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Lutte contre l’impunité : La détermination de Patrice Talon face au refus des populations
Publié le mardi 15 novembre 2016  |  24 heures au Bénin
Cérémonie
© aCotonou.com par Didier Kpassassi et Didier Assogba
Cérémonie d`ouverture du Caucus africain 2016 à Cotonou
Jeudi 04 Aout 2016. Palais des Congrès de Cotonou. Réunions des directeurs des deux institutions de Breton Woods, des ministres des finances, de l`économie du développement et des gouverneurs des banques centrales des 54 pays d`Afrique. Photo: Le président Patrice Talon




En tournée dans le nord du pays, le Chef de l’Etat s’est prononcé en des termes à peine voilés sur l’affaire Sébastien Ajavon qui continue de défrayer la chronique. Il a indiqué qu’il a reçu assez de pressions dans ce dossier. Cet aveu du Président de la République est la preuve de ce que les populations ne sont pas prêtes pour lutter contre la corruption.

« Dans une affaire récente que je ne veux pas nommer, j’ai reçu assez de pressions venant des personnalités politiques, morales et religieuses. Quand est-ce que nous allons lutter contre l’impunité dans ce pays ?... », s’est interrogé le Chef de l’Etat, le Président de la République, Patrice Talon, à Parakou, première étape de sa tournée dans le septentrion. Mais, il n’a pas dit s’il a joué un rôle ou non dans l’acquittement de l’homme d’affaires, Sébastien Ajavon qui a récemment eu des ennuis avec la justice béninoise suite à la découverte de 18 kilogrammes de cocaïne dans l’un de ses conteneurs au port de Cotonou. C’est dire que le Chef de l’Etat, lui-même, est face aux réalités du Pouvoir qui n’ont rien à avoir les promesses électorales. « Les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient… », a dit Me Adrien Houngbédji suite aux échecs dans la lutte contre l’impunité du Général Mathieu Kérékou après son retour au Pouvoir en 1996.
Le Président Patrice Talon est en train de comprendre les méandres de l’exercice du Pouvoir d’Etat. D’ailleurs, les circonstances dans lesquelles un Président est souvent élu à la tête du pays sont très peu favorables à la lutte contre l’impunité. En mars dernier, au second tour de l’élection présidentielle, le candidat Patrice Talon a fait appel à d’autres forces politiques pour l’aider à conquérir le fauteuil présidentiel. Il a dû conclure des accords de non agression avec des candidats malheureux du premier tour tels que Sébastien Ajavon (3ème avec plus de 23%), Abdoulaye Bio Tchané (4ème avec plus de 8%), Pascal Koupaki (5ème avec 5%) et d’autres candidats. Tous ceux-là ont appelé à voter Patrice Talon contre Lionel Zinsou de l’alliance républicaine pour des intérêts inavoués.
En quelques sortes, ces derniers, pour l’opinion publique, sont des intouchables dans la mesure où c’est eux qui ont aidé le Président élu à conquérir le Pouvoir d’Etat. La preuve est que l’arrestation de Sébastien Ajavon a été très tôt vue sous l’angle de l’ingratitude de Patrice Talon. Effectivement, des voix s’étaient levées pour condamner cela. Des grandes personnalités Albert Tévoédjrè, Nicéphore Soglo, des députés anciens comme nouveaux et surtout les populations ont exprimé leur solidarité à Sébastien Ajavon. Dès lors, lorsque d’autres personnalités du pays seront accusées à tort ou à raison dans des affaires douteuses, il y aura les mêmes réactions.
Le Chef de l’Etat, devant cette réalité, pourrait rebrousser chemin pour ne pas faire basculer le pays dans la spirale de la violence. Dans ces conditions, la détermination du Président Patrice Talon de lutter contre l’impunité serait ébranlée par les pressions politiques.
Par le passé, l’ancien Président de la République, Boni Yayi avait affiché sa volonté à lutter contre l’impunité. Mais, quelques temps après, il a dû abandonner ce chantier de la moralisation de la vie publique. C’est sous lui que plusieurs scandales se sont révélés au grand jour. Les affaires Icc services, affaires machines agricoles, Cen-Sad, disparition de Pierre Urbain Dangnivo, construction du siège de l’Assemblée nationale et autres dossiers de malversations n’ont pas été vidés. On pensait qu’il le faisait par mauvaise foi. Il suffisait de jeter un regard sur l’environnement socio-politique national pour comprendre les réalités politiques qui l’auraient contraint à fermer les yeux sur des scandales pour préserver la paix. Le Président Patrice Talon est cette même lancée. A quand alors la lutte contre l’impunité au Bénin ? Lui-même s’est posé cette question.

Paul Tonon
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