La découverte des antibiotiques fut l’un des plus grands progrès scientifiques que le monde ait jamais puisqu’ils ont permis de traiter efficacement beaucoup de maladies pour lesquelles il n’existait aucun traitement. Mais leur usage inapproprié a eu pour conséquence, le développement de la résistance aux antibiotiques et aux autres médicaments antimicrobiens, un problème de santé qui s’accroit de jour en jour et qui préoccupe les organismes de santé.
« Aujourd’hui, si vous contractez une infection bactérienne – même une infection grave qui fait que vous devez être hospitalisé – vous restez probablement confiant, persuadé qu’un antibiotique vous guérira », cette déclaration de Marc Sprenger, directeur du secrétariat de l’Organisation mondiale de la Santé chargé de la résistance aux antimicrobiens résume parfaitement le comportement de bon nombre de personnes face à une maladie infectieuse. Convaincus que les antibiotiques peuvent aider à venir à bout des infections, quelles qu’elles soient, beaucoup de malades se ruent sur les antibiotiques notamment les plus accessibles, c’est-à-dire les génériques. Dans les pays africains où le recours au médecin ou à l’infirmier n’est pas le premier réflexe du malade, c’est par l’automédication que commence tout traitement. Il suffit de faire un tour dans les pharmacies, officines et autres lieux de vente de médicaments pour constater comment certains médicaments, y compris des antibiotiques, sont dispensés sans aucune prescription du médecin ou du pharmacien. L’automédication favorise la consommation abusive et inappropriée des antibiotiques et par ricochet, le développement de la résistance aux antibiotiques.
«Nous accélérons de façon dramatique le phénomène en utilisant les antibiotiques en trop grandes quantités et souvent à mauvais escient », souligne Marc Sprenger. Aujourd’hui, on estime que dans la moitié des cas, les antibiotiques sont prescrits pour des infections d’origine virale pour lesquelles ils ne sont d’aucune utilité. Il ajoute que « Bon nombre de ces infections deviennent rapidement résistantes à des médicaments qui permettent de sauver des vies.
L’antibiotique seulement en cas de besoin avéré
Il est inévitable que chaque médicament perde, avec le temps, sa capacité à tuer les bactéries à l’origine de la maladie. Ceci parce que les bactéries, par la sélection naturelle et l’adaptation génétique, deviennent résistantes aux antibiotiques ».
Pour mieux faire connaître le phénomène mondial de résistance aux antibiotiques et d’encourager le grand public, les personnels de santé et les décideurs à adopter les meilleures pratiques afin d’éviter l’apparition d’une résistance aux antibiotiques, l’Organisation mondiale de la Santé a initié la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques qui court du 14 au 20 novembre de l’année en cours. Dans ce cadre, l’agence onusienne attire l’attention des professionnels de la santé et des Etats sur l’impérieuse nécessité de travailler à lutter contre les infections de sorte à éviter ou limiter le recours aux antimicrobiens. Au nombre des mesures à mettre en œuvre, figure le renforcement des mesures d’hygiène et de lutte contre l’infection, notamment la vaccination. A cela s’ajoutent les mesures de lutte contre l’infection, telles que l’assainissement, le lavage des mains, la sécurité sanitaire des aliments et la salubrité de l’eau.
Aux professionnels de la santé, il est recommandé de ne prescrire ou de ne donner d’antibiotiques que lorsqu’ils sont sûrs que ces antibiotiques sont absolument nécessaires et qu’il s’agit bien de l’antibiotique dont le patient a besoin. Aux patients, il est recommandé de prendre les antibiotiques seulement lorsqu’ils ont été prescrits par un professionnel de santé agréé. Et précision importante lorsqu’on prend un antibiotique, il faut toujours aller jusqu’au bout du traitement, même si on se sent mieux, parce qu’arrêter le traitement trop tôt favorise la croissance des bactéries résistantes aux médicaments. Ces recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé sont également valables pour le traitement des animaux.
Par ailleurs, il attendu des gouvernements qu’ils mettent en place des mesures incitatives pour le développement de nouveaux antibiotiques?
Reine AZIFAN