Les administrateurs civils du Bénin sont en colère. Réunis au sein de leur collectif dénommée Association Nationale des Administrateurs Civils du Benin (ANACIB), ils ont exprimé leur désarroi. Le communiqué issu de leur dernière assemblée générale fait constater l’injustice orchestrée dans la nomination des cadres dans des administrations décentralisées. Avec amertume, ils ont déploré et dénoncé la poursuite de la violation des profils légaux, pourtant clairement définis par les lois et règlements, dans le cadre des nominations au sein du dispositif de l’administration territoriale. Cependant, l’ANACIB n’a pas manqué de saluer l’attention positive que le gouvernement actuel accorde à leurs propositions de redressement de l’administration territoriale. Par la même occasion, les participants ont rendu un hommage mérité à l’équipe de direction de l’ENAM et à tous les enseignants pour leur professionnalisme et la qualité incontestable de la formation dispensée. Le collectif entend revenu sur le cas des secrétaires généraux des préfectures, récemment nommées.
ASSOCIATION NATIONALE DES ADMINISTRATEURS CIVILS DU BENIN (ANACIB)
COMMUNIQUE DE PRESSE
Le Bureau Exécutif de l’Association Nationale des Administrateurs Civils du Bénin (ANACIB)
a organisé, le samedi 03 décembre 2016, à Cotonou, à l’hôtel « Le Cyclope », une rencontre
avec des jeunes Administrateurs Civils en activité.
Au nombre des points inscrits à l’ordre du jour de cette rencontre figurent :
L’examen des critères de nominations du dispositif de l’administration préfectorale ;
Le point des rencontres avec certains membres du Gouvernement et des
correspondances à eux adressées sur le sujet;
La révision, dans le sens de leur élargissement, des méthodes de défense et de protection
des intérêts des membres de l’association;
La tenue imminente de l’Assemblée Générale de l’association.
Le communique ci-dessous fait la synthèse des débats et des résolutions prises à l’issue de la
rencontre.
Les participants à la présente réunion de concertation remercient le Chef de l’Etat pour
l’attention positive qu’il a récemment marquée à leurs propositions de redressement de
l’administration territoriale.
Ils constatent cependant avec amertume, déplorent et dénoncent la continuation de la violation
des profils légaux, pourtant clairement définis par les lois et règlements, dans le cadre des
nominations au sein du dispositif de l’administration territoriale.
A cet égard, ils rappellent, une fois encore, les dispositions de l’article 9, alinéa 2, de la loi
n° 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l’administration territoriale de la
République du Bénin, dispositions selon lesquelles « les Préfets sont nommés parmi les
Administrateurs Civils catégorie A échelle 1 en activité ». Ils reconnaissent et acceptent en
outre que, conformément à ces dispositions, l’application du tour extérieur prévue dans ce cadre
soient rigoureusement respectée et que, en conséquence, certains Préfets puissent être
« nommés en dehors du corps des Administrateurs Civils Al, parmi les cadres de qualification
équivalente, dans une proportion ne dépassant pas le cinquième (115) de l’effectif total », soit,
pour les 12 préfectures: dix (10) Administrateurs Civils Al en activité (tour normal) et deux
(2) cadres de qualification équivalente (tour extérieur). Or, dans le dispositif actuel, il est
dénombré sept (07) Administrateurs Civils A1 (tour normal) et cinq (5) cadres de qualification
équivalente (tour extérieur).
Les participants à la rencontre signalent en outre que les mêmes pratiques illégales viennent
d’être relevées au sein du personnel nouvellement nommé aux fonctions de Secrétaires
Généraux des Préfectures, en violation de l’article 15 de la même loi ainsi que de l’article 3,
alinéa 1 du décret n°2002-376 du 22 août 2002 portant organisation et fonctionnement de
l’administration départementale.
En tout état de cause, les participants à la réunion s’inquiètent du retour pernicieux des vieux
démons de la politique dans le déploiement du dispositif humain de gestion du territoire, retour
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qui a fait, jusqu’à une date récente, le lit de l’exclusion politique généralisée ainsi que de la
honteuse incompétence, bavarde et mesquine, arrogante et têtue, gourmande et insatiable, mise
à nu au cours de sa campagne électorale, par le Président TALON.
Du reste, les Administrateurs Civils sont soumis à un cursus précis et contraignant qui se
récapitule ainsi qu’il suit:
Une formation de cinq ans après le baccalauréat ou de deux ans après l’université;
Un concours d’entrée obligatoire;
Une filière aux matières, diversifiées et complexes, dans les domaines de
l’Administration Générale et Territoriale ou de l’Administration Communale;
Des évaluations périodiques dont les résultats cumulés conditionnent le passage au
niveau supérieur ;
Des stages périodiques dans l’administration publique ;
La préparation et la soutenance d’un mémoire devant un aréopage de professeurs
émérites, intraitables sur la maîtrise des apprentissages de base avérés ;
Des notes cumulées de sortie égales 0 supérieures à 12 ;
Le succès à un concours direct de la fonction publique ;
Un stage probatoire d’un an sanctionné par un rapport soumis aux supérieurs
hiérarchiques directs et sur lequel ces derniers donnent leurs appréciations ;
Une titularisation dans le corps.
Les participants profitent de l’occasion pour rendre un hommage mérité à l’équipe de direction
de l’ENAM et à tous les enseignants pour leur professionnalisme et la qualité incontestable de
la formation dispensée.
Par ailleurs, les profils cités ci-dessus se doublent, pour les nominations aux postes éligibles,
de la pertinence des différentes fonctions préalablement assumées par le postulant.
Il résulte de ces exigences incontournables que, dans tous les cas de figure, il devrait exister, au
niveau du Ministère en charge de la décentralisation, notamment à la Direction responsable de
la gestion des ressources humaines, une liste d’aptitude dans laquelle il faut puiser au lieu de
l’appel à candidature lancé à tout venant au sein des chapelles politiques et autres cercles
circonstanciels, comme cela a été relevé en prélude aux récentes nominations.
Toute liste d’aptitude est appuyée de dossiers individuels détaillés et probants: curricula vitae,
diplômes obtenus et leur conformité avec le poste éligible, attestations de services prouvant la
concordance entre les fonctions précédemment assumées et celles offertes, enquête de moralité,
etc.
Si une telle liste existe, il n’est pas sûr qu’elle ait été exploitée à bon escient à voir les
irrégularités manifestes relevées : dans ce cas, les nominations concernées n’ont pas été
transparentes. Si, au contraire, elle n’existe pas, on aurait dû la mettre en place en vue d’inscrire
lesdites nominations dans une transparence indiscutable.
A cet effet, le Bureau Exécutif de l’ANACIB rassure les Administrateurs Civils en activité, la
plupart laissés pour compte et dont les frustrations et le désespoir sont bien perceptibles, de ce
qu’il suit de très près l’ensemble de la situation. Tous ceux qui, parmi eux, répondent aux
critères énumérés ci-dessus sont invités à se mettre en contact avec le Bureau Exécutif aux
numéros: 95 81 54 82 ou 66 8573 87.
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Les participants à la rencontre lancent un vibrant appel à tous les membres de l’Association et
à tous ceux qui sont détenteurs du diplôme de sortie de la Filière AGT du cycle 2 de l’ENAM
afin qu’ils se mobilisent autour du Bureau Exécutif pour la défense de leurs intérêts ainsi que
pour l’organisation et le succès de la prochaine Assemblée Générale de l’Association.
Les membres de l’association s’honorent également de l’héritage incomparable de compétence,
de noblesse, de persévérance, de loyauté, d’esprit de dialogue et de persuasion ainsi que de
courage et de détermination légué par leurs aînés.
C’est dans cette logique que s’inscrivent les diverses correspondances adressées tout
récemment au Chef de l’Etat et à certains de ses collaborateurs directs au sujet des nominations
des Secrétaires Généraux des Préfectures.
Nous reviendrons incessamment sur les nominations des Secrétaires Généraux des Préfectures.
Pour l’instant, nous recommandons à la haute attention du Président de la République de
s’attacher à faire procéder à un examen minutieux et dépolitisé des propositions en instance
pour les nominations des trente-six (36) Chargés de Mission, en conformité avec les articles 3,
alinéa 2, et 63, alinéa 1, du décret cité ci-dessus.
Forts de nos droits, nous avons tous décidé de ne pas reculer devant autant d’abandons et
d’humiliations.
Cotonou, le 03 décembre 2016
Copie à
Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement
Monsieur le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République
Monsieur le Ministre de la Dé centralisation et de la Gouvernance Locale
Monsieur le Secrétaire Général du Gouvernement.