Le ministre de la Santé Alassane Seidou reçu ce dimanche 30 octobre sur l’émission Zone franche de Canal 3 Bénin a partagé les propositions du gouvernement aux crises que connaît actuellement le secteur de la santé et les ambitions des nouvelles autorités pour donner une bouffée d’oxygène à ce secteur.
« Je suis convaincu qu’on va trouver une solution qui viendra des deux parties. Ils vont reprendre le travail », a affirmé le ministre Alassane Seidou avec sérénité en réponse au mouvement de débrayage déclenché par les agents de la santé. Il a reconnu la légitimité des revendications des travailleurs. « C’est une injustice et le gouvernement est prêt à les rétablir dans leurs droits », a-t-il affirmé. Et c’est pour ce faire que, nonobstant les contraintes budgétaires, le gouvernement a proposé de payer une première partie en 2016 et une seconde partie en 2017 avec notamment un quart d’ici fin octobre 2016, un quart en fin décembre 2016, un quart en juin 2017 et le dernier quart en décembre 2017. Le ministre a annoncé que le premier quart est déjà disponible au niveau du ministère. A noter que la prime s’élève à cent mille par agent soit plus du milliard au total. Même si la proposition du gouvernement n’est pas bien reçue par ces travailleurs, le ministre a rassuré de la volonté de l’équipe gouvernementale à arriver à un consensus. C’est pourquoi il a exhorté les travailleurs du domaine de la santé à rester ouverts au dialogue à l’instar du gouvernement pour qu’une solution soit trouvée dans les jours à venir. S’agissant de la situation qui prévaut au Centre national hospitalier universitaire (Cnhu-Hkm), le ministre de la santé a laissé entendre que le gouvernement ne peut pas s’ingérer directement pour des questions de bonne gouvernance. « C’est un problème qui est posé à l’intérieur de la structure et qui est gérable au niveau du Chnu qui a un Conseil d’Administration ». Toutefois, il assure de ce que la situation est suivie de près. La question des dialysés n’a pas été occultée. Le ministre a réaffirmé l’engagement du gouvernement à mettre fin aux irrégularités enregistrées pour une prise en charge efficiente des dialysés qui auront, dorénavant, chacun, un carnet de suivi.
« L’Etat veut assurer la qualité et le coût réduit des prestations »
La décision du Conseil des ministres de mettre en affermage certains hôpitaux de zone a été l’une des préoccupations soumises à l’invité. Sur la question, le ministre de la santé clarifie : « On parle d’affermage lorsqu’on met en location un bien rural au profit d’un fermier. L’hôpital mis en affermage reste la propriété de l’Etat. L’Etat suit le fonctionnement et le fermier est contraint de respecter les clauses du contrat. Ce n’est donc pas une privatisation ». Cette décision, à en croire le ministre, fait suite au constat que les hôpitaux publics sont moins fréquentés. Et pour causes, le mauvais accueil, les rançonnements, la défaillance du plateau technique, le double exercice des médecins dans le public et le privé. L’avantage de la mise en affermage serait alors que le fermier suit régulièrement et rigoureusement le travail des agents de santé qui sont contraints de travailler à la hauteur de ce qui est attendu d’eux. Pour ce qui concerne le Cnhu et les centres départementaux, l’invité a assuré qu’ils ne seront pas mis en affermage et que des dispositions sont en train d’être prises pour améliorer les prestations de services à travers l’agence contrôle-qualité. Sur la question du coût, le ministre Alassane Seidou a indiqué que les hôpitaux mis en affermage respecteront les normes. « L’Etat ne construit pas des hôpitaux pour s’enrichir et l’Etat ne permettra pas aux privés de s’enrichir exagérément sur le dos des populations », a-t-il affirmé avant d’ajouter que le souci de l’Etat, c’est que les populations puissent bénéficier des soins de qualité à un coût réduit ». Il en a profité pour inviter les maires et la société civile à s’impliquer davantage dans le fonctionnement des hôpitaux de zone.
L’Etat n’abandonne pas le Ramu
Pour témoigner de l’effectivité des mesures sociales depuis l’avènement du gouvernement actuel, le ministre Alassane Seidou a énuméré quelques unes qui sont toujours en cours : la gratuité de la césarienne, la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans atteints de paludisme, la gratuité du traitement des malades de l’hépatite B et de l’insuffisance rénale. Pour ce qui est du Ramu, le ministre a expliqué que le gouvernement est dans une logique d’amélioration. « En choisissant le Ramu, le Bénin n’innove pas. Il y a une méthode, un processus à suivre. Avant de lancer les prestations d’une telle assurance, il faut une base financière », a-t-il affirmé. Cette base, selon les explications du ministre s’obtient grâce à la contribution de l’Etat et au prélèvement sur le revenu de chaque agent. Au Bénin nous avons commencé par le secteur privé informel, un secteur dans lequel le prélèvement est quasi impossible. Conséquence pas de base financière. Il a alors annoncé que l’Etat veut gérer l’assurance avec le recours au partenariat public-privé en confiant la question aux spécialistes.
La lutte contre les faux médicaments
Pour le ministre de la santé Alassane Seidou, la solution radicale et durable au commerce des faux médicaments, c’est que l’Etat parvienne à assurer gratuitement la consultation et la fourniture en médicaments. Pour l’expliquer, il part des raisons qui amènent les populations à acheter les faux médicaments. Il en a donné pour preuve la récidive des contrevenants malgré les saisis répétitifs opérés. L’invité a assuré que l’Etat s’organise pour mieux mener la lutte, une lutte qui dépasse les frontières nationales, une lutte qui associe beaucoup d’acteurs : les ministères de la santé, de la justice, de l’intérieur, de la gouvernance locale. « Nous allons agir et nous sommes en train de nous organiser mais nous pensons que la solution durable et convenable c’est la prise en charge correcte des populations ». Par ailleurs, il a fait remarquer que les populations ont recours aux faux médicaments par manque d’informations sur la Centrale d’achats des médicaments, dont les dépôts sont présents dans toutes les communes, qui disposent de produits pharmaceutiques à moindre coût notamment les médicaments en générique.
Les grands axes du Pag dans le domaine de la Santé
S’agissant du programme d’actions du gouvernement en ce qui concerne la Santé, le ministre a indiqué que les réformes prévues sont celles contenues dans le projet de société du président Patrice Talon. Il s’agira notamment de créer des agences au niveau du ministère de la santé pour plus d’efficience dans la mise en œuvre des projets. Parmi les trois agences prévues, l’agence nationale de la médecine hospitalière pour s’occuper du bon fonctionnement des hôpitaux, l’agence de contrôle-qualité des pratiques médicales pour définir les normes et veiller à leur respect. « L’Etat s’engage aussi à promouvoir la formation des cadres et d’ici 2017, la formation des spécialistes aux fins de faire fonctionner normalement les hôpitaux de zone », a-t-il indiqué. Il est également prévu la création de 3 centres de dialyse.
Anselme Pascal Aguéhoundé