Reconnu pour être un centre d’excellence où seulement les meilleurs des douze départements du pays sont recueillis pour y poursuivre leur cursus scolaire, le Prytanée militaire de Bembèrèkè (Pmb) perd de plus en plus son prestige d’antan. Des voix s’élèvent pour dénoncer une magouille autour des critères de sélection. Selon les informations, cette année au Prytanée militaire de Bembèrèkè et au Lycée militaire de jeunes filles Général Mathieu Kérékou, des enfants n’ayant pas composé sont appelés à entrer dans ces écoles au détriment des méritants. Approchée, une source des Forces armées béninoises confirme qu’il arrive que des enfants n’ayant pas composé soient appelés à entrer au Prytanée. «C’est ce qu’on appelle dans l’armée une décision de commandement ou décision d’autorité. Mais cela ne se fait pas au détriment des méritants», a-t-elle précisé.
Le principe serait que les trois premiers au Cep de chaque département, filles et garçons, soient appelés à passer un test d’entrée. Généralement, après leur admission et après la visite d’aptitude, il arrive que les premiers obtiennent une bourse pour aller à l’extérieur. Les enfants qui après le texte ont occupé le 4e rang sont alors repêchés pour remplacer les boursiers. Mais, cette année, cela n’aurait pas été le cas. Des informations font état de ce que parmi les 11 qui sont repêchés cette année, il n’y a que trois qui ont effectivement subi les épreuves d’entrée et aucun d’eux n’avaient occupé le 4e rang. L’un a occupé le 5e rang dans le Borgou et les deux autres ont occupé le 19e et le 23e rang dans les Collines. En dehors de ces trois, les huit autres qui sont appelés n’auraient même pas mis pied dans le centre de composition. Par quel critère ont-ils été alors appelés? De même, les informations font état de ce que les effectifs des nouveaux ‘’Enfants de troupe’’ entrant en classe de 6ème auraient connu un changement.
Approchée pour en savoir plus sur les critères de sélection au Prytanée militaire de Bémbèrèkè et au Lycée militaire de jeunes filles Général Mathieu Kérékou, une source bien introduite des Forces armées a battu en brèche toutes ces allégations. D’abord à propos des effectifs, notre source a indiqué que pour la rentrée 2016-2017, l’effectif est de 51 Enfants de troupe dont 11 étrangers pour la classe de 6ème, contre 58 dont 10 étrangers en 2015 et 62 dont 8 étrangers en 2014. Au sujet des enfants n’ayant pas composé et qui sont appelés à entrer dans ces écoles, notre source affirme que de même qu’aucun texte ne stipule que ce sont les premiers qui reçoivent des bourses pour aller à l’extérieur, aucun texte ne stipule non plus qu’il faut repêcher les 4èmes pour remplacer les boursiers. Il confirme cependant que des enfants qui n’ont pas composé peuvent être appelés à entrer dans ces écoles. Cela s’appelle, a-t-il dit, décision de commandement ou décision d’autorité. Seule l’autorité décide des critères de sélection de ces enfants et en répond. Il a évoqué comme exemple, l’enfant d’un caporal décédé en mission ou l’enfant de quelqu’un qui a rendu service à la nation peut être appelé à entrer au Prytanée militaire même s’il n’a pas composé. A l’entendre, cela se passe ainsi dans tous les pays du monde à la seule condition que ceux qui ont composé et qui méritent d’être sélectionnés ne soient laissés en rade.
Le système de quota en question
Pour comprendre un peu plus l’origine des allégations de magouille, nous nous sommes intéressés au système de quota. Notre source nous renseigne qu’après le Cep, il est établi une liste des 50 premiers par département. Or, il se fait que le 1er du département de l’Atlantique, par exemple, peut avoir pour département d’origine le Zou, ou l’Ouémé et vice-versa. Il faut alors classer ces 50 premiers dans leur département d’origine avant de pourvoir y extraire les trois premiers de chaque département. Même s’il arrive que le 5e ou le 17e, par exemple, d’un département donné, ait une moyenne plus forte que le 1er ou le 2e d’un autre département, le système de quota exige que l’on prenne obligatoirement les trois premiers de chaque département. Mais alors, puisqu’aucune loi ne stipule que systématiquement les quatrièmes de chaque département soient appelés pour remplacer les premiers en cas de bourse à l’extérieur, ceci peut expliquer le fait que le 5e du Borgou, le 19e et le 23e des Collines soient appelés à entrer au Prytanée. Mais là encore, on peut trouver à redire.
Le pouvoir discrétionnaire entretient le flou
A part les 36 garçons et 36 filles de chaque département, d’autres enfants,qui n’ont pas composé, sont appelés à entrer au prytanée militaire ou au Lycée militaire des jeunes filles Général Mathieu Kérékou. Cela fait partie du pouvoir discrétionnaire de l’autorité qui juge de l’opportunité d’appeler tel enfant plutôt que tel autre. Dans les années antérieures, une fois, il est arrivé que parmi les 50 premiers du département du Borgou, 25 étaient de Pèrèrè. Mais après le test d’entrée, on a remarquéqu’aucun des 25 de Pèrèrè ne se retrouvait sur la liste définitive des appelés. Comment expliquer cela?Les allégations qui font état de ce que des gens qui n’ont pas composé sont appelés à entrer aux prytanéesmilitaires au détriment des méritants ne seraient donc pas toutes fausses? Quel est donc ce pouvoir discrétionnaire qui n’est pas connu du grand monde et quels sont ces critères dont seule l’autorité, qu’elle soit militaire ou politique en répond? Ce pouvoir n’est-il pas une brèche ouverte à la magouille et à l’injustice? Le flou qui fait qu’aujourd’hui, on soupçonne une magouille dans le processus de sélection pourrait se situer à ce niveau.
Nécessité de repenser le processus
Une réforme dans le processus de sélection des appelés à entrer au Prytanée militaire s’avère aujourd’hui indispensable. Tout au long du processus actuel, il existe des poches de fraude. Déjà dans l’organisation du Cep, il arrive que des parents composent à la place de leurs enfants juste pour pourvoir les faire entrer au Prytanée de Bembèrèkè ou au Lycée militaire de jeunes filles Général Mathieu Kérékou. Il y a des jonglages qui se font (et cela a été confirmé par notre source) pour attribuer de meilleures notes à certains enfants. Cela fait qu’aujourd’hui, on ne retrouve plus forcément les meilleurs au Prytanée militaire de Bembèrèkè et au Lycée militaire des jeunes filles Général Mathieu Kérékou. Tout ceci, ajouté au pouvoir discrétionnaire d’une autorité, fait que le processus de sélection ne soit aujourd’hui exempt de tout reproche. Les autorités militaires ou politiques ont donc la responsabilité de changer la méthode, fermer les circuits de fraude, afin de redorer le blason du Prytanée militaire et donner la même chance à tous les enfants méritants qu’ils soient fils d’autorités ou de paysans.
B.H