« Je m’y suis préparé (…), je suis déjà prêt maintenant et tout de suite (…). Je ferai de la lutte contre la corruption un combat de tous les instants et de tous jours ; et qui n’épuiseront pas les efforts inlassables de la justice et de la société civile destinés à mettre un terme à l’impunité ». C’est ce qu’affirmait urbi et orbi Patrice Talon, le 6 avril 2016 au stade Charles de Gaulle à son investiture à Porto-Novo. A l’écouter dans la partie Nord du Bénin le week-end écoulé, sur l’affaire 18 kg de cocaïne dans laquelle son allié et homme d’affaire Sébastien Ajavon a été interpellé, il semble que le chef de l’Etat se plaint déjà de la réalité du pouvoir d’Etat. En effet, face au « bas peuple » Patrice Talon se demande si « nous somme vraiment prêts à lutter contre l’impunité ? ». Au OUI de ses interlocuteurs, il martèle qu’il n’y croit pas. En sept mois seulement d’exercice, et face à ce premier dossier, le patron de l’Exécutif dénonce publiquement les pressions qu’il a subies de la part des syndicats, d’autorités politiques et religieuses. Veut-il dire par là qu’il a désormais les mains liées ou qu’il se sent déjà essoufflé à cause des pressions qu’on subit dans la lutte contre l’impunité? En tout cas, s’il est un chantier sur lequel lui et son gouvernement sont attendus, c’est aussi la lutte contre l’impunité qui passe par la publication des audits avant leur transfert à la Justice. Visiblement, ça craint pour cette lutte sous Talon. Mais devrait-il se plaindre des pressions qu’il dit subir si tant est que Patrice Talon connaît le Bénin et s’est réellement préparé pour exercer le pouvoir d’Etat? Il devrait foncer puisqu’il a prôné la Rupture et un Nouveau départ d’avec ce qui se faisait jusque-là. Sans doute que Patrice Talon n’a pas voulu faire comme le feu Général Mathieu Kérékou qui affirmait : « si vous êtes prêts, moi aussi je suis prêt ». En tant que compétiteur né, le chef de l’Etat a voulu aussi se démarquer de son prédécesseur, Yayi Boni, qui à la suite du président Kérékou a dû dire sur ce point, « si nous voulons changer notre pays, changeons nous-même ». En déclarant qu’il connaît le pays et qu’il s’est préparé pour le miracle, Talon n’a-t-il pas mis la barre trop haut ? En tout cas, ce qu’attend la population à l’heure du bilan, ce sont plus les résultats que les « pressions ».
J. B.