A l'image de feu Cardinal Bernadin Gantin et du Monseigneur Antoine Ganyé sous les régimes précédents, l'ancien président Nicéphore Soglo s'est proposé de jouer la médiation afin de réconcilier Patrice Talon et son allié du second tour Sébastien Ajavon. Ceci, au terme d'une rencontre entre les deux hommes hier au domicile du président Soglo. L'affaire 18kg de cocaïne qui a entrainé la garde à vue d'une semaine puis la libération au bénéfice du doute du magnat de la volaille, est à la base d'une « Rupture » entre les deux hommes d'affaires arrivés 2e et 3e lors de la présidentielle de 2016. Seulement, cette médiation intervient après certaines déclarations qui ne laissent pas le champ favorable à quelque médiation que ce soit.Longtemps resté silencieux sur le sujet, le gouvernement a fini par réagir par le biais du Garde des Sceaux, ministre de la justice Joseph Djogbénou. Au détour d'une conférence de presse Joseph Djogbénou avait laissé entendre ceci : « Je voudrais dire à tous les clergés possibles qu'à partir du moment où le circuit judiciaire est saisi et cela commence par les officiers de police judiciaire, le ministre de la Justice n'intervient pas. (...) Il aura sans doute d'autres affaires. Que celles et ceux qui voudraient se mobiliser sur ces affaires ne demandent pas au Président de la République et au ministre de la Justice d'intervenir». En déplacement dans le Septentrion, le Chef de l'Etat, pour la 1ère fois, a fait allusion à l'affaire 18kg de cocaïne. Il est allé dans le même sens que son ministre de la Justice en affirmant avoir reçu des pressions de concitoyens, d'autorités politiques, morales et de grandes personnalités pour consacrer ce qui n'est pas admis. Deux cas de figure se présentent Patrice Talon n'acceptait donc pas que des gens, qu'ils soient autorités morales ou religieuses, puissent intervenir pour lui demander de ne pas tenir rigueur à quelqu'un qui, selon lui, était en faute ou avait commis un péché, quel que soit son statut. Pis, il avait presque livré à la vindicte populaire ces autorités morales ou religieuses qui voudraient lui forcer la main à faire preuve de compromission. Et la conclusion qu'il en a tirée est que les Béninois ne sont pas prêts à lutter contre l'impunité. Dans un tel contexte, comment pourra-t-il être réceptif au message de réconciliation du président Nicéphore Soglo ? D'un autre côté, même si l'ancien Chef d'Etat arrive à faire entendre raison à celui pour qui, il a appelé à voter lors de la présidentielle de 2016, ne va-t-il pas lui imputer après la responsabilité d'un quelconque relâchement dans la lutte contre l'impunité ? Si déjà publiquement, Patrice Talon a évoqué les pressions subies de la part d'autorités morales ou religieuses afin de revoir sa position dans cette affaire dite de 18kg de cocaïne, il lui sera aiséd'attribuer la responsabilité d'un probable échec dans la lutte contre l'impunité à ces pressions qu'il a subies. De cette entreprise, Nicéphore doit s'attendre à deux cas de figure. Soit il essuie un échec dans sa tentative de réconcilier les deux hommes avec comme argument, c'est une affaire de justice ou il réussit à réconcilier les deux alliés d'hier avec le risque d'être pointé du doigt plus tard comme un obstacle à la lutte contre l'impunité ? Jusqu'où l'ancien président est-il prêt à aller dans cette tentative de réconciliation ? Là est toute la question.
B.H