Au regard de toutes les grognes dont fait objet la gestion de l’actuel ministre de la culture depuis le 06 avril 2016, un artiste béninois a décidé de sortir de ses gongs. Son nom, Koffi Gaou. A travers une lettre ouverte adressée au Président de la république, il peint en noir les « fameuses réformes » du nouveau ministre qui n’arrangent pas le secteur culturel béninois.
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Lettre Ouverte de l’artiste Koffi Gaou au PR
PARALYSIE, AXPHYSIE ET MORT PROGRAMMEE AU MCT
Chers compatriotes, citoyennes et citoyens.
Messieurs les Honorables élus à l’Assemblée Nationale.
Messieurs les Elus locaux à divers niveaux de la pyramide géopolitique,
Excellence, Monsieur le Président de la République.
Messieurs les Membres du Conseil Economique et Social.
Monsieur le Médiateur de la République.
Le système administratif et politique béninois ne prévoit rien pour la vie des travailleurs artistiques. Aucun appel d’offre de marchés publics ou privés ne concerne les activités artistiques. La question se pose de savoir si les gouvernants reconnaissent l’existence des travailleurs artistiques que sont les artistes. Quelle importance accordent-t-ils à leurs activités et à leur survie ? Comment consomment-ils leurs produits dans la chaîne socio-économique du développement national ? Combien de milliards de francs CFA sont destinés à cette corporation de citoyens dans les 2.010 milliards du budget 2017 ?
Pendant la transition du Renouveau démocratique, le Collectif des Associations d’Artistes s’est battu et a initié le milliard culturel. D’une année à une autre, les luttes ont abouti et sont plafonnées au quintuple milliard culturel en 2016 au FAC : Fonds des Arts et de la Culture. Dès Avril 2016, le FAC est entré dans les collimateurs des réformes d’Etat. Présentement, à la Direction du FAC, le silence est total au sujet du dossier d’appel à candidature des gros projets. La chaude rumeur fait état de la suppression du quintuple milliard culturel, d’une réduction de 52% du fonds, et de la décision de placer les 42% restants du fonds dans une banque assistée de l’ouverture d’un guichet de crédit. On ne parlera plus de subvention, ni d’aide. Il sera question de prêts remboursables avec intérêts. Est- ce un recul ou une avancée ? L’argent de l’Etat placé dans une banque qui génère des intérêts !
Ces chaudes rumeurs voudraient bien se confirmer puisque jusqu’à présent l’appel à candidature selon la tradition au FAC ne s’ébruite guère. Que fait le Secrétariat Général du Ministère pour qu’on en arrive là ? A quoi servent les archives du FAC au point que la Direction opère les subventions à la baisse ? Pour quelle raison le Gouvernement s’attaque t- il aussi directement au secteur des arts ? Quel crime les travailleurs artistiques ont pu commettre à l’endroit de la Rupture ?
Combien sommes-nous à écouter gratuitement les musiques du monde sur les radios, les chaînes de télévision ? Combien sommes-nous à regarder, contempler gratuitement les créations cinématographiques et audio-visuelles sur les écrans de télévision de jour comme de nuit ? Avec le système numérique, les productions artistiques et culturelles sont tombées dans le domaine de la gratuité publique, totale et perverse. N’y a-t- il pas déjà suffisamment de méfaits, de dommages à l’encontre des artistes et leurs productions ? Monsieur le Ministre Ange N’KOUE et votre Cabinet, pourquoi cet acharnement manifeste et violent contre les travailleurs artistiques ? Ne devriez- vous pas vous considérer comme le protecteur, le défenseur avéré des acteurs et du secteur auprès du Gouvernement ? Ce fut une erreur d’avoir opéré la réduction sur le quintuple milliard culturel.
Je voudrais bien ici solliciter la bienséance des Gouvernants, de tous les décideurs politiques, de tous les Hauts Commis de l’Etat de ce pays à ne pas tomber dans le piège du mépris, de la médisance suicidaire de certains aventuriers dans le secteur ou observateurs étrangers, incompétents, et procéder à des analyses plus exhaustives de cette paralysie en gestation qui ne manquerait d’asphyxier le secteur au titre d’une mort maladroitement programmée. La solution qui fera sauver cet admirable et dynamique facteur de souveraineté et d’indépendance nationale (reste de porter) demeure dans le rehaussement de l’enveloppe du FAC à 0,5 % du budget national si tant est que nous souhaitons voir les arts et la culture devenir la locomotive du tourisme.
La Charte Culturelle à son article 49 nous dit : « L’Etat consacre une part des ressources de tous ses projets de développement économique à la promotion des arts et de la culture, au financement d’activités et d’infrastructures culturelles et de loisirs, au niveau régional ou national. »
Merci pour l’attention.
Abomey-Calavi le 10 Novembre 2016
L’Artiste : Koffi GAHOU / doyenkoffi@yahoo.fr / Tel : 97131691.