Les personnes épinglées par le rapport d’audit de la Société d’exploitation et de gestion du guichet unique du Bénin (Segub) sont depuis hier, pour la plupart, entre les mains de la police. Les mis en cause ont été convoqués et écoutés à la Brigade économique et financière (Bef) de Cotonou hier. Au terme des différentes auditions, 22 personnes sont gardées à vue et 4 relaxées. Et bien de personnalités figurent parmi ceux qui sont privés de leur liberté. Il s’agit notamment de : Mathias Gbèdan, ancien maire de la commune de Sèmè-Kpodji, Cornélie Oké, Directrice de la société Fifty-Fifty, Adolphe Domingo, frère de l’actuel maire de Houéyogbé, Sylvain Zohoun, ex-Dg du Centre national de sécurité routière (Cnsr) et Nazaire Dossa. Les responsables de la Segub sont aussi gardés. Le Directeur général, Pascal Genet et ses collaborateurs Marcel Alapini et Nicolas Duval doivent beaucoup d’explications aux enquêteurs. Des membres du groupement d’accueil des parcs de vente de véhicules d’occasion, du Mouvement des zémidjan pour un Bénin émergent (Mozebe), ainsi que certaines personnes dont les noms ont été citées dans ce sulfureux dossier leur tiennent également compagnie. Et pour leur séjour de fortune, les mis en cause ont été répartis entre le commissariat d’Hillacondji, la Direction centrale de la police judiciaire à Agblangandan, les cellules de l’Office central de répression de trafic illicite de drogue et des précurseurs (Ocertid) et la Brigade anti-criminalité à Akpakpa, non loin de l’hôtel Plm Alédjo.
Mais le Gl Soumanou Oké et le sieur Yaya Adéoti sont mis sous convocation et placés sous contrôle judiciaire. Quant à Frédéric Béhanzin et le Vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Ccib), ils ont été purement et simplement relaxés. Il faut tout de même noter que les sieurs Dominique Tagbodji, coordonnateur Fcbe de Sèmè-Kpodji, le député Oba Dénis et le Col Bako Mègougnan n’ont pas daigné répondre à leur convocation. Ils seront sans doute contraints à faire face aux chefs d’accusation (crime économique, corruption…) portés contre eux dans ce rapport d’audit de la Société d’exploitation et de gestion du guichet unique du Bénin (Segub). Il faut rappeler que le Col Bako Mègougnan et le Gl Soumanou Oké, sont de la société Betra Btp qui s’était opposée à fournir des explications aux membres de la commission de vérification (Selon le ministre Hervé Hehomey), soutenant qu’aucune clause d’audit n’est incluse dans la convention qu’elle avait signée avec l’Etat béninois. Aujourd’hui, ces deux personnes sont appelées à s’expliquer devant la justice.
En tout cas, les 22 personnes gardées à vue seront présentés au procureur de la République près le tribunal de première instance, de première classe de Cotonou, le vendredi prochain. Ce n’est donc que le début d’un feuilleton juridique qui réserve bien de surprises.
Il faut rappeler que la Segub avait été mandatée par l’Etat béninois pour encaisser les frais d’enlèvement des véhicules d’occasion en transit au Port de Cotonou et aux frontières terrestres du Bénin, et en assurer la répartition aux bénéficiaires. Et le montant total reversé sur la période de mars 2012 à avril 2016 à l’ensemble des prestataires impliqués dans cette filière est évalué à plus de 149.306.000.000 F Cfa. Une énorme manne financière, et c’est à juste titre que le nouveau gouvernement procède à des vérifications qui ont malheureusement révélé une gestion peu orthodoxe de l’activité. Environ 25 milliards ont été affectés à des sociétés sans aucun justificatif. Le gouvernement a donc décidé de transmettre le rapport d’audit à la justice.
Arnaud DOUMANHOUN/Journal Fraternité