E-Télé , Eden Tv, Sikka Tv, la Béninoise TV , Évangélique TV, la Chrétienne Tv, Soleil Fm… sont désormais hors service. Ces chaines de télévision et de radio ont été suspendues selon la HAAC pour changement de site d’émission ou non autorisation.
Quatre médias sont concernés par les décisions de la HAAC, qui à chaque fois prévoit une cessation de la diffusion, une mise sous scellés et le recours à « toutes les dispositions nécessaires pour l’application effective de la décision ».
E-Télé, pour avoir « changé délibérément de site d’émission » et avoir « violé l’article 1 de la convention signée avec la HAAC », Soleil FM, pour les mêmes raisons, puis Sikka Télévision et Chrétienne TV parce que « les responsables ont violé les dispositions de l’article 35 de la loi organique n°92-021 du 21 août 1992 relative à la HAAC et celles des articles 3, 4, 9, 207 et 220 du Code de l’information et de la Communication ». Eden TV, la Béninoise TV et Évangélique TV sont également concernés.
Soleil FM et Sikka TV appartiennent au président du patronat Sébastien Ajavon La chaîne de télévision E-Télé est connue pour être proche de l’ancien président de la République Thomas Boni Yayi. Celle-ci a été fondée par Yaya Salami Adéoti, qui se trouve par ailleurs être à la tête de la société de travaux publics Adéoti Sarl. Eden TV appartient à l’homme d’affaires Samuel Dossou, dont l’épouse Claudine Prudencio, députée au Parlement, assure la gestion.
la Béninoise TV et Évangélique TV, la Chrétienne TV et Sikka TV seraient ciblées pour des questions d’autorisation d’émission
Pascal Todjinou commente…
« Nous sommes tombés plus bas que nous ne l’étions. Tous les médias qui ont été suspendus sont soit directement liés à l’homme d’affaires Sébastien Ajavon ou critiquent vertement l’action du gouvernement. C’est la seule raison », explique Pascal Todjinou, secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (CGTB).
Plusieurs autres réactions fusent de partout pour dénoncer cette décision de la HAAC. Nous donnons lecture de certaines d’entre elles
Amèdé MAHOUTONKPE
COMMUNIQUE CONJOINT UPMB/CNPA-BÉNIN
L’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB) et le Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA-Bénin) ont appris avec étonnement et désolation la fermeture sans une mesure préalable de « mise en demeure » comme le dispose pourtant l’article 46 de la loi organique sur la HAAC, des chaînes des télévision E-Télé, Sikka TV et Eden TV et de la radio Soleil FM les 28 et 29 novembre 2016 par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication pour des raisons de «délocalisation».
Les associations professionnelles des médias conscientes que force doit rester à la loi, condamnent avec vigueur cette mesure brutale, bancale et disproportionnelle digne des époques moyenâgeuses et qui n’est rien d’autre une volonté manifeste de nuire dangereusement à la liberté de presse pourtant garantie par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990.
L’UMPB et le CNPA-Bénin invitent la HAAC à revoir sa copie et à jouer le rôle de protecteur des organes de presse que lui confère la Constitution plutôt que de s’ériger en bourreau en prenant des décisions liberticides qui mettent au chômage des centaines de professionnels des médias.
Les associations des professionnels des médias invitent les acteurs de la presse à rester vigilants et mobilisés pour la sauvegarde de la liberté de presse chèrement acquise et à se tenir prêts pour des actions plus grandes devant décourager toutes velléités liberticides.
En tout cas, les associations professionnelles des médias conditionnent leurs participations aux assises de la 8ème Conférence des Instances de Régulation de Communication d’Afrique (CIRCAF) prévue pour se tenir les 6, 7 et 8 décembre à Cotonou, à la réouverture de ces organes fermés en violation des textes de la République.
Cotonou, le 29 novembre 2016
Le Président de l’UPMB
Franck KPOCHEME
Le Président du CNPA-BÉNIN
Basile TCHIBOZO
Communiqué de presse du Parti pour la Libération du Peuple
Le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) s’indigne contre les récentes mesures prises par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) relatives à la fermeture de plusieurs chaînes de télévision et de radio : Sikka Tv, Eden Tv, Soleil Fm, Etélé…
Outre l’impact dangereux de cette action sur le pluralisme des médias et la liberté de la presse au Bénin, le ciblage de ces organes est particulièrement préoccupant. Il va à l’encontre des principes démocratiques, notamment de la Constitution du 11 décembre 1990 et même de la Loi Organique de la HAAC.
En effet, l’article 46 de la Loi Organique de la HAAC stipule clairement : «En cas de violation des obligations prescrites par les lois et les règlements, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication met en demeure les titulaires d’autorisations pour l’exploitation d’un service de presse de communication audiovisuelle, de respecter les obligations qui leurs sont imposées». Et l’article 47 renchérit : «En cas d’inobservation de la mise en demeure rendue publique, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication peut prononcer à l’encontre du contrevenant, compte tenu de la gravité du manquement, une des sanctions suivantes :1- la suspension de l’autorisation ou d’une partie du programme pour un mois au plus; 2- la réduction de la durée de l’autorisation dans la limite d’une année; 3- le retrait de l’autorisation».
Le PLP constate avec regret que la HAAC a violé sa propre Loi Organique. Dans la décision unilatérale du Président de la HAAC suspendant les organes concernés, nulle part il n’est fait référence à l’étape de mise en demeure prévue par les textes. Mieux, la radio Soleil FM, depuis le 02 octobre 2014, a porté à la connaissance de la HAAC qu’elle a désormais de nouveaux studios à Cotonou. Toutefois, a-t-elle précisé dans sa correspondance, le signal est toujours envoyé depuis Djeffa. La HAAC en avait pris acte, puisque depuis 2014, aucune mesure n’avait été prise à l’encontre de Soleil FM.
La fermeture de ces chaînes de télévision et de radio constitue une menace grave pour la démocratie chèrement acquise au Bénin. Elle apparaît comme une réaction injustifiée visant à cibler explicitement les organes de presse dont l’indépendance vis-à-vis de l’action gouvernementale est avérée.
Le Bénin entre dans une ère où la prise de la parole est très difficile en raison des complots, intimidations, pressions et menaces de tous genres sur des responsables d’organes de presse et de leaders politiques.
L’attitude de la HAAC représente donc un véritable danger pour la survie des médias libres au Bénin.
A quelques mois de la célébration des 27 ans de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation, le PLP souligne que cette mesure est inacceptable et invite la HAAC à mettre fin à sa campagne de censure contre les médias privés qui osent accorder la parole à tous les courants d’expression du pays. La HAAC, institution constitutionnelle, doit respecter ses engagements de protéger et renforcer la liberté de la presse reconnue et garantie par l’Etat tel que prescrit par la Constitution.
Cette nouvelle provocation à l’endroit de tous les démocrates du Bénin et d’ailleurs a fait l’objet d’une vive préoccupation au PLP ce mardi 29 Novembre 2016 qui a transmis ses inquiétudes aux organisations internationales appropriées et à certaines Chancelleries.
Le PLP exprime tout son soutien aux responsables et à tous leurs employés ainsi qu’aux citoyens consommateurs desdits médias tout en les invitant à rester unis et mobilisés afin de sauver le Bénin et sa démocratie.
Le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) continuera le combat au nom du peuple béninois, dans le but d’empêcher les hyènes déguisées en adeptes vertueux de la démocratie, mais désormais à découvert, d’instaurer dans notre pays, la pensée unique et le culte de la dictature.
Fait à Cotonou, le 29 Novembre 2016
Le Secrétaire Général, porte-parole
Cécil Ahouélété ADJEVI