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Bilinguisme français-anglais au cours primaire : Des établissements scolaires en pleine révolution
Publié le vendredi 2 decembre 2016  |  Fraternité
Ecoliers
© aCotonou.com par Matin Libre
Ecoliers beninois




Depuis quelques années, certains établissements scolaires initient les apprenants à l’anglais dès la maternelle. L’objectif est d’amener ceux-ci à s’approprier la langue, vu son importance et les opportunités qu’elle offre aujourd’hui dans le monde. Mais, il se remarque que seules les écoles privées optent pour l’heure pour cet apprentissage.
L’anglais, langue la plus parlée dans le monde, imprime aussi sa marque au Bénin. Mardi 22 novembre 2016. Il est 8h 06 mn. Nous sommes dans un complexe scolaire situé non loin de l’église St Antoine de Padoue dans la commune d’Abomey-Calavi. Dame Christiane, sac en main, dans une robe en pagne qui descend à ses genoux, entre dans une classe mitoyenne à la direction. A l’intérieur, les écoliers se lèvent et saluent leur maîtresse : « Good morning teacher !!! ». A Christiane de répondre : « Good morning class ! How are you doing ?....... ». Après les salutations d’usage, l’on pourrait en déduire un cours d’anglais en perspective.
Comme dans ce complexe scolaire, beaucoup d’établissements privés ont fait l’option de l’enseignement de la langue anglaise depuis la maternelle. Désormais conscients des avantages et opportunités de la langue aux plans administratif, économique et social, ces établissements n’entendent plus laisser passer la moindre occasion. Elisabeth Akpovi, Directrice des études du Centre d’éveil, de formation et d’animation (Cefa) d’Abomey-Calavi explique les raisons du choix d’enseigner l’anglais au Cours primaire dans leur école. « Le Fondé du Cefa a greffé l’anglais aux cours officiels de la maternelle au Cm2 parce qu’il a une vision d’intégration de ses enfants. Nous sommes dans un système international. Ces cours permettent aux apprenants de mieux s’adapter à l’anglais. Au cours secondaire, ils n’auront plus de difficulté à affronter l’anglais. En plus, s’ils décident après leur cursus au secondaire d’aller continuer les études dans un pays anglophone, ils vont vite s’intégrer. Nous suivons un processus adéquat. L’enseignante chargée du cours d’anglais a fait ses études dans un pays anglophone. A part les supports proposés par l’établissement, les parents d’élèves aussi conseillent quelques documents », confie-t-elle. A l’en croire, l’option d’initier les enfants à l’anglais dès la maternelle vise à les amener à entrer en contact avec la langue afin de se l’approprier et de l’utiliser à des fins utiles. Le processus adopté relève de la compétence des autorités des écoles. Les parents d’élèves, pour leur part, apprécient l’initiative. « J’ai inscrit mon fils dans une école où l’anglais s’enseigne au cours primaire. Aujourd’hui, je me réjouis de son niveau en anglais comparativement à ses aînés », dit Assiba Oké, parent d’élève.

Les écoles publiques encore à la traine
Seules les écoles privées donnent les cours d’anglais dès la maternelle. Aucun programme d’anglais n’est appliqué dans l’enseignement public au primaire. Pourtant, l’introduction de l’anglais dans le programme au primaire a maintes fois été proposée dans les projets de société. Par ailleurs, il faut également préciser qu’avoir des compétences linguistiques en anglais est désormais une exigence pour tout étudiant voulant s’inscrire en master au Bénin. Privilégier l’anglais dans le programme ne serait pas une action vaine pour l’école béninoise. C’est ce que pense Sonia Gnonhoué, Directrice de l’Ecole Primaire Publique Ménontin sud, groupe A. « L’anglais n’est pas au programme dans les écoles publiques. On a un programme qu’on suit. Il y a trop de problèmes dans nos écoles. Je n’ai personnellement jamais pensé à ça. Commencer l’enseignement de l’anglais à la base est une bonne chose. Ça permet le développement personnel. Hors de nos frontières, le plus souvent, la langue de communication, c’est l’anglais. Enseigner l’anglais au cours primaire serait un atout pour les enfants », suggère-t-elle. Par ailleurs, elle préconise qu’il faut également penser à l’enseignement des langues maternelles à l’école. « Enseigner nos langues maternelles serait la meilleure des choses », ajoute-t-elle.

La paire Anglais-langues maternelles !
S’il y a possibilité d’enseigner l’Anglais à l’école, c’est qu’il y a également de la place pour les langues maternelles. Le 02 novembre 2007, le président Boni Yayi a créé le Ministère de l’Alphabétisation et de la promotion des langues nationales par le biais duquel la Mission d’introduction des langues nationales dans le système éducatif formel (Milnasef) a été mise en place. Sa mission était la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de la politique générale de l’Etat en matière d’alphabétisation, de promotion des langues nationales, de leur introduction effective, pratique et réaliste dans les systèmes éducatifs formel et non formel conformément aux lois et règlements en vigueur en République du Bénin. Suite aux ateliers organisés pour mettre en place un processus afin d’introduire les langues nationales à l’école et lancer une phase d’expérimentation dans quelques écoles, plus aucune nouvelle des langues nationales à l’école jusqu’à présent. D’après le constat de la directrice Gnonhoué, « les parents se disent qu’à l’école c’est la langue française qui est parlée, du coup ils ne parlent que le français aux enfants. Cela fait qu’ils sont dénaturés dès le bas âge. Pour parler la langue d’autrui, il faut commencer par sa propre langue ». Mais les différentes structures créées pour effectuer des recherches en linguistique continuent de fonctionner. C’est le cas du Département des Sciences du Langage et de la Communication (Dslc) qui poursuit ses actions à travers la formation des étudiants ainsi que la description et la proposition des canevas pour la réussite de ce projet. La volonté continue ainsi de germer. C’est l’explication que donne Abraham Olou, Enseignant en description des langues nationales au Dslc. « Les volontaires ne manquent pas pour l’enseignement des langues nationales, mais c’est l’accompagnement qui manque. Il faut aussi confectionner des outils didactiques en la matière. Cela nécessite des financements. C’est l’Etat qui doit mobiliser les sous pour aider à la confection des outils. L’Etat ne le faisant, pas cela ne peut pas prendre son envol. Nous souhaitons vivement que le nouveau régime en tienne compte pour qu’on puisse développer ce projet louable », a-t-il dit.
Ida Yabo KOSSOU (Stag)
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