Lors de l'ouverture lundi à Marrakech (sud du Maroc) de la 22ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22), au protocole de Kyoto (CMP12) et à l'Accord de Paris (CMA1), la présidente de la COP21 et ministre française de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, Ségolène Royal, a appelé à concrétiser "la justice climatique, surtout pour l'Afrique".
Selon Mme Royal, la justice climatique consiste à assurer les financements et le transfert des technologies à ce continent qui "subit le plus les impacts des changements climatiques, surtout la désertification". L'Afrique est également appelée à faire face aux enjeux de sa croissance démographique qui va croître d'ici à 2020, a-t-elle indiqué, précisant que les 10 milliards de dollars destinés à soutenir le développement des énergies renouvelables à l'échelle du continent, s'avèrent une "décision prise par les Africains et pour les Africains".
Un an après l'Accord de Paris sur le climat, les financements pour les populations les plus vulnérables restent insuffisants.
Selon le président de la COP22 et ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, Marrakech sera un moment qui marquera une inflexion dans la dynamique en relation avec le climat.
"Nous changeons de paradigme vers une économie sobre en carbone qui nécessite des flux de finance climat importants à destination des pays les plus vulnérables", a-t-il dit, notant que ces pays attendent des projets concrets et fondent leurs espoirs à ce que les Etats aient de plus grandes ambitions et que la société civile s'engage aux côtés des Etats. Il a, en outre, ajouté que l'un des enjeux principaux de cette COP est le financement, tout en énumérant cinq chantiers majeurs en relation avec les pays en développement, à savoir : l'eau, l'énergie, les villes, les forêts et l'agriculture.
Pour sa part, la secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Patricia Espinosa, a relevé que la première Conférence des parties à l'Accord de Paris (CMA1), qui se tiendra le 15 courant sera un moment de célébration, mais aussi une opportunité pour réfléchir aux défis et enjeux auxquels font face les pays vulnérables aux changements climatiques. Elle a assuré que le travail se poursuivra à Marrakech pour examiner et compléter les détails d'un régime global et transparent appuyant une action globale, avec un agenda de 100 milliards de dollars. Les gouvernements seront également appelés à chercher à clarifier l'adaptation des mécanismes de financement et des mesures de renforcement des capacités pour aider les pays en développement, a-t-elle ajouté.
Même son de cloche chez Benjamin Schachter, responsable du dossier du changement climatique au Haut-commissariat aux droits de l'homme (HCDH), qui a déclaré qu'il était temps "d'agir et de prendre des mesures immédiates d'atténuation et d'adaptation, tout en s'assurant que les actions pour le climat bénéficient aux groupes les plus vulnérables".
A noter que la COP22/CMP12/CMA1, dont les travaux se poursuivront jusqu'au 18 novembre, doit opérationnaliser l'Accord de Paris sur le climat, entré en vigueur le 4 novembre, et accélérer l'action avant 2020 pour réduire l'impact des changements climatiques, tout en respectant les droits humains énoncés dans l'accord. Cette Conférence sera l'occasion de traiter de plusieurs thématiques relatives, notamment à l'agriculture, la sécurité alimentaire, l'énergie, les forêts, l'industrie, le transport et l'eau.
Cet événement planétaire se déroule dans le village Bab Ighli, qui s'étend sur une superficie de près de 300.000 m² et connaît la participation de 20.000 délégués de 197 Parties. Quelque 23.500 participants sont déjà inscrits sur la zone bleue du site de la conférence - gérée par l'ONU -, ainsi qu'un total de 30.000 participants dans la zone verte (société civile, acteurs privés...). La présence de plus de 43 chefs d'État et plus de 32 chefs de gouvernement est confirmée, auxquels s'ajoutent quelque 3 300 acteurs de la société civile.