Après sept mois, le Nouveau départ, a connu il y quelques jours, sa véritable première crise avec la garde-à-vue du magnat de la volaille. Patrice Talon, qui a observé jusque-là un mutisme des plus mystérieux, a finalement fait part de ses commentaires sur l’affaire lors de sa tournée dans le Septentrion le weekend dernier.
Depuis quelques semaines l’actualité politique nationale s’agite .Il y a d’abord eu le débat sur le Budget général de l’Etat, puis ensuite, la montée de l’adrénaline autour de la scabreuse affaire de drogue saisie au Port de Cotonou. Incrédules, beaucoup de compatriotes ont crié à une cabale organisée contre le patron de Cajaf common. D’autres sont même y allés voir une main du chef de l’Etat derrière. Malgré, les réactions de personnalités et ministres, dont Joseph Djogbénou, Garde des sceaux, les esprits ne sont pas apaisés. Relaxé de guerre lasse, au détriment du doute par la Justice, Sébastien Ajavon, arrivé 3ème lors de la présidentielle de mars 2016, a vu son statut de héro se renforcer. Silencieux jusqu’la, le chef de l’Etat, a enfin parlé. Lors dans de sa tournée dans certaines grandes villes du septentrion, Patrice Talon, visiblement fâché ou ulcéré n’a pas mâché ses mots. Le chantre de la rupture semble agacé par le comportement de la population et une partie de la société civile lors de la garde à vue du magnat de la volaille. Il n’a pas du tout été tendre. Pour lui, la réaction de certains leaders, les pressions et les appels reçus pour faire libérer son allié de la présidentielle, sont incompréhensibles. « Est-ce que nous sommes prêts à lutter contre l’impunité ? Non, non, non, je ne crois pas. Parce qu’il y a eu des événements qui se sont produits il y a quelques jours, j’ai reçu des pressions d’un peu partout, de la part de beaucoup d’hommes politiques », a-t-il confié sur un ton amer. Avant d’ajouter, un brin déçu : « Si publiquement les péchés deviennent des actions de gloire, c’est dangereux pour le pays. Il est important pour nous que publiquement nous ayons au moins la mesure, le courage de ne pas faire l’apologie du péché, parce qu’après il n’y a plus de repères ». Ne pas faire l’apologie du péché, ni en faire une action de gloire. Ces mots aux accents plutôt catholiques, démontrent la déception du Premier magistrat. Il aurait certainement voulu que le patron des patrons béninois, malgré son poids économico-social et politique, soit traité comme un justiciable ordinaire.
Une République des juges
La presse l’avait souligné toute la semaine écoulée, les relations entre Patrice Talon et Sébastien Ajavon ne semblent plus au beau fixe. En tout cas, l’entente qui a fait naître la coalition de la rupture n’existe presque plus. Les raisons évoquées par les uns et les autres pour justifier cela, sont nombreuses. Ce qui est sûr, Patrice Talon n’a pas voulu qu’on le mêle à cette affaire dite "Ajavon". Patrice Talon qui se veut cohérent avec lui-même, justifie son comportement par le refus de ne pas cautionner le « péché ». Cela voudrait dire que les fautes commises par son allié sont graves. Du moins, à ses yeux. Malheureusement le cas Ajavon, qui aurait pu être un cas d’école, a été vidé de sa substance par la Justice. Celle-ci, qui se veut désormais un véritable 4ème pouvoir, s’est mise au-dessus de la mêlée pour imposer sa loi.
W.N