Plusieurs personnes impliquées dans l’affaire de gestion des véhicules d’occasion en escorte sont gardés à vue depuis hier à la Brigade économique et financière (BEF). Une trentaine de personnes dont des responsables de la Société d’exploitation du guichet unique du Bénin (SEGUB), de grosses pontes politiques sous le régime Boni Yayi. Ils seront présentés au Procureur de la République.
Sur saisine du parquet, la Brigade Économique et Financière s’est vu confier l’affaire de gestion des redevances d’escorte de véhicules d’occasion. Convoqués hier à la BEF, ils sont gardés à vue. Ils sont détenus dans le cadre d’une enquête sur les reversements non élucidés de plusieurs milliards dans le cadre de l’exercice de la fonction qui a été assignée à la société selon les résultats d’un audit commandité par le gouvernement béninois. À l’heure actuelle trois cadres de la SEGUB et une trentaine de personnes sont gardées à vue soit à la BEF ou dans d’autres unités de la Police Nationale. Marcel Alapini, Pascal Genet et Nicolas Duval, tous des responsables de la SEGUB ont été placés en garde à vue. Le Directeur général Pascal Genet et le Directeur des opérations Nicolas Duval (tous deux français) sont entre les mains de l’Office centrale de répression des trafics illicites de drogue (OCERTID) tandis que Marcel Alapini est avec la Brigade anti-criminalité du PLM.
En dehors de ces responsables de la SEGUB, plusieurs autres personnes ont été interpellées et gardés dans la même affaire. Selon nos sources, il y aurait entre autres un ancien maire qui a connu la prison il y a peu et son CSAF d’alors, un ancien directeur général du Centre national de sécurité routière, un pseudo responsable de mouvement politique de Zémidjan, un général de l’armée à la retraite, la femme et le fils d’un député…
En la SEGUB a été mandaté par l’Etat Béninois par Contrat de Concession en date du 10 novembre 2010 suite à un appel d’offres pour la sélection d’un Consultant-Opérateur pour la mise en place et l’exploitation d’un système d’information du Guichet Unique pour le Commerce Extérieur au Port de Cotonou. Selon des extraits de résultats d’audits livrés, le gouvernement lui reproche « l’insuffisance de la fiabilité du système de détermination de la redevance collectée qui se traduit par un moins perçu de près de 1,6 milliards et un montant non expliqué à ce jour de plus de 9 milliards entre le total des virements effectués en 2012 et le montant constaté sur les comptes bancaires du trésor », un « Paiement irrégulier au profit de divers opérateurs par surévaluation de leurs prestations : 12 sociétés impliquées (Betra BTP, Chayo SARL, EPS SARL, GEPS SARL, Alimos et Fils, GIE Parcs Accueil sone Sud, GTTB-TRAVCO, Laye Login GIE, STE OTRAMSA, Adeoti SARL, Fifty Fifty Ass Exchange) sans aucune contrepartie de prestation », « Des manquements graves dans la collecte et la réparation des redevances dont le défaut d’ouverture d’un compte bancaire dédié aux recettes de la filière des véhicules d’occasion en transit », « Le prélèvement par facturation sur le bordereau de frais unique (BFU) d’un montant additionnel de 10 000 FCFA par véhicule non prévu et destiné au Guichet Unique des Opérations du Commerce Extérieur (GUOCE) », l’« Inadéquation du descriptif de traitement des montants déconsignés pour la Douane ». Des accusations démenties par les responsables dans un communiqué publié dans plusieurs médias.
Amèdé MAHOUTONKPE