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Opérations de déguerpissement:Mission difficile pour le gouvernement
Publié le vendredi 2 decembre 2016  |  Actubenin
Opérations
© Autre presse par DR
Opérations de déguerpissement




Ça se confirme. Le gouvernement ne reculera pas avec son plan de déguerpissement des commerces situés sur les trottoirs et les emprises du domaine public. Au plus tard le 31 décembre, c’est-à-dire dans 30 jours, les terre-pleins centraux seront libérés, a confirmé le gouvernement en Conseil des ministres du mercredi 30 novembre 2016. Quant aux autres espaces, l’ultimatum fixé pour début janvier 2017, n’a pas changé.


L’échéance est proche, mais curieusement, les occupants ne se pressent pas. Ce qui risque de compliquer la mission du gouvernement. On finira à en arriver à la formule : ça passe ou ça casse, avec toutes ses conséquences.
Le gouvernement a prévu faire dérouler son projet de déguerpissement en deux phases. « La première phase consistera à libérer effectivement tous les trottoirs et terre-pleins centraux des principaux axes routiers dans les villes concernées, au 31 décembre 2016 au plus tard », annonce le Secrétaire général de la Présidence dans son point de presse à l’issue du Conseil des ministres d’hier mercredi 30 novembre 2016. Il poursuit : « la deuxième phase portera sur le reste du domaine public (trottoirs et terre-pleins centraux des autres axes urbains, espaces publics entre trottoirs et alignements des propriétés de toutes les voies primaires et secondaires urbains, tous les espaces publics naturels ». Le pouvoir central affiche ainsi sa détermination à mettre en place sa politique d’assainissement des grandes villes du pays où règnent le désordre et l’anarchie, avec comme objectif à terme de changer leur image de bidonville. A Cotonou, grande métropole où l’amer constat saute à l’œil, l’occupation anarchique des espaces publics sert à mener diverses activités génératrices de revenus, plus souvent au mépris de toutes sortes de règles. Des terre-pleins centraux sont utilisés pour la vente des véhicules d’occasion ou de l’essence de la contrebande, ou encore pour servir de parking aux usagers et personnels des sociétés, des offices et entreprises publics. De même, les trottoirs et alignements des propriétés sont occupés par des commerçants pour agrandir leurs magasins, boutiques, bars, bistrots, restaurants, cafés, ou encore pour installer leurs étalages de vente de divers articles. Les ateliers de coiffure, de couture, de soudure, de menuiserie, de réparateurs de téléphones portables et de radios-télés, sans oublier des kiosques de vente de journaux et autres sont aussi dans la ligne de mire. En somme, il s’agit d’un grand monde de citoyens menant diverses activités qui sera touché. Quand on va commencer par casser tous ceux-là, le pays va vivre à nouveau des moments d’agitation et de mouvements spontanés pour protester contre ces opérations. Pour le moment, les occupants espèrent qu’ils bénéficieront d’un délai de grâce de la part du gouvernement, afin que l’ultimatum fixé au 31 décembre soit repoussé au-delà de la période des fêtes de fin d’année.

Des indices probants de résistance

Or, au regard de la détermination qu’affichent les autorités centrales, de même qu’au regard des manœuvres du préfet du Littoral, Modeste Toboula, les lamentations et plaintes des commerçants n’infléchiront point leur position. Le gouvernement croit avoir suffisamment sensibilisé, mais cela n’est pas visible sur le terrain, car personne ne bouge encore. Malgré la fin de l’opération de marquage qui a consisté à badigeonner d’une croix rouge ou verte les installations se trouvant sur des domaines publics, les potentiels sinistrés ne se pressent guère à libérer les lieux. C’est la preuve que la communication dont parle le gouvernement n’est pas accessible et qu’il va falloir y associer d’autres moyens pour convaincre les occupants à libérer eux-mêmes les espaces. Par exemple, il faut des descentes régulières sur le terrain des autorités à divers niveaux accompagnées des forces de l’ordre pour faire passer le message. Il faut y associer les élus locaux, qui en partie sont complices de ces occupations. Mais avant tout ceci, et d’ailleurs le plus urgent, c’est d’indiquer les nouveaux sites pour reloger les intéressés. C’est une question primordiale à régler pour atténuer la colère et au mieux, étouffer d’éventuelles manifestations de colère. Ce que le chef de l’Etat et son gouvernement doivent savoir, c’est que cette tâche ne sera pas facile, surtout que la période choisie, aux yeux de nombreux observateurs n’est pas propice. Dans un contexte où le désenchantement grandit dans certains cœurs, cette opération risque de faire monter la tension dans les villes et particulièrement à Cotonou, capitale économique et vitrine du pays. A partir de ce moment, il revient au gouvernement de prendre des mesures appropriées pour éviter au pays des situations compliquées. D’accord pour mettre fin aux perturbations causées aux usagers de la route, aux piétons, aux riverains, aux habitudes frisant l’anarchie, aux pratiques à l’origine de nombreux accidents, mais non à un déguerpissement sans conscience. Le mal est que ce sont les autorités centrales comme locales qui ont laissé ce désordre s’installer dans le temps et l’espace.

FN
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