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Opinion : L’administration menace-t-elle la démocratie au Bénin ?
Publié le mercredi 23 novembre 2016  |  Matin libre
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© aCotonou.com par DR
Ministere des affaires etrangeres




Même s’il parait opportun de se demander « qui domine l’appareil bureaucratique existant », on doit se l’avouer, les bureaucrates ont toujours remporté la lutte, à cause de leur maitrise de l’information, de leur expertise, et du rôle qu’ils jouent dans la permanence de l’accomplissement du devoir d’état.

La bureaucratie usurpe-t-elle le pouvoir légitime des élus ? Loin de menacer la démocratie, la bureaucratie est indispensable à cette dernière, entre les deux, tout est une question d’équilibre. S’il parait légitime après une élection de dire d’un camp qu’il a pris le pouvoir, ce n’est pas l’élection qui lui confère le pouvoir en tant que tel, mais le fait que le camp victorieux s’installe désormais à la tête de la machine bureaucratique.

Si en théorie, le pouvoir appartient au peuple et à ses élus, la réalité veut que ce soit la bureaucratie qui nous gouverne.

Cette réalité soulève alors la question de « qui bénéficie du vote des citoyens ? ». En démocratie représentative, cette question pose problème, parce que ceux-ci n’ont aucune légitimité (bureaucrates).

Mais oui, ils en ont une, ils ont une légitimité indirecte, qui vient de leur apparente subordination a ceux qui ont été légitimement élus.

Le problème est que, si la bureaucratie ne se soumet plus à l’autorité politique, a l’instar de ce commandant qui a décidé de mener une enquête dans un domaine que l’autorité politique a confié à une autre juridiction que la sienne, en cas d’erreur, c’est toute la légitimité de l’autorité politique qui s’effrite. On se souvient que cela a conduit l’autorité politique en chef à trouver des arguments pour justifier le fait qu’elle se soit ravisée. (Gros malaise camouflé n’est-ce pas ?)

A y voir de plus près, la bureaucratie ne menace pas la démocratie chez nous, puisque l’administration est inféodée au pouvoir politique, le mouvement ou parti qui gagne nettoie l’administration des partisans de l’ancien et installe ses affidés.
Le pouvoir politique contrôle l’administration publique, qui devient politisée de fait.

En conclusion, je dirai que ce n’est donc pas la bureaucratie qui menace la démocratie chez nous, mais plutôt la façon de comprendre la démocratie et de l’exploiter (manipulée) qui indiscipline la démocratie Béninoise.

L’administration publique doit dominer en vertu du savoir et non en vertu du pouvoir, il est important que l’administration ne soit pas une administration des gagnants, mais une administration au mérite.

Le but de la démocratisation du pays en 1990 était pour que le système démocratique permette d’altérer le système précèdent (dictature idéologique), force est de constater que ce dernier n’est que modelé. Le développement en démocratie, est une question de stabilité dans la mise en œuvre des politiques publiques.S’il intervient une alternance dans l’administration, comme a la tête de l’état (chaque cinq ans), aura-t-on besoin d’un clairvoyant pour prédire l’instabilité et l’éternel recommencement !!! A quand l’aboutissement ?

PS : Je n’ai pas voulu accuser nos dirigeants, comme à l’habitude de mes précédents, parce que je veux croire que n’importe qui accède à un pouvoir avec des règles qui ont des failles, est tentée d’exploiter ces failles. Ce n’est donc pas l’élu qu’il faut blâmer, mais resserrer les règles démocratiques, rendre l’administration plus mâture et neutre dans l’exercice de ses fonctions.

Je prescrirai ainsi, l’insertion dans le contrat de travail des fonctionnaires, une charte de neutralité qui vienne exiger à chaque bureaucrate les exigences de la neutralité dans l’exercice de la fonction républicaine.
Toutefois, Démocratie un jour, démocratie toujours. Nous y arriverons.
Et il commence à neiger, vive l’hiver en novembre.

J’ai dit…

Richard Boni Ouorou
Analyste politique
Montréal Canada
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