Le Patron des patrons serait-il condamné à prendre au Bénin la tête de l’opposition politique? Certaines décisions du gouvernement de Patrice Talon amènent bien des personnes à répondre par l’affirmative.
Entre Patrice Talon et Sébastien Ajavon, le divorce serait désormais consommé. Depuis la fin du mois d’octobre, il n’y a en effet plus de semaines où une décision de l’administration publique ne pénalise le président du patronat. La dernière en date est la correspondance du Directeur général des douanes et des droits indirects qui suspend jusqu’à nouvel ordre les activités du Terminal à conteneurs de la Société de courtage de transit et de consignation (Socotrac) dont Sébastien Ajavon est l’Administrateur général. Selon la même lettre, cette mesure a été prise suite aux conclusions contenues dans le procès-verbal relatif à la découverte de 18 kg de cocaïne dans un conteneur destiné à être transféré sur ledit Terminal. Si l’Etat dispose des prérogatives et a des raisons pouvant lui permettre de prendre une telle décision, parce que le Bénin est cité comme «une route secondaire» de transit de drogue en Afrique de l’Ouest, il n’en demeure pas moins que l’acte est radical. Il est jugé trop dur car il entrainera à coup sûr des pertes d’emplois dans un contexte socio-économique national déjà invivable. Sébastien Ajavon qui a pourtant contribué à l’élection de Patrice Talon pourrait bien considérer l’acte comme une volonté du gouvernement de détruire ses activités. Ou encore un énième acharnement contre sa personne. Et il n’aurait pas tout à fait tort. La deuxième grande fortune du Bénin (classement Forbes Afrique 2015) vit depuis quelques semaines des moments très agités. Vers la fin du mois d’octobre dernier, il a été accusé de « transport et de trafic illicite de drogue à hauts risques». Interpellé, il a passé 8 jours ininterrompus de garde à vue. Une vraie humiliation, a confié son entourage, puisque jugé en comparution immédiate le dernier jour de sa garde à vue, le tribunal a relaxé Sébastien Ajavon pour « insuffisance de preuves ». La culpabilité du Roi de la volaille n’a pu être établie. Et ce, alors que le commandant de la gendarmerie maritime qui a opéré la supposée saisie de «18 kg de cocaïne pure», l’avait presque présenté lors d’un point de presse comme «baron de la drogue» qu’il fallait neutraliser. Sébastien Ajavon continue de s’interroger sur les conditions de son interpellation et sur celles de la découverte de la drogue dans un conteneur en provenance de Brésil et destiné à Comon Sa, l’une de ses nombreuses sociétés. Dans l’interview accordée à nos confrères du Monde Afrique, il s’est en effet demandé : « Les Béninois savent que c’est une machination. Le premier responsable de l’enquête, un capitaine de gendarmerie, a bien précisé que c’est le directeur des services de renseignement qui lui a notifié qu’il y avait de la drogue dans un conteneur. Comment ont-ils su ?». « Tout ce que je demande, c’est que la justice fasse son travail et que les têtes tombent. Quand il y a des coups qui échouent, si on n’y est pas mêlé, on fait le ménage», ajoutera-t-il.
Ajavon engagé ?
Sébastien Ajavon ne s’explique encore la rocambolesque affaire que des "forces du mal" lui collent. A en croire ses déclarations, il est devenu un allié gênant. Ses proches collaborateurs parlent aussi de complot. Ils sont nombreux à juger excessive la mesure prise contreSocotrac. Pour eux, la coupe est pleine. Et le patron Sébastien Ajavon pourrait animer l’opposition puisqu’il en a les moyens. Tout prouve que l’ancien allié de Patrice Talon pourrait s’engager.L’Administrateur général de Cajaf-Comon Sa a été suffisamment clair dans la longue interview accordée à Monde Afrique.Pis,les deux grands ne se consultent plus. Tout semble désormais les opposer. De sources informées, Sébastien Ajavon organisera prochainement des tournées pour exprimer sa reconnaissance « au vaillant peuple » qui l’a soutenu lors de ses ennuis judiciaires. Ce serait peut-être l’occasion de lancer sa machine de guerre.
A.S