La COP 22 s’est achevée vendredi 18 novembre dernier sur des recommandations et directives. Brice Gérard Massessi, consultant en environnement les apprécie et fait des propositions pour susciter plus de ratifications.
La Nation : Le sommet de Marrakech a été pressenti comme sommet de l’action.
Brice Gérard MASSESSI : On peut le dire vu tous les engagements qui ont été pris par les chefs d’Etat, les gouvernements et les délégués rassemblés à Marrakech pour la 22e session de la conférence des Etats-parties sur les changements climatiques, une COP de transition consacrée à la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat adopté en décembre 2015. Il est aussi à noter que les règles d’application de l’accord y ont été définies afin que tout soit bouclé en 2018.
Quelles en ont été les grandes conclusions ?
Pour restituer quelques grandes lignes retenues suite aux informations sur les grandes conclusions de la COP 22, on peut retenir l’appel à l’engagement politique maximal de la communauté internationale contre le réchauffement climatique ; l’appel à accroitre de toute urgence l’ambition et à renforcer la coopération de la communauté internationale pour combler le fossé entre les émissions de gaz à effet de serre actuelles et ce qu’il faudrait faire pour limiter la hausse de la température moyenne sous les 2°Celsius afin de sauvegarder l’environnement pour les générations futures ; l’appel à une solidarité forte avec les pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques tout en soulignant la nécessité d’appuyer les efforts visant à améliorer leur capacité d’adaptation, à renforcer leur résilience et à réduire leur vulnérabilité ; l’appel de toutes les parties à renforcer et à soutenir les efforts pour éradiquer la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire et prendre des mesures rigoureuses pour faire face aux défis des changements climatiques dans le domaine de l’agriculture ;
L’appel à davantage d’action climatique et d’appui bien avant 2020, en prenant en compte les besoins spécifiques et les circonstances particulières des pays les moins avancés ainsi que ceux particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques ; l’appel à tous les acteurs non étatiques à se joindre à la communauté pour une action et une mobilisation immédiate et ambitieuse, s’appuyant sur leurs importantes réalisations, notant les multiples initiatives et le partenariat de Marrakech pour l’action climatique globale lancé à Marrakech.
Les fruits ont-ils tenu la promesse des fleurs ?
Je commence par répondre en vous disant que quoi qu’on dise, il y a eu un élan extraordinaire en matière de lutte contre les changements climatiques un peu partout dans le monde. Ce qui est déjà soulageant et j’ajoute qu’il a été annoncé à la COP22 que l’élan en faveur du combat contre le réchauffement climatique est irréversible et qu’il n’est pas alimenté seulement par les gouvernements mais par la science, les entreprises et les actions mondiales à tous les niveaux.
Qu’est-ce qui a été retenu en termes d’adaptation et de projets d’atténuation ?
Ce que je peux dire à ce propos est qu’il a été retenu des projets d’installation de pompes solaires dans l’agriculture qui devraient être mis en œuvre en 2017 et d’autres projets consistant à renforcer la contribution des acteurs de la société civile à la mise en œuvre de solutions novatrices d’accès aux énergies renouvelables. C’est-à-dire des technologies à faible émission de carbone. Nous avons également des projets visant le renforcement de la résilience des écosystèmes et des populations vulnérables aux changements climatiques et pour finir des projets visant à informer, sensibiliser, communiquer et mobiliser en faveur de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques.
Et le financement ?
Parlant de financement, 10 milliards de dollars promis en 2015 lors de la COP21 pour le développement des énergies renouvelables en Afrique devraient financer dès cette année les premiers projets. Aussi est-il à rappeler qu’un partenariat entre le Maroc, l’Allemagne et le cabinet de Conseil américain WRI a été lancé avec un fonds de 50 millions d’Euros et se propose d’aider les pays en développement à mettre en œuvre leur plan national d’action climatique. L’autre chose est que à la COP22, les pays développés parties, ont réaffirmé leur objectif de mobiliser 100 milliards de dollars et ont fait appel à une augmentation des financements, des flux et de leur accès, conjointement avec une amélioration de la capacité et de la technologie y compris des pays développés vers les pays en développement. Pour finir il est à noter que parallèlement, Etats et partenaires ont annoncé des initiatives multiples dans le domaine de la lutte contre le réchauffement climatique.
Combien d’Etats n’ont-ils pas encore ratifié l’accord de Paris ?
Je pense que sur les 180 Etats signataires, très peu ont ratifié l’accord de Paris sur le climat. Je n’ai pas le chiffre exact mais je crois que jusqu’à un passé récent, il n’y avait que 26 pays qui aient ratifié l’accord avec l’engagement de 34 pays à ratifier l’accord d’ici à la fin de l’année 2016. En effet, l’accord de Paris doit être ratifié par au moins 55 pays sur les 180 signataires et qui doivent totaliser 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais c’est déjà heureux de savoir que les deux plus grands pollueurs de la planète, à savoir la Chine avec 20% des émissions de gaz à effet de serre et les Etats-Unis pour 18% l’aient déjà fait. Nous espérons donc que beaucoup d’autres pays signataires leurs emboiteront le pas.
Que faire pour les inciter à le faire ?
D’abord, il faut que tous les Etats sachent et se convainquent de ce que le problème de réchauffement climatique est l’affaire de tous et non celui des Etats les plus exposés ou des Etats les plus responsables des émissions. Le moment est venu pour que nous nous mobilisions tous pour sauver notre planète. Apparemment, il y en a qui ont signé et qui ignorent qu’il faut ratifier. Il faut qu’ils sachent qu’ils doivent aller jusqu’au bout du processus et mettre véritablement en place les termes de l’accord. S’il le faut, faire comprendre par tous les moyens possibles à tous les Etats n’ayant pas encore ratifié le bien fondé de cet engagement qui reste un des plus grands défis de notre temps à relever pour un développement durable et un mieux-être des générations présentes et futures?
Propos recueillis par Didier Pascal DOGUE