Même si dans les sondages sa côte de popularité a dégringolé quant à sa gouvernance (65 à 43%), le président Patrice Talon a tout de même l’approbation de la plupart de ses compatriotes sur les réformes dans le secteur cotonnier. En effet, du sondage AVIS+ commandité par Matin Libre et réalisé par le Cabinet Plus value research and marketing (Pvrm Sarl), il ressort que 55% des Béninois trouvent que le retour de l’AIC est opportun pendant que 21% estiment que c’est bien comme réforme mais pas opportune, contre 24% d’opposition à cette réforme. Ce qui veut dire globalement que le retour de l’Association interprofessionnelle de coton est vu positivement par la majorité des Béninois qui pensent que c’est la structure la mieux indiquée pour mieux gérer le secteur.
Pour ce qui est des détails, il faut dire que le retour de l’AIC dans le coton, a été plus salué par les hommes (62%) contre 34% pour les femmes. Les retraités approuvent à 100% la réforme, suivi des employés du secteur public (80%), les sans emploi (61%).
J. B
67% pour le retour des usines Sodéco
A la question de savoir l’opportunité ou non de la fin de la réquisition des usines de la Sodéco, 67% de Béninois pensent que les réformes sont bonnes et opportunes. 20% sont contre et 13% trouvent que ce n’est pas opportun. Même si certains voient dans cette décision, une manière, pour le Chef de l’Etat, de rentrer en possession de ses biens et donc son intérêt personnel en jeu, les Béninois, dans leur grande majorité, pensent qu’il était temps de mettre fin à une réquisition qui n’a que trop duré. Ce sentiment reflète combien l’opinion publique nationale désavoue tout acte qui frise l’injustice. On se souvient que la réquisition est intervenue alors que Patrice Talon était en exil forcé. Et puisqu’il était le seul à disposer d’un nombre important d’usines d’égrenage du coton, le gouvernement d’alors, avec à sa tête Boni Yayi, avait pris la décision de réquisitionner les usines de Patrice Talon afin de sauver la campagne cotonnière en cours et celles qui ont suivi. C’était donc une décision, expression du droit du plus fort, de la raison d’Etat et le propriétaire desdites usines n’avait pas son mot à dire. Une fois que la roue a tourné, il était donc normal pour les Béninois que l’injustice soit réparée. Le seul hic ici, c’est que les résultats du sondage montrent qu’au niveau des agriculteurs, pêcheurs et éleveurs, la catégorie de personnes plus concernées par le secteur du coton, cette décision est approuvée seulement à 31% contre 34% de gens qui sont contre et 34% qui la trouvent inopportune. Par contre, les retraités approuvent la fin de la réquisition des usines Sodéco à 100%, les ouvriers à 83%, les cadres et directeurs d’entreprises à 86%. Pour les retraités, on peut déduire qu’ils disposent d’une certaine expérience dans le domaine, ce qui les fait penser que le coton, c’est le domaine de compétence de Patrice Talon. Chez les cadres et les directeurs d’entreprises, on peut comprendre qu’aucun chef d’entreprise ne voudrait que sa société soit réquisitionnée par l’Etat. Il est donc normal qu’ils n’approuvent pas la réquisition. Mais le fait que seulement 31% de la classe paysanne approuvent cette décision, pose un problème. Soit les gens n’ont pas une idée précise de ce que signifie la fin de la réquisition des usines de la Sodéco et quel sera son impact sur la campagne cotonnière.
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85% approuvent le remboursement des cotonculteurs
Le coton est la filière que connaît mieux le président Talon. Et les Béninois semblent lui reconnaître sa compétence et ses capacités dans ladite filière. Le sondage réalisé par le cabinet Plus value research and marketing (Pvrm Sarl) pour votre quotidien Matin Libre, renseigne suffisamment sur certaines initiatives liées à l’or blanc ; des initiatives prises par le gouvernement de la Rupture. Selon les statistiques issues du sondage, plus de 90% des Béninois apprécient positivement le remboursement de 19,5 milliards F Cfa de dettes aux producteurs de coton. Seuls 5% des populations jugent mauvaise l’initiative. Il faut souligner que par rapport aux couches interviewées, 84 % des Agriculteurs et pêcheurs soutiennent la mesure. 77% des commerçants et 84 % des jugent aussi la réforme bonne et opportune. 89 % des ouvriers et des sans-emploi apprécient également ce remboursement qui reste en principe une bouffée d’oxygène pour les cotonculteurs. Il faut noter que presque la totalité des Béninois reconnait le caractère bénéfique du remboursement des dettes pour toute la population. 78% des sans-emploi, 52% des étudiants, 66% des employés du secteur privé et 66% des agriculteurs et pêcheurs ont trouvé très avantageux ces remboursements. C’est dire que Patrice Talon a du soutien dans la filière coton. Les populations lui donnent presque carte blanche. Il ne peut en être autrement. Le Chef de l’Etat qui est désigné Roi du coton était un acteur majeur de la filière. Il contrôlait deux structures importantes de la filière avant ses déboires en 2012. Il s’agit de la Centrale de sécurisation des paiements et recouvrements (Cspr-Gie) chargée de la gestion des flux physiques et financiers, et la Commission Intrant (Ci) qui a pour rôle d’estimer les besoins en engrais des producteurs, de sélectionner les fournisseurs et d’organiser la distribution des engrais aux producteurs. Il contrôlait toute la filière puisqu’il était non seulement selon les témoignages, le plus gros importateur d’intrants, mais il était également le propriétaire de plusieurs usines d’égrenage. Ses sociétés employaient des milliers de citoyens béninois. Et la traversée de désert qu’il a connue entre 2012 et 2015 ont fondamentalement marqué citoyens qui le considèrent d’ailleurs comme une victime de la gouvernance de Yayi Boni. Président de la République, l’homme d’affaires Patrice Talon reste le magnat du coton. Seulement, il a désormais un devoir : ne pas décevoir les espoirs de ces Béninois qui croient toujours en lui.
A.S
Il faut préciser que le sondage qui a été réalisé via internet (avec un questionnaire à remplir) et par téléphone sur diverses couches de la population (alphabètes comme analphabètes) ; et ce, de façon aléatoire sur un échantillon de 609 personnes mais avec des réponses rapportées proportionnellement à la taille de la population suivant le RGPH4. Le taux de fiabilité est de 95% avec une marge d’erreur de 4%.