Bepc mais qui peuvent bien faire au Bac. « Dans cette condition, les parents en souffrent parce qu’il n’est pas acceptable d’investir sur un enfant et de le voir reculer », a-t-il souligne.
ZéphirinToasségnitché
(Br Zou-Collines)
Des appréciations divergentes dans le Septentrion
Tout candidat à l’examen du Baccalauréat doit être titulaire du Bepc. Cette mesure du Directeur de l’Office du Baccalauréat est différée par le ministre en charge de l’enseignement secondaire. La décision s’inscrivait dans le cadre de l’harmonisation des conditions d’accès aux différents examens dans l’espace Uemoa. Le moratoire de deux ans ainsi obtenu du Dob par le ministre Lucien Kokou suspend l’exécution de la décision conditionnant la candidature au Bac par la détention du Bepc. Bien que cette décision ait été suspendue par le ministre de l’Enseignement secondaire, de la formation technique et professionnelle, elle suscite toujours des réactions de part et d’autre, surtout dans le milieu des établissements secondaires concernés. Pour certains enseignants avertis des questions pédagogiques, cette décision qui était la bienvenue dans le système éducatif avait déjà commencé par être mise en application. Mais le cafouillage constaté entre le Dob et sa hiérarchie n’est pas de nature à favoriser le meilleur fonctionnement des administrations des collèges chargées d’exécuter à la base ces décisions qui se prennent et se contredisent au sommet. Pour l’enseignant certifié de Spct au Ceg Titirou à Parakou, cette décision du Dob n’était pas mauvaise puisque, poursuit-il, cela permet de savoir que l’élève a effectivement fini avec le premier cycle. Selon Félicien Laboucodé, certains élèves qui n’ont pas le Bepc ne font même pas la classe de seconde avant de se retrouver en classe terminale. Leur faible niveau augmente anormalement les taux d’échecs aux examens du Bac.
Hervé M. Yotto
(Br Borgou-Alibori)
Avis d’enseignants de Natitingou
Nicole Hodonou Affolabi, Censeur au Ceg1 Natitingou : « C’est déplorable que les 2 structures ne se soient pas consultées… »
« J’avais l’information de la décision du Dob qui a mis dans les critères pour la validation de candidature au Bac, l’obtention du Bepc. Nous étions en train d’informer nos candidats de ce critère, et c’est ce matin que j’apprends qu’il y a un autre son de cloche de la part du ministre de tutelle. A mon avis, je pense que la décision de l’Office du baccalauréat nous permettra vraiment d’assainir un peu les modalités de candidature au Bac et surtout d’aller dans le sens de l’efficacité. Un candidat qui n’a pas encore fini avec le Bepc n’a pas toutes les potentialités pour faire face efficacement à l’obtention du Bac. C’est un peu déplorable que les deux structures ne se soient pas consultées avant la publication de la décision du Dob. On souhaiterait qu’ils se mettent ensemble maintenant pour revoir les choses afin que l’information soit la même à tous les niveaux et pour finir avec les situations de doute dans l’administration des collèges et même au sein des élèves »
Sotima Bienvenu Manté, adjoint au Censeur du Ceg1 de Natitingou : « Nous étions pratiquement en train d’exécuter cette décision... »
« Il est vrai que le Directeur de l’office du baccalauréat a adressé un communiqué aux chefs d’établissement leur demandant de ne pas présenter des candidats qui ne soient pas déjà titulaires du Brevet d’études du premier cycle (Bepc). Nous étions pratiquement en train d’exécuter cette décision lorsqu’une autre note de service nous est parvenue faisant savoir que le Ministère, en quelque sorte, remet en cause cette décision du Directeur de l’Office du Bac. L’autorité ministérielle nous demande d’accepter ces élèves-là. Pour ma part, je crois que pour aller en terminale, c’est la moyenne de classe qui sanctionne le passage. Un élève qui a obtenu régulièrement les 10 et plus est autorisé à aller en terminale. Que quelqu’un qui n’a pas le Bepc puisse passer le Bac, il se pose deux problèmes. Le premier cas de figure est que le candidat est astreint à deux examens dans la même année. En même temps qu’il doit préparer le Bepc, il prépare le Bac. Je crois que dans la réalité, on se rend souvent compte que, il néglige un au profit de l’autre. Et bien qu’il soit en terminale, il prend le plus souvent la décision de réussir au Bepc, et là il commence par être absent aux cours de terminale. Dans le second cas, il prend l’option de consacrer ses efforts pour avoir le Bac. Ainsi, il peut obtenir le Bac sans le Bepc. Or, au niveau supérieur pour certains concours par exemple, il est demandé de présenter tous les autres diplômes antérieurs. C’est peut-être le souci qui avait animé le Dob à obliger les candidats à avoir d’abord le Bepc avant d’aller au Baccalauréat. Mais au-delà de tout, le ping-pong que nous avons observé entre l’autorité de tutelle qu’est le ministre et l’institution spécialisée d’organiser le Bac est une chose qui n’est pas intéressante. Il va falloir donc revoir cette manière de procéder. Désormais, s’il faut que le Dob requière d’abord l’avis du ministre avant de prendre des décisions, qu’il le fasse pour que nous aussi n’ayons pas à nous dédire. Les chefs d’établissements qui ont déjà pris des dispositions ont dit aux élèves qu’ils ne peuvent plus être candidats au Bac sans le Bepc. Et maintenant, qu’on leur dise ça y est. Vous voyez ? Ça participe de l’effritement aussi de l’autorité du chef de l’établissement »
Propos recueillis par Prince Ouindé
(Collaboration)
Sylvain Adékpédjou Akindès :« Le Dob a pris des libertés inadmissibles »
« Le Baccalauréat est un diplôme national et un Directeur ne peut se permettre d’en modifier les conditions d’accès. Nous ne sommes pas dans un pays sans règle et sans préséance. Le Dob a pris des libertés inadmissibles dans un pays qui se respecte. Si la décision de la suspension a été prise, je la soutiens sans réserve ».
Sognon Florent, enseignant d’Eps et Conseiller pédagogique au Ceg 3/Lokossa : « La décision du Dob va mettre tout le monde au travail »
« Le Bepc est le diplôme qui sanctionne les études du premier cycle et le Bac, celles du second cycle. Comme le Togo à côté avant de passer le Baccalauréat, il faut réussir d’abord au probatoire en classe de première, donc instituer le Bepc comme diplôme à avoir avant d’aller au Baccalauréat n’est pas une mauvaise chose. Moi je pense que le Directeur de l’Office de Baccalauréat est en train d’œuvrer pour une suite dans les études ; puisque nous remarquons souvent que l’organisation du Bepc pose problème. Entre temps, on était habitué à un système de rachat et nous voyons des élèves qui sont carrément en dessous de la moyenne en troisième, mais qui réussissent miraculeusement au Bepc. Certains n’ont pas la moyenne de classe, mais quand ils réussissent au Bepc, ils prennent le Bepc comme une moyenne de classe et ils ne peuvent plus continuer dans les établissements publics et se retrouvent dans les établissements privés en classe de seconde. Ils continuent les études jusqu’au Baccalauréat et parfois ça marche pour certains et ne marche pas pour d’autres, alors qu’entre temps, ils n’avaient même pas réussi pour la seconde. Que le Bepc est exigé pour déposer les dossiers de Baccalauréat, c’est une bonne chose. On a remarqué que pour cette rentrée, certains parents d’élèves ont pris la décision de retourner leurs enfants qui passaient de première en terminale de reprendre la troisième pour avoir le Bepc, ça pose un problème de niveau. C’est une bonne décision puisque ça va permettre à tout le monde de se mettre vraiment au travail. J’exhorte le Directeur de l’Office du Baccalauréat à continuer dans ce sens de l’excellence parce que c’est ce que nous recherchons actuellement. »
Léopold Fayomi, Conseiller pédagogique au Ceg/Goho à Abomey : « Il faut envisager le retour de l’Ipect »
« La décision d’imposer le Bepc à tous les candidats au Bac est un peu brutale. Cette décision est si importante qu’elle ne saurait rester seulement au niveau du Directeur de l’Office du Bac pour être directement appliquée. Il fallait la soumettre à l’appréciation d’un groupe élargi pour mieux mûrir la réflexion. Telle qu’elle a été prise, je me demande même s’il a soumis cette proposition au ministre de tutelle avant que ça ne fasse l’objet d’une décision que les chefs d’établissement doivent appliquer. Je crois que c’est brutal. On est d’accord qu’il faut assainir le milieu du Bac afin que l’on ait des candidats valables. A défaut de prendre une telle décision, il faut, peut-être, envisager le retour de L’Ipect, communément appelé première partie du Bac. C’est un test qui donnait accès à la classe de terminale. Lorsque tu échoues à ce test, tu n’accèdes pas à une classe de terminale. On peut envisager quelque chose de ce genre. On sent la volonté de bien faire, mais il faut prendre du recule par moment sinon on sera décrié pour un rien du tout ».
Firmin Koulo, président de l’Association des parents d’élèves du Lycée technique de Bohicon : « Cette décision est inopportune et sélective »
En tant que parents d’élèves, je ne crois pas que mes pairs soient d’accord avec la décision du Dob. Moi-même je ne suis pas d’accord. Il est vrai, quand on travaille bien, on réussit. Mais de l’autre côté, il y a la chance. Nous avons connu des élèves qui, durant l’année scolaire, ont occupé les meilleurs rangs, mais qui échouent au Bepc. Il suffit d’avoir zéro dans une matière, quand bien même vous avez la moyenne, vous échouez. Cela ne veut pas dire que l’élève est complètement nul s’il n’a pas encore eu son Bepc. Donc, il n’est pas normal qu’on interdise le Bac à ceux qui n’ont pas le Bepc. En notre temps, les autodidactes et ceux qui ont fait les universités populaires et qui, pour une raison ou pour une autre, n’ont pas pu avoir le Bepc, se présentent au Bac et réussissent grâce au concours de leurs camarades. Le Dob doit alors revoir sa copie. Ce qui aurait été souhaitable, avant de prendre une telle décision, c’est de consulter les acteurs du système éducatif et les parents. Nous devons tout faire pour qu’une telle décision soit bien murie à l’avenir ».
Propos recueillis par Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)
Jeannette Samadi, professeur certifié d’espagnol : « La décision du Dob a été brusque »
Je suis d’accord avec la décision du ministre. La décision du Dob n’est pas mauvaise en soi sauf qu’elle a été brusque. Pour une telle décision, il faut une démarche. Il faut informer suffisamment et prendre le temps de l’expérimenter pendant trois ans au moins pour que déjà en classe de troisième l’élève sache ce qui l’attend s’il n’a pas le Bepc sur le parcours. La réforme avant d’être mise en œuvre devra également tenir compte des réseaux de falsification des bulletins de notes. Parce qu’il est aisé de noter que certains apprenants qui échouent une classe commencent l’année suivante le cours suivant dans un autre collège souvent avec des bulletins de notes falsifiées. Il faut que la réforme du Dob voit tous ces aspects avant maintenant d’entrer en vigueur. Le gouvernement doit prendre le temps de voir tous les aspects d’abord ».