Depuis l’installation du régime en place, nous assistons impuissants à la détérioration du climat socio-économique à cause des décisions prises jusqu’ici. En peu de temps, nous avons eu droit aux affaires STTB, cocaïnes, retrait d’agrément à SOCOTRAC pour l’exploitation du terminal du Président AJAVON, SEGUB, sans oublier les marchés gré à gré, les mesures controversées de déguerpissement du domaine public, de suppression de parcs, etc. Sous le régime défunt, nous avons dénoncé ce mode de gouvernance. Mieux, dans le discours de Parakou, le Président lui-même reconnaissait que l’état du pays et l’atmosphère sociale et économique ne sont guère reluisants. En invitant le peuple à se serrer la ceinture, il admettait tacitement que son gouvernement en demandait déjà plus que les populations ne peuvent supporter. Tout cela n’a pas fini d’être digéré que la HAAC, sans aucun égard pour le climat qui prévaut actuellement, se permet de retirer à certains médias leur agrément. Avec la crise de confiance qui prévaut dans le pays, exacerbée par une crise sociale sanglante, cet acte de la HAAC, même s’il ne s’est pas fait sur instigation du gouvernement, donne l’impression que celui-ci veut manifestement fatiguer le peuple avec des futilités. Franchement, nous n’avons pas besoin de ça. La HAAC exerce sous le contrôle du gouvernement. Et c’est à ce dernier qu’incombe la responsabilité de la préservation de la paix et de la cohésion sociale. Il revient donc à l’exécutif de travailler dans ce sens au lieu de fatiguer le peuple avec des décisions et situations à polémique. Face à de telles prises de position, certains s’empressent de penser qu’on ne souhaite que l’échec du Président TALON, alors qu’il n’en est rien. Chacun doit, au demeurant, savoir que nous voulons œuvrer pour le progrès, mais avant tout pour un climat social apaisé, pour la sécurité et la préservation des droits de tous, fortement entamés ces dernières années. Après 10 ans de Yayisme, sur fond de rivalités et de divisions profondes du tissu socio-économique et politique, les Béninois ne veulent qu’un peu de quiétude et l’assurance que l’avenir sera meilleur. Le peuple désire vivre dans un pays d’égalité, sans persécutions inutiles. Dans la tête du Béninois, le plus faible est celui qu’on oppresse. Le Gouvernement et les institutions républicaines doivent donc éviter les actions qui ont goût de sanctions ciblées. Autrement ils seront toujours tenus pour responsables de tout ce qui arrivera. Les gouvernants sont appelés à prendre leurs responsabilités en rassurant les populations, car tout porte à croire qu’on crée des diversions et des artifices aux fins de magouiller sur le dos du contribuable. Si l’Exécutif veut la paix, il aura la paix. Mais s’il tient à fatiguer et embêter les gens, il se fera aussi embêter. La décision de la HAAC qui me rappelle au passage la mesure d’interdiction de manifestation à l’encontre des organisations estudiantines, on a un goût de piétinement des libertés d’expression et d’information, acquises à prix d’or et de sang. On ne peut bâillonner la presse dans ce pays. Cette tentative me fait craindre une suspension des réseaux sociaux. Mais si cela devait arriver ou encore si l’on tentait de s’en prendre à un activiste ou à tout autre leader d’opinion sur la toile, ce serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase. La fronde sociale serait alors insoutenable. Le Gouvernement est mis en garde. Quand on cultive des tensions, on ne récolte que des tensions.
DA