La volonté du gouvernement de Patrice Talon de créer une force unique de sécurité intérieure continue toujours d’attirer les attentions. La commission mise en place par Décret pris en conseil des ministres le 26 Octobre 2016 travaille toujours et déposera son rapport dans deux semaines, environ. Mais une question taraude les esprits : laquelle des deux forces sera emportée par la fusion ?
Visiblement, cette question a déjà sa réponse. L’histoire des deux forces, leurs missions et leur étendue laisse entrevoir un emploi de plus. La gendarmerie est une force de police à statut militaire, chargée de la sécurité dans les zones rurales et les zones périurbaine. C’est pourquoi les gendarmes sont généralement appelés des militaires particuliers.
Ils sont présents dans les campagnes, les villes et sur les opérations à l’extérieure. Les missions de la Gendarmerie sont de deux ordres à savoir : les missions de police administrative, destinées à prévenir les troubles (surveillance générale, lutte contre le vagabondage, missions d’assistance, escorte des convois, maintien de l’ordre lors des marchés, foires, fêtes et rassemblements divers) et les missions de police judiciaire, destinées à réprimer les faits n’ayant pu être empêchés (constatation des crimes et délits, établissement de procès-verbaux, réception des plaintes et des témoignages, arrestation des criminels). Les gendarmes sont des acteurs et des témoins privilégiés de l’intervention de l’État, des politiques de sécurité et du fonctionnement de la société. La gendarmerie est présente dans 24 pays africains (francophones pour la plupart). Elle est aussi en Asie, en Europe et en Amérique (mais pas aux Usa). Elle a été dissoute dans 15 pays du monde.
La police nationale, par contre, est présente sur tous les continents. On la retrouve aussi bien dans les pays francophones qu’anglophones. Elle a été dissoute dans deux pays seulement. Les Etats -Unis d’Amérique disposent d’une police nationale. Comme on le dit souvent dans des milieux indiqués, la police est un corps civil habillé. On lui a donné les armes pour assurer la sécurité intérieure et dissuader en cas de besoin. Elle a pour missions fondamentales d’assurer le respect de l’ordre public, la sécurité et la protection des institutions de l’Etat et veiller sur la préservation des libertés publiques et la protection des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire national.
La victime de la fusion
Les missions de la police nationale sont pratiquement les mêmes que celles de la gendarmerie nationale. C’est vrai que la police est supposée être plus présente en zone urbaine tandis que la gendarmerie est prévue pour couvrir les zones rurales, mais il est remarqué de nos jours que dans des villes ou localités, le commissariat de police et la brigade de gendarmerie sont implantés l’un à côté de l’autre. Les gendarmes, visiblement, semblent être les plus souvent confrontés au problème d’équipement. Evidemment, ils dépendaient du Ministère de la défense nationale dont les moyens n’étaient pas destinés à équiper des forces chargées de la sécurité intérieure. La police ne s’en plaint souvent pas trop. En termes d’effectif, la police a pris le dessus, selon nos sources.
En plus de ces éléments, deux actes du Gouvernement actuel laissent savoir déjà là où on va. D’abord, la commission Nagnimi a travaillé sur les réformes au sein des forces de défense et de sécurité au Bénin. Le rapport déposé le 30 Aout 2016 a recommandé la mise à disposition de la gendarmerie au Ministère de l’intérieur pour emploi (des sources insistent qu’un Décret du genre existait déjà). Le 16 Septembre 2016, le chef de l’Etat prend effectivement le Décret (premier signe). Cet acte montre déjà que le Gouvernement tend vers l’unification des forces. Mais puisque la commission Nagnimi n’avait pas été claire et précise sur le point, certainement, le président de la République a senti le besoin de se faire plus clair. Le conseil des Ministres du 26 Août 2016 annonce la fusion et met en place une commission à cet effet (2è signe).
A partir de cet instant, on sait déjà quel corps se promène et pourrait être victime des affres de la fusion.
Pas de confusion
La fusion peut faire disparaître une force (la gendarmerie ou la police). Mais cela ne signifie pas que les hommes vont disparaitre. Si c’est la dénomination « police nationale) que prendra la nouvelle, par exemple, les gendarmes seront reconvertis simplement. Les grades seront respectés et rémunérés sans problème. La tenue peut changer, ainsi que les couleurs, logos et autres. Seulement, cette fusion, si elle devrait être réelle, ne pourra se faire que progressivement. Le Gouvernement veillera à ce que tout le pays soit couvert et que les dispositions soient prises pour une reconversion certaines des éléments de la force qui va disparaître. Le Bénin n’est pas le seul à le faire. Plusieurs pays du monde ont déjà réussi la fusion. De toutes les façons, l’armée nationale, quant à elle, restera intouchable.
Félicien Fangnon