Le tribunal de première instance première classe de Cotonou vient de prononcer par son audience du vendredi dernier, la relaxe de l’homme d’affaires Sébastien Germain Ajavon et trois de ses collaborateurs arrêtés dans la ténébreuse affaire de cocaïne découverte dans un container de la société Cajaf Comon Sa. Il a conclu à un doute absolu dans cette affaire qui a mobilisé toutes les attentions pendant huit jours.
Libérés au bénéfice du doute, c’est la substance de la décision du juge qui connait de cette affaire à péripéties juridico-politiques. Et pourtant, la réquisition du ministère public ne laissait présager d’une telle issue: « dix (10) ans de prison ferme » contre les prévenus. Mais le collectif des avocats a démontré les limites et le flou qui entourent le dossier.
La pression populaire aussi, non suscitée y a contribué d’une manière ou d’une autre, avec à la clé une mobilisation générale spontanée.
De fortes personnalités de la République y voyaient un vaste complot et craignaient une effervescence populaire. Leurs appels témoignent d’un engagement solidaire pour éviter à la République une remise en cause prématurée du système.
Mais à vrai dire, ce dossier était truffé de doutes.
Le doute dominant du dossier
Il y a lieu de relever de doute à plusieurs niveaux de ce dossier.
Premièrement, c’est la source des informations y relatives qui interpellent sur la qualité du système mis en place. Plusieurs informations discordantes ne convergeant pas dans le même sens confondent sur la manifestation de la vérité. Surtout, la déclaration très spectaculaire d’un capitaine qui, à vue d’œil lance dans l’opinion que, dix-huit (18) kg de cocaïne valaient neuf (9) milliards francs CFA. Cette déclaration, à tout le moins dangereuse, portait les signes patents d’un montage grotesque.
Depuis l’ouverture du conteneur querellé, où des attitudes suspectes ont suscité et provoqué des commentaires, même l’homme le plus vulgaire y a noté une gestion artisanale et banale d’une situation aussi sensible. Le professionnel a déserté l’exercice de la fonction ; et la mission en a pris un grand coup. Du doute partout et en tout temps, l’homme d’affaires visé avait toutes les chances d’échappé à ce montage, à un western de mauvais goût.
La justice béninoise exemplaire, redonne confiance
Heureusement qu’il y a une justice, qui s’affirme. Tout paraissait contre l’homme malheureux de la présidentielle de mars 2016. Mais il y a ce pouvoir pour situer véritablement sur la question.
Les démonstrations maladroites du jour de l’arrestation n’ont pu influencer encore moins infléchir l’implacabilité de la justice. Sereine dans ses appréciations, elle a tranché. Pas pour faire droit à un complot de mauvais goût qui se tramait contre le premier contributeur de l’économie nationale.
IL faut dire tout simplement que cette décision, bien que juridique et judiciaire, revêt aussi un caractère social pour ce qu’elle corrobore la position justifiée d’une population révoltée contre les agissements d’agents aux ordres diaboliques.
La vérité a éclaté, le droit est dit dans les règles de l’art et les nombreuses populations, mobilisées depuis cette arrestation comme un seul homme pour la cause et le triomphe du juste, sont comblées. L’espoir renait et la confiance est rétablie entre la justice et les justiciables, par cette historique décision de relaxe de Sébastien Germain Ajavon et consorts.
Félix MAHOUGNON