Le président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), Adam Boni Tessi se prononce à propos des réactions relatives à ses décisions d’interdiction de diffusion de certains médias au Bénin. De ses explications hier sur Rfi, il ressort que la Haute autorité est dans son rôle et ne cherche qu’à assainir l’univers des médias : « Notre souci c’est de les amener à respecter les textes… ce n’est pas le droit français qui s’applique au Bénin. Le Bénin aussi a ses textes. C’est tout ». Sur l’éventualité d’une « main politique » dans ces fermetures, Adam Boni Tessi assure : « Il n’y a aucune main invisible. Il faut qu’ils viennent : on va faire les formalités et ils auront l’autorisation expresse ». Il faut rappeler que les organes de communication suivants ont été fermés. Il s’agit de Eden TV, de E-Télé, Sikka Tv, Unafrica TV, La Béninoise TV, La Chrétienne TV, la société Ideal production et de Soleil Fm. il faut noter que les mêmes raisons ne fondent pas les interdictions affligées par l’instance de régulation des médias. Cependant, cette mesure n’a pas été approuvée par les responsables des organes qui estiment qu’il s’agit purement et simplement d’un acharnement. Pour nombre de citoyens, « c’est une décision bien politique » contre les opérateurs économiques, promoteurs de médias. Pour leur part, les organisations faitières de la presse et les confédérations syndicales n’entendent pas avaler ce qu’elles appellent une pilule du régime Talon. Elles ont annoncé une série d’actions de défense qui démarreront dans les tous prochains jours.
Emmanuel GBETO
COMMUNIQUE CONJOINT
L’UPMB et le CNPA-Bénin interpellent les journalistes sur la couverture de la 8è CIRCAF
Cotonou, la capitale économique du Bénin abrite du 6 au 8 décembre 2016, la 8è Conférence des Instances de Régulation de Communication d’Afrique (CIRCAF). Cette conférence est le plus grand organe de décision du Réseau des instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC) dont le siège est au Bénin. La rencontre de Cotonou qui regroupera, la semaine prochaine, les responsables des instances de régulation africaines, est placée sous le thème : « Régulation des supports de diffusion et médias en ligne : opportunités et défis »
Malheureusement, cette importante assise se tient à un moment critique fait de mis sous scellés, unilatéralement par le Président de la HAAC, de 7 organes de presse dont des chaines de télévision émettant exclusivement en ligne. Ces mesures dites « conservatoires » prises par Adam Boni Tessi, Président de la HAAC, par ailleurs Secrétaire Exécutif du RIARC et qui peignent en noir le Bénin, réputé comme un des meilleurs élèves sur le continent africain, en matière de liberté de presse, ce qui lui a valu d’abriter le siège du RIARC, sont prises en violation de l’article 142 de la Constitution du 11 décembre 1990 qui dispose : « La HAAC a pour mission de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse, ainsi que de tous les moyens de communication de masse dans le respect de la loi ». Et justement, parlant de loi, l’article 46 de la loi organique sur la HAAC impose à la HAAC, avant toute sanction, en cas de violation du contenu du cahier des charges par les titulaires d’autorisation, une mise en demeure ; puis une mise en demeure rendue publique, en cas de récidive.
En outre, l’article 243 de la loi n° 2015-07 portant code de l’information et de la communication en République du Bénin prévoit la suspension d’une télévision privée après « deux rappels à l’ordre ».
Il est important de rappeler que dans le cas d’espèce, aucune des chaines mises sous scellées n’a eu de la part de la HAAC ni un rappel à l’ordre, encore moins une mise en demeure.
Sur l’ordre du Président de la HAAC, les journalistes de 7 organes de presse ont été sommés, manu militari, de vider leurs rédactions sans préavis, pour que l’huissier puisse mettre les scellés sur les portes.
Tirant les conséquences de ces décisions liberticides dont le Président Adam Boni Tessi est désormais coutumier, l’Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB) et le Conseil National du Patronat de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA-Bénin), par ce communiqué, tiennent à interpeller la conscience des professionnels des médias sur l’opportunité de la couverture par eux des assises de la 8è Conférence des Instances de Régulation de Communication d’Afrique qui s’ouvre le mardi 6 décembre à « Bénin Marina Hôtel ». En tout cas, plus que la défense des intérêts de toute une corporation, il s’agit bien d’une question touchant à la dignité même du journaliste béninois.
Les associations professionnelles des médias invitent tous les professionnels des médias tant du service public que du secteur privé à se tenir prêts pour tous mots d’ordre devant aider à un rétablissement avant le 6 décembre 2016 des organes de presse mis sous scellés en violation des lois de la République.
Ensemble, disons non au Président de la HAAC qui veut assassiner la liberté de presse au Bénin !
Cotonou, le 30 novembre 2016
Le Président de l’UPMB Le Président du CNPA-BENIN
Franck KPOCHEME Basile TCHIBOZO