l parait que quand on rentre en politique, il y a des coups qu’on reçoit et c’est quand même étonnant. Vous savez au temps de Yayi, pendant tout le dernier quinquennat, les menaces arrivaient tout le temps, pour dire qu’on allait mettre la drogue dans mes marchandises. Nous avons été vigilants. Dieu aidant, ils n’ont pas pu atteindre leur objectif et ce fut le tour de la rupture à laquelle nous même, nous avions participé. Ce que je dois vous dire est que nous ne sommes pas là pour polémiquer et nous faisons entièrement confiance à notre justice. Ce que je dois dire à l’instant où nous sommes, c’est qu’il y a des agents de Comon qui ont été arrêtés et qui sont en garde à vue et nous allons laisser la justice faire son travail mais il faudrait que la lumière soit faite parce que nous recevons les milliers de container. Comment est-ce qu’ils ont su que dans ce seul container, il y avait de la drogue ? Alors, il faudrait que le gouvernement de la rupture fasse de la lumière. C’est une manière de voyous puisque nous avons constaté que les plombs qui étaient sur les containers n’étaient plus là.
D’habitude, quand on constate ces anomalies, on appelait seulement les experts maritimes et çà permettait à l’expert maritime et au consignataire de se faire représenter pour constater si éventuellement, en violant les plombs, il n’y a pas eu vol. Ce matin quand on m’a saisi de la question, j’ai dit : laissé les faire leur travail, c’est plutôt un contrôle de routine. On m’a dit non il y a toute une armada de gendarmes, etc… Alors je leur ai dit que si ça sort du cadre normal, appelez un huissier pour constater mais soyez vigilants pour que quand vous ouvrez, on n'y mette rien dedans parce qu'on m’avait déjà prévenu que ces derniers temps, ils essayeront de mettre quelque chose dedans pour me créer des ennuis.
Ce que je voudrais dire, si dans les semaines, le gouvernement de la rupture ne fait pas l’effort pour que les responsabilités soient situées, ce serait dommage pour notre économie parce qu'en fait ceux qui ont fait le coup pensent que ça va s’arrêter là.
Mais malheureusement pour eux, la société qui a envoyé les marchandises n’est pas une petite société. C’est la plus grosse société d’agroalimentaire du Brésil qui a envoyé les containers. Vous savez, tout est tracé. On sait quand le container est mis, quels sont les plombs qui sont mis dessus, jusqu’à ce qu’il arrive à Cotonou. Ce que je voudrais demander aux enquêteurs, c’est de donner la température. D’habitude quand nous ouvrons les containers, nous prenons la température car si vous faites des vices de formes sur ce dossier, ça va mal se passer.
On est dans un pays civilisé et vous ne pouvez pas nous faire peur. Si Yayi n’a pas pu me faire peur, ce n’est pas vous qui me feriez peur. Je souhaiterais que la procédure puisse suivre son cours mais je dois vous dire qu’on doit tout de suite introduire les sondes pour prendre la température. Car, si c’est une marchandise qui est venue de là-bas, elle doit être congelée car ce sont des gésiers de dinde qui sont arrivés et il y a 2600 et quelque cartons. Les produits n’ont pas été dissimulés dans les cartons mais laissés à l’entrée du conteneur. Ça fait honte, ça ne fait pas de bien à notre pays. On doit aider notre pays à prospérer et non le détruire. Je fais confiance à la justice qui est le dernier rempart. Nous nous tenons à la disposition de la justice pour que la vérité puisse triompher. Mieux, il faut que les enquêteurs prennent les empreintes qui se trouvent sur le sac retrouvés dans le conteneur. Il faut que notre pays s’en sorte grandi et que d’ici une semaine, qu'on me dise voilà ceux qui ont osé aller violer les containers de Comon et mettre du n’importe quoi dedans.
Mais ce qu’ils doivent comprendre, c’est que Comon n’est pas encore propriétaire de la marchandise. Moi c'est quand je la reçois dans mes entrepôts que ça devient ma propriété. En fait, ils ont à faire aujourd’hui au shipper et ça va mal se passer. Ils sont en train de décrédibiliser complètement notre pays. Je souhaite que la lumière soit faite dans ce dossier»
Propos transcrits par M.M
Me Jacques Migan, un des avocats de Sébastien Ajavon
« Nous tenons à préciser qu’aucune notification de garde à vue ni de charge ne lui (Sébastien Ajavon, Ndlr) a été fait. Toujours selon le parquet, l’enquête a été confiée à l’Ocertid. Jusqu’à présent, notre client Sébastien Ajavon n’a pas été auditionné. Depuis le vendredi 28 octobre, M. Sébastien Ajavon est privé de sa liberté de façon évidemment arbitraire. Ce qui constitue une violation des droits de l’homme garantis par notre Constitution et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples»
Propos transcrits par A.S
Wilfried Houngbédji, D/Com présidence de la République « Ce n’est pas une affaire du gouvernement»
« Ce n’est pas une affaire du gouvernement. C’est le genre d’affaire dont la gravité interpelle tout un chacun en raison de la Nature des faits évoqués mais aussi en raison de la statue de la personne en cause dans cette affaire. Et on peut comprendre légitiment les réactions qu’il y a ici et là, les supputations qui se font ici et là. Ce qu’on comprend le moins, c’est l’imagination fertile de certains de nos compatriotes à vouloir voir forcément tel ou tel dans l’affaire, à imaginer des réunions secrètes ici où là. En somme, tellement d’incongruités qu’on n’est pas dans la sérénité qu’il faut pour aborder cette question-là. Mon opinion personnelle est que Monsieur Sébastien Ajavon, c’est un illustre béninois qui compte sans doute parmi les plus importants. Et cela ne devrait laisser personne indifférent. Mais après, nous sommes tous des citoyens de ce pays. Nous sommes dans un pays dont j’ai coutume de dire qu’il n’est pas encore une nation et que nous devrions travailler à le transformer en Nation et à en consolider les bases. Lorsqu’on entend certains commentaires, certaines allusions qui ne valent pas la peine d’être, on doit s’inquiéter de notre niveau collectif d’éducation et d’appréciation des faits. Nous sommes dans un pays qui se veut démocratique où la séparation des pouvoirs est de mise. La justice et les corps spécialisés impliqués dans l’affaire sont en train de travailler. Nous souhaitons tous qu’ils aillent vite, qu’ils finissent et qu’ils livrent à l’opinion les tenants et aboutissants de cette affaire. Il ne s’agit pas pour le gouvernement de se mêler de ça comme pour aucune institution de s’en mêler. Il faut rappeler à l’attention des uns et des autres que la Constitution du Bénin garantit la présomption d’innocence et que l’on est présumé innocent jusqu’à ce que notre culpabilité ait été établie au cours d’un procès régulier par les cours et tribunaux. Donc en l’absence de tout ça, les supputations qui vont dans tous les sens n’ont pas leur raison d’être (…) Si on interroge les faits, les personnes en présence, M. Sébastien Ajavon, c’était un candidat à la présidentielle de cette année, arrivé 3èmequi a soutenu le président Talon pour la victoire. Nous sommes dans l’hypothèse où il ne s’agit même pas d’adversaire politique. On peut déjà s’interroger sur quelles pourraient être les raisons d’’un gouvernement et de son chef qui a bénéficié de l’appui de cet homme dont les représentants sont au gouvernement pour s’en prendre à lui… Je le dis, il est présumé innocent. Nous espérons tous, et c’est mon vœu le plus profond, qu’à l’arrivée M. Ajavon a été malencontreusement mêlé à cette affaire et il sera libre de ses mouvements. Maintenant, laissons les gens faire leur travail et venir nous rendre compte»
Propos transcrits par A.S