L’Islam semble se décrédibiliser ces derniers jours pour ne pas dire depuis quelques années au Bénin. Pourtant reconnue comme celle qui prône le plus, la solidarité et l’union des fidèles, la religion musulmane devient malheureusement une pomme de discorde sociale dans plusieurs localités du pays. Il y a quelques années seulement, c’était des affrontements sanglants à Sakété avec à l’origine, la désignation de l’Imam de la mosquée centrale. La même raison a entrainé des pertes en vies humaines, il y a quelques jours seulement à Sèmère. S’incrivant dans une dynamique anticipative, le Préfet de l’Ouémé a pris, jeudi 20 octobre 2016, un arrêté portant fermeture de la mosquée Sofwa sise au quartier Sèdjèkô dans le 2ème arrondissement de Porto-Novo. Ceci en raison de la situation tendue au sein de la communauté musulmane de la localité et qui est susceptible de créer des troubles à l’ordre public. A l’origine des mécontentements, la mesure de suspension prononcée par le Conseil des Imams Djamiou de l’Ouémé-Plateau à l’encontre de l’Imam Adéwalé Ayouba de ladite mosquée. Quelle localité s’offrira en spectacle les jours à venir ? Tel le vent de destitution des maires qui souffle actuellement au Bénin, la religion musulmane s’apparente à un terrain politique où on y mène une guerre d’intérêt. La fonction d’imamat n’étant pourtant pas rémunérée selon les prescriptions islamiques, il y a lieu de se demander le motif de cet intérêt au poste. Pourquoi les guides religieux voudraient-ils s’attirer la colère d’Allah en mélangeant la politique politicienne à la religion musulmane ? Voudrait-on se servir du coran comme un instrument commercial ? Ces guides religieux qui s’affrontent et qui incitent à la violence ont-ils vraiment la crainte d’Allah ou seraient-ils aveuglés par des intérêts ? Autant de questions qui trottinent dans la tête du fidèle musulman béninois au regard des faits auxquelles trouver des réponses reste un casse-tête. La fraternité légendaire reconnue à la religion musulmane est visiblement sacrifiée sur l’autel des intérêts. Il importe, face aux faits, que les associations de musulmans notamment l’Union islamique du Bénin prenne ses responsabilités afin que l’image de la religion ne se ternisse davantage. Certes, l’Union n’est pas habiletée à proposer ni imposer un Imam à une communauté mais elle serait davantage utile à la communauté si elle se donnait plus de pouvoirs. Vivement que la pandémie n’étende pas davantage ses tentacules.
Aziz BADAROU