« Troubles du comportement chez les enfants de 6 à 12 ans : pratiques de diagnostic et accompagnement psychologique dans les écoles primaires au Sud du Bénin ». Ce sont les résultats des travaux de recherches qui ont fait de Bernardin Médéhouègnon Dossa, nouveau Docteur de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) en Psychologie, au Département de Psychologie et des sciences de l’Education (Dpse) dans la spécialité Psychopathologie et Psychologie Clinique. Le verdict a été prononcé au terme de la présentation des travaux qui se sont déroulés le lundi 13 décembre 2016 à l’Ecole doctorale pluridisciplinaire de la Faculté des Lettres, arts et sciences humaines (Flash) de l’Uac. Devant un jury international, le candidat a justifié le choix de son sujet. A l’en croire, il résulte d’un constat sur le système éducatif béninois, selon lequel les enfants sont acceptés et intégrés dans les classes sans aucune forme de mesure permettant de détecter ou de signaler la moindre difficulté psychique, comportementale d’apprentissage ou relationnelle chez eux. Aussi, poursuit-il, il n’existe pas dans la plupart de ces écoles, une organisation ou des spécialistes capables d’apprécier et de situer dans leurs contextes réels, les différents comportements-problèmes dont les troubles du comportement chez les apprenants. Le candidat déduit que ces troubles qui relèvent des difficultés d’adaptation ou de croissance-maturation, peuvent parfois être révélateurs de souffrances psychiques chez ces derniers, bien au-delà du sens premier qu’ils pourraient revêtir. C’est dans cette optique qu’il a dit avoir orienté ses recherches sur le sujet, objet de cette thèse. Selon ses explications, le travail qui a duré 3 ans, s’inscrit dans le prolongement de travaux antérieurs en raison de la nécessité d’une analyse plus complète sur la genèse des problèmes de comportement chez les élèves dans le milieu scolaire béninois. « En effet, des enseignants sont parfois amenés à prendre en compte les troubles du comportement de leurs apprenants, garantissant à la fois leur bien-être intellectuel et psychique » , a indiqué l’impétrant , pour montrer que son travail s’est également intéressé à la manière dont ces enseignants identifient, prennent en compte ces troubles du comportement et opèrent en cas de nécessité.
Des approches de solutions du candidat
La partie pratique du travail relève que les données empiriques dans ce cadre ont été collectées par questionnaire auprès de 324 enseignants et respectivement par entretien et observation auprès de 13 et de 25 enseignants. Au terme de l’analyse, plus de la moitié des interlocuteurs perçoivent les troubles du comportement comme des agissements qui bafouent l’autorité du maître. Ils ont des difficultés, pour les uns, et de l’incapacité, pour les autres, à distinguer les troubles du comportement des difficultés passagères de caractère chez leurs apprenants. Ils ne font recours, dans certains cas, aux spécialistes, en accord avec les parents d’élèves, qu’en cas de complication. Ceci pose, en amont un problème du contenu des curricula dans les écoles de formation d’instituteurs, mais également la nécessité du déploiement de psychologues et de spécialistes en Sciences de l’Éducation dans toutes les écoles primaires du Bénin. Par ailleurs, le candidat a, au terme de son travail et au regard des résultats, poursuivi le travail par une perspective d’amélioration de la gestion des problèmes de comportement chez les élèves. Il estime nécessaire selon lui, de réaliser des études longitudinales plus approfondies afin de dégager les conséquences réelles des actions et des ratés dans ce sous-secteur vital de l’Éducation au Bénin en lien avec les divers types de perturbations comportementales chez les Béninois en général. Mais avant d’y arriver, il souhaite que dans l’immédiat, une attention plus importante soit accordée à la formation et au renforcement de la capacité des enseignants sur les questions liées aux comportements des apprenants. En outre, il propose que des programmes de formation continue (pour les enseignants en activité), soient mis en œuvre en complicité avec des personnes spécialistes des questions de l’enfance. Un travail tenant compte de la dimension sociale va permettre de définir des pistes d’interventions plus contextualisées », ajoute -t-il. Quant aux programmes de formation en exécution dans les Écoles Normales d’Instituteurs, le candidat pense qu’il urge de les étoffer tout en y intégrant et en les renforçant de notions de psychopathologie, de psychologies de l’enfant et de critères élaborés à partir d’éléments relevant de la dimension sociale du comportement des apprenants. L’objectif sera de faire la part entre le tolérable ou non, en terme de comportement, ce qui relève du normal et du pathologique, ceci, à cause surtout de la double dimension que représente l’école au sujet de la question de comportement. A la fin de l’exposé du candidat et des clarifications qu’il a pu apporter, le jury a fait observer que le travail a été original et bien élaboré. Par conséquent, l’impétrant peut intégrer le cercle restreint des docteurs en psychologie à l’Uac. Le jury a été présidé par le Professeur Titulaire de l’Uac, Gualbert René Ahyi. Elaborée sous la direction du Professeur titulaire, Gabriel Coovi Boko et le Professeur Emilie Fiossi Kpadonou, Maitre de Conférences Agrégée de l’Uac, comme co-directeur, la thèse a été examinée par le Professeur Marielle Bruyninckx, Professeur Ordinaire de l’Université de Mons en Belgique et le Professeur Koffiwai Yanakou GBATI, Professeur Titulaire, Université de Lomé, Togo.
Emmanuel GBETO